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Le colocataire (2020) Marco Berger

Le colocataire (2020) Marco Berger

Publié le 1 juil. 2020 Mis à jour le 1 juil. 2020 Culture
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Le colocataire (2020) Marco Berger

La fluidité sexuelle et ses petits tracas

Le dernier film en date de Marco Berger, Le colocataire, a été en compétition officielle au Festival Chéries-Chéris, où son acteur Gaston Re a reçu le Prix d'interprétation. Depuis maintenant dix ans, le réalisateur argentin nous fait découvrir plusieurs facettes de la sexualité. Son premier film Plan B mettait en lumière un homme hétérosexuel qui commençait à éprouver du désir envers un autre homme. Puis Absent, lauréat du Teddy Award au Festival de Berlin, confrontait un professeur de natation en proie à des sentiments conflictuels à un de ses élèves, qui lui-même n'était pas bien net. Quelques années plus tard, Taekwendo nous offrait une bande de jeunes garons tous plus mignons les uns que les autres dans un stage de sport pour le moins sensuel. Il revient ici à ses questionnements sur la fluidité sexuelle et la bisexualité, avec deux acteur principaux bien faits de leur personne. Gaston Re et Alfons Barón, que l'on a pu voir à Paris respectivement au Théâtre de poche Montparnasse et au Théâtre du Rond-Point

Deux colocataires discutent de la chambre qui vient de se libérer dans leur appartement. Juan informe qu'il a trouvé un nouveau locataire. C'est un de ses collègues, Gabriel « le blond ». Lorsqu'il arrive, celui-ci installe ses affaires dans la salle de bains. Ils ne semblent pas avoir les mêmes affinités puisqu'un soir, tandis que les deux autres regardent un match de football, Gabriel reste à lire dans son lit. Ils finit tout de même par les rejoindre et assiste à une discussion. L'un de leurs amis vante les mérites des joueuses américaines de soccer et de leur corps athlétique. Chacun veut voir les photos affichées sur un petit téléphone et ils se regroupent les uns à côté des autres. Afin d'être encore plus proche, Juan s'appuie sur l'entrejambe de Gabriel. Leurs regards se croisent sans que personne ne s'en aperçoive. Quelques jours plu tard, Gabriel surprend une femme nue sortir de la chambre de Juan, puis celui-ci, également en tenue d'Adam.

Une grande sensualité se dégage du Colocataire. Les corps se frôlent, les regards se croisent, le tout sous l'égide d'une caméra qui parvient à saisir tous les instants de trouble qui s'emparent des esprits des deux protagonistes. Comme à son habitude, Marco Berger pourrait ici aussi paraphraser François Truffaut en disant que « Le cinéma, c’est l’art de faire faire de jolies choses à de jolis garçons. ». Ainsi, il fait appel à des beaux hommes qui n'hésitent pas à se mettre à nu devant son objectif. Pour notre plus grand plaisir leurs fessiers rebondis et leurs sexes nous sont régulièrement dévoilés, sans compter bien entendu leurs torses musclés. Cette concupiscence pourrait être inutile si elle n'était au service d'un but artistique, certes léger, celui de nous signifier combien la passion dévore les deux hommes malgré eux. Si on veut être rabat-joie, tout au plus peut-on admettre que l’on se serait abstenu de ces gros plan répétés sur ces entrejambes où l’on devine les membres durcis. 

Car Juan et Gabriel, les protagonistes du Colocataire, ne sont tous les deux, très différemment, pas à l'aise avec cette attraction réciproque. Le premier, « le brun », est tout à fait libre avec son corps et avec ses relations, où il papillonne d'une fille à un garçon sans vraiment réfléchir aux conséquences de ses actions. À l'image des portes qu'il laisse entrouvertes, donnant libre court aux regards plus moins indiscrets sur l'ensemble de son anatomie, il n'a pas vraiment de secret et ne se prend pas trop la tête. Le second (« le blond », qui donne son titre original au long-métrage), a plus de mal à se livrer, ce qui le rend hautain pour les autres. On sent qu'il a dû souffrir par le passé, et ne se donne que de façon parcimonieuse, jusqu'à ce que des sentiments émergent, chez l'un comme chez l'autre, ce qui complique la donne. Ils se retrouvent alors tous les deux à la croisée des chemins, et sont obligés de faire un choix, ce qui ne les arrange pas du tout.

C'est là où le scénario du Colocataire se montre assez malin, en ce sens que le spectateur ne voit pas vraiment l'intrigue évoluer et nous nous retrouvons tout d'un coup devant un dilemme. Cette apparente indolence de scènes a priori anodines cachait en fait des petites subtilités qui, mises bout à bout, donnent sens à l'ensemble du film. Ainsi pour qui a le temps et la patience de se laisser porter, car l’apparente vacuité de la première partie peut laisser perplexe qui ne serait pas sensible à la beauté des corps, la dernière partie du film s'avère tout à fait convaincante. On pense en particulier à cette dernière scène qui nous cueille alors qu'on ne s'y attendait absolument pas. Elle dénote certes avec le reste du long-métrage, à l'image des personnes que nous sommes, complexes et pas univoques, mais permet de donner un sens à l’ensemble d’une œuvre qui au final se tient.

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