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Minari (2021) Lee Isaac Chung

Minari (2021) Lee Isaac Chung

Publié le 26 juin 2021 Mis à jour le 26 juin 2021 Culture
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Minari (2021) Lee Isaac Chung

Le rêve americain 

On comprend assez vite en visionnant Minari que c’est une histoire en grande partie autobiographique. Lee Isaac Chung est né à la fin des années 1970 dans le Colorado, et a passé la majeure partie de son enfance dans une ferme de l’Arkansas. Ses parents ont quitté la Corée du Sud pour vivre aux États-Unis, et de nombreuses anecdotes que l’on retrouve dans le film sont tirées de son histoire personnelle ou bien de celle de sa fille, qui a l’âge du plus jeune protagoniste. Ses parents ont trié des poules pondeuses dans des couvoirs, sa grand-mère, quand elle les a rejoints, a cultivé du cresson. Les collaborateurs qu’il a choisi sont souvent issus de l’immigration, certains ont vécu dans des caravanes comme lui. Après ses études, Chung a réalisé un long-métrage sélectionné à le section Un certain regard du Festival de Cannes, et dix ans plus tard est revenu sur son enfance dans Minari, primé au festival de Sundance avant d’être nommé aux Oscars dans deux catégories.

Arrivant dans un champ où est garée une caravane, Monica apprend avec surprise que c’est la maison que son mari, Jaob, a choisi, pour leur installation. Ils viennent de déménager de Californie avec leur deux enfants, Anne et David. Monica veille à ce que ce dernier ne court pas trop, du fait de son souffle au cœur. Jacob a de grands projets, comptant cultiver la terre qu’ils ont acquis tout en travaillant pour des éleveurs de poulets. Ils sélectionnent les animaux, séparant les mâles des femelles, et y sont accueillis par quelques coéquipiers membres de leur communauté. Un soir, la pluie se met à tomber lourdement, et les informations télévisuelles conseillent aux habitants de se protéger. Jacob, après avoir envisagé de bouger son véhicule, est rassuré par le fait que les journalistes n’évoquent qu’un risque de tornade. Monica, quant à elle, voit les chose d’un plus mauvais œil, et commence à se demander sérieusement s’il n’aurait pas mieux fallu emménager en ville.

La trame de Minari est simple, et l’histoire qui nous est présentée nous a été maintes fois racontée. C’est une fois de plus le mythe des nouveaux arrivants dans une Amérique supposément multiculturelle, et où tout est possible pour un cœur vaillant. Lee Isaac Chung évoque ainsi plusieurs fois le fait que le personnage principal, Jacob, armé de son courage, a le rêve de tout reconstruire afin de subvenir au mieux à sa famille. La terre qu’il souhaite exploiter est la meilleure que l’on puisse trouver aux États-Unis, et il croit solidement à ce rêve américain tellement vendu. Le fait que le film se déroule en plein milieu des années 1980 ajoute à cette idéologie de ce self made man, dont le futur est plein de potentialités. Or, dans les faits, ce qui nous est montré contredit sans cesse ce récit, pur produit de l’imagination de Jacob. Déconvenue après déconvenue, il va devoir se coltiner avec la réalité.

En l’occurrence, c’est l’épouse de ce dernier, qui va endosser ce rôle, que Jacob va considérer castrateur. Il faut dire qu’il a embarqué sa famille dans cette aventure sans demander son avis à personne, et surtout pas à elle. L’équilibre entre les deux personnages est assez bien mis en scène, nous suivons tour à tour les états d’âme de l’une et de l’un. Les trois autres membres de la famille ont d’ailleurs droit à tout autant d’attention, avec un traitement peut-être un peu plus développé pour le cadet, dont on sent que Lee Isaac Chung le considère comme l’alter ego de l’enfant qu’il était. Personnage tout aussi important dans Minari, la nature est considérée à la fois comme un danger duquel on doit se prémunir, et comme un allié potentiel, qui, peut apporter la fortune si on sait l’exploiter. La thématique de la symbiose avec les éléments est ici aussi mise en avant de façon harmonieuse, les images mis en valeur par le directeur de la photographie étant judicieusement intégrés à l’histoire.

La singularité de Minari est de mettre en scène des descendants de cette communauté coréenne venue s’installer aux États-Unis. Et Lee Isaac Chung d’apporter cet élément par touches, au travers par exemple de ces victuailles offertes par la grand-mère, qui fait monter des larmes aux yeux de sa fille. La nourriture agit en outre et de façon pertinente comme une mise en forme de ce statut de migrant qui par ailleurs n’est jamais mis en question. On comprend ainsi par une allusion lors d’un dîner avec ce personnage haut en couleur incarné par Will Patton que Monica et Jason vivent en reclus. La volonté farouche du protagoniste de vouloir cultiver des produits coréens dans cette terre adoptive peut d’ailleurs être vue comme une métaphore de son parcours de migrant, tout comme cette plante importée du pays natal de la grand-mère, qui prolifère et ne s’épanouit qu’au bout d’un an. Le message est classique, mais plutôt joliment transmis.

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