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La Marquise d'O... (Eric Rohmer, 1976)

La Marquise d'O... (Eric Rohmer, 1976)

Publié le 11 juin 2020 Mis à jour le 11 juin 2020 Culture
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La Marquise d'O... (Eric Rohmer, 1976)

Adaptation élégante et raffinée de la nouvelle d'Heinrich von Kleist, La marquise d'O qui obtint le prix spécial du jury à Cannes en 1975 est aussi un passionnant "conte moral/immoral" à multiples facettes. Tous les personnages s'y révèlent ambivalents, complexes à des années lumières de leurs comportements stéréotypés et de leurs cadres de référence manichéens. La marquise est une jeune veuve qui s'attache à donner d'elle une image maternelle et filiale de sainte éthérée. Mais son nom ambigu et les miroirs placés derrière elle révèlent une autre marquise tenaillée par des désirs inavouables. Et ce même si Rohmer attribue son inconscience durant le viol à un narcotique et non à un invraisemblable évanouissement. Même chose pour le comte qu’elle prend d’abord pour un ange (le sauveur tombé du ciel comme le suggère le plan où il apparaît) puis pour le diable (le violeur bestial). Ni l’un, ni l’autre il est tout simplement humain. Comme la marquise à qui il ressemble comme deux gouttes d’O, il est tiraillé entre sa morale chevaleresque et ses pulsions animales. Pour la marquise il est inconcevable que l’on puisse à la fois sauver une femme et abuser d’elle. C’est l’ambivalence de la nature humaine qu’elle doit assimiler afin de devenir pleinement femme. Ce qui redéfinit aussi les rapports à ses parents, des parents pas moins ambigus qu’elle derrière leurs attitudes outrancières. Le père a un comportement ouvertement incestueux et la mère a une manière particulièrement retorse de manipuler sa fille en prêchant le faux pour savoir le vrai. Symboliquement, le film commence lorsque l’ennemi russe (dont fait partie le comte qui est lieutenant-colonel) assiège, bombarde et pénètre la forteresse tenue par la père de la marquise. La guerre étant une métaphore bien connue du sexe, il est facile d’établir un rapport avec la fille du commandant qui est aussitôt assaillie par cinq soudards russes prêts à lui faire subir les derniers outrages. Le film se termine d’ailleurs sur un intertitre ambigu « Dès lors toute une série de jeunes russes vit le jour à la suite du premier »…

Outre l’aspect très littéraire de cette adaptation, le film ressemble à un tableau vivant. La photographie, les décors et costumes, les attitudes des personnages s’inspirent de nombreuses références picturales : David (La marquise ressemble à Juliette Récamier, elle s’appelle d’ailleurs elle-même Julietta), Ingres, Delacroix, Le cauchemar de Johan Heinrich Füssli (pour la scène de « l’évanouissement » de la marquise) etc. Enfin Rohmer a fait appel à trois merveilleux comédiens de la prestigieuse Schaubühne (la comédie-française berlinoise) dirigée alors par Peter Stein : Bruno Ganz (le comte), Otto Sander (le frère de la marquise) et Edith Clever (la marquise). Les deux premiers deviendront célèbres sur le plan international 11 ans plus tard avec Les anges des Ailes du désir de Wim Wenders.

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