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Le Jardin des Finzi-Contini (1970) Vittorio De Sica

Le Jardin des Finzi-Contini (1970) Vittorio De Sica

Publié le 25 juil. 2020 Mis à jour le 25 juil. 2020 Culture
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Le Jardin des Finzi-Contini (1970) Vittorio De Sica

Le temps de l'innocence

Lorsque Vittorio De Sica tourne Le jardin des Finzi-Contini, il a près de 70 ans. Pour ce qui sera l'un de ses derniers films, il coécrit le scénario avec Vittorio Bonicelli et Ugo Pirro, qui à l'époque faisaient partie des auteurs de cinéma en vogue. Il confie également à son fidèle collaborateur Cesare Zavattini un rôle de scénariste non crédité au générique, ainsi qu'à Valerio Zurlini, qui a déjà réalisé plusieurs films, dont La fille à la valise. Ils adaptent ici le plus célèbre roman de l'écrivain italien Giorgio Bassani, originaire de Bologne mais qui a passé une grande partie de sa vie à Ferrare, où se passe le roman et le film. Celui-ci vaudra à son réalisateur de nombreuses récompenses, dont l'Ours d'or du Festival de Berlin et l'Oscar du meilleur film étranger, le quatrième pour Vittorio De Sica, en outre du David di Donatello qui récompense les films transalpins, et qui lui fut décerné ex-æquo avec Le conformiste de Bernardo Bertolucci et Waterloo de Sergueï Bondartchouk.

À Ferrare, en 1938, des jeunes gens se retrouvent dans le jardin des Finzi-Contini pour jouer au tennis avec  Micòl et son frère  Alberto. Ils s'y retrouvent pour faire leur tournoi car leur cercle les a exclut en raison de leur judéité. Micòl et son ami Giorgio s'éloignent du groupe et discutent de la thèse  sur Emily Dickinson qu’elle rédige pour ses études, des illustres anciens propriétaires de sa demeure, et de leurs souvenirs d'enfances. Quant à eux, en attendant de jouer, Alberto et un de ses amis s'entretiennent de la société de Ferrare et du sentiment d'insécurité que le jeune homme ressent quand il sort de sa propriété. Le lendemain,  Giorgio découvre dans un journal que les mariages mixtes son désormais interdit et se dispute avec son père, fervent défenseur de la politique de Benito Mussolini, et qui lui reproche de fréquenter les Finzi-Contini, qui selon lui supportent les lois raciales.

À l'instar de plusieurs autres films, tel Le guépard sorti quelques années auparavant, Le jardin des Finzi-Contini est une chronique sur la fin d'une époque. Les aristocrates qui vivent dans cette somptueuse demeure ont encore une grande influence mais elle ne va pas durer, et ils en sont plus ou moins conscients. Même s'ils sont isolés et ne quittent que rarement leur propriété, ils se mêlent avec des jeunes gens qui, bien qu'ils fassent partie de la bourgeoisie locale, ne sont pas de leur rang. Et les impossibles romances empêchées de Micòl et d'Alberto, même si elles ne relèvent pas de cette unique raison, en sont un stigmate. Tout dans le film ramène d'ailleurs au passé, on se souvient régulièrement des anciennes époques et l'on se réfère à la mémoire de ce qui n'est plus. La nostalgie ne fait que renforcer le sentiment que tout est en train de changer, que rien ne sera plus jamais comme avant.

Si les protagonistes du Jardin des Finzi-Contini se rendent comptent, ne serait-ce qu'inconsciemment, de ces changements, ils font au mieux semblant de ne rien voir venir. En cela, c'est un grand film sur le déni, celui d'une classe qui refuse de voir le monde s'écrouler. Pourtant à l'extérieur de la demeure, on ne parle que de la sinistre actualité, de la guerre et du fascisme. À l'intérieur, les propriétaires se refusent de changer leur mode de vie, même s'ils voient bien que cela ne pourra pas durer. Le seul voyage du film, effectué par Giorgio, un outsider par rapport à cette famille, et qu'il n'intégrera d'ailleurs jamais, est lui-même écourté, Le sentiment général qui se dégage est à la fois un refus de voir la réalité en face et un empêchement d'avancer, un retour perpétuel vers la ville natale, vers un lointain passé que chacune et chacun savent révolu mais se gardent de lâcher.

Même la mise en scène du Jardin des Finzi-Contini nous ramène au passé. La très belle lumière du chef opérateur Ennio Guarnieri, qui a beaucoup travaillé avec Federico Fellini et Mauro Bolognini, met en valeur les extérieurs de cette superbe demeure, la ramenant à ses heures de gloire. Cette riche propriété, qui était d'ailleurs la demeure du romancier à l'origine de l’œuvre originale, Giorgio Bassani, est un personnage en soi du film. Dès les premières images, on voit apparaître petit à petit la nature environnante, tandis que les opulents salons nous sont progressivement dévoilés durant le film. Dans les rôles principaux, Dominique Sanda et Helmut Berger sont impeccables. La première parvient à transmettre les ambiguïtés amoureuses de cette jeune femme, le second incarne une fois de plus un homosexuel refoulé à la sensibilité exacerbée. Ces deux personnages connaîtront un destin tragique, inévitable au regard de tout ce qui a précédé.

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