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Les héros ne meurent jamais (2020) Aude Léa Rapin

Les héros ne meurent jamais (2020) Aude Léa Rapin

Publié le 30 sept. 2020 Mis à jour le 30 sept. 2020 Culture
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Les héros ne meurent jamais (2020) Aude Léa Rapin

Les fantômes de Srebrenica

Jusqu’à Les héros ne meurent jamais, Aude Léa Rapin n’avait réalisé que des court-métrages. Son premier lui avait été inspiré par une femme qu’elle avait rencontré à Srebrenica. Il faut dire que la jeune réalisatrice, autodidacte, a passé dix ans de sa vie dans les Balkans. Dès sa majorité, elle a tout quitté pour découvrir cette région qu’elle ne connaissait que par l’intermédiaire des images télévisuelles que nous renvoyaient les journaux télévisés durant les guerres de Yougoslavie. Elle y rencontre Francis Bueb, un ancien éditeur qui s’est pris de passion pour Sarajevo et y a construit le Centre André-Malraux. Il lui présente Jean-Luc Godard et sa vocation de cinéaste commence à germer. Elle se lance dans deux courts documentaires puis fait le tour des festivals de court-métrages. Sa rencontre avec Sylvie Pialat sera décisive, elle réussira à convaincre Adèle Haenel de se lancer dans l’aventure de son premier long. 

Dans un appartement parisien, Joachim raconte à son amie Alice ce qui lui est arrivé. Alors qu’il marchait près du marché d’Aligre, un sans-domicile fixe l’interpelle par un prénom étranger qu’il n’a jamais entendu. Il serait le sosie d’un soldat mort en Bosnie le 21 août 1983, jour de la naissance de Joachim. Cette coïncidence plonge le jeune homme dans un état de confusion, et il passe la nuit d’après dans une semi-conscience, à peindre des toiles sombres et inquiétantes. Il écrit un nom en cyrillique, langue qu’il n’a jamais apprise, qu’Alice parvient à lire. Elle qui a passé des années dans les Balkans reconnaît le nom d’un village proche de Srebrenica où elle a fait des reportages de guerre. Troublée, elle décide de partir avec Joachim, leur amie Virginie, qui est ingénieure du son, et Paul, chef opérateur qui va filmer leur quête. Dans la camionnette, Alice récapitule la situation et briefe brièvement ses amis sur la situation du pays.

Le sujet des Héros ne meurent jamais est improbable. On se demande comment, sur le papier, Aude Léa Rapin a réussi à convaincre des financeurs à partir du seul résumé. Un jeune homme qui, parce qu’on lui a dit qu’il ressemblait à un soldat mort le jour de sa naissance, part dans un délire et va chercher à en savoir plus, ça ne tient pas vraiment la route. D’autant plus que forcément on invoque la réincarnation et les fantômes de l’Histoire resurgissent. C’est peut-être là que cette idée farfelue tient sa place : par ce truchement on va pouvoir évoquer des événements et parler du passé. Mais cette afféterie de scénario est tout de même très tirée par les cheveux, et les réactions outrancières du personnage de Joachim ne sont quasiment jamais crédibles. Jonathan Couzinié en fait des caisses pour accentuer son délire et nous faire comprendre que son personnage est habité, tout cela est plus qu'un tantinet artificiel.

 Pourtant ce dont parle Les héros ne meurent jamais est au fond plus les séquelles des guerres de Yougoslavie sur un territoire meurtri. Plus particulièrement, l’intrigue du film s’attarde sur ce qui s’est déroulé durant la guerre de Bosnie-Herzégovine. Un des scènes les plus importantes se déroule d’ailleurs lors d’une cérémonie de commémoration du massacre de Srebrenica, où l’une des protagonistes a perdu plusieurs membres de sa famille. Les paysages que traversent les membres de cette équipe d’apprentis-réalisateurs sont dévastés, à l’image des figures qu’ils rencontrent, qui ont subi les conséquences du conflit. Le film parvient assez bien à poser les enjeux, entre un bistrotier qui s’inquiète de savoir quel traitement le film va accorder aux serbes, un cimetière à l’écart où sont supposés être enterrés des personnages au passé trouble, et une piste de bobsleigh qui a servi de ligne de démarcation entre frères ennemis.

Et c’est dans son dispositif que Les héros ne meurent jamais trouve une grande partie de son intérêt. La caméra du chef opérateur suit dès la première scène les déambulations des personnages et est embarquée partout où ils vont. Paul Guilhaume, que l’on ne verra jamais à l’écran, fait partie du casting et est souvent interpellé par les protagonistes de l’histoire. Cela engendre des situations assez cocasses, où notre bande de pieds-nickelés se retrouve souvent en porte-à-faux. Même si on est en plein dans de l’artificialité, le décalage induit par ces scènes apporte un humour appréciable. Cela fonctionne durant la première moitié du film, mais il ne tient pas la route sur la durée. On finit par se lasser par cette improbabilité permanente et la fin est toute de même embarrassante. Si Adèle Haenel se montre excellente, elle ne parvient pas vraiment à sauver une œuvre qui pourrait sans doute mieux tenir dans un moyen métrage.

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