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Niger : Le principe de précaution

Niger : Le principe de précaution

Publié le 14 août 2020 Mis à jour le 14 août 2020 Politique
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Niger : Le principe de précaution

D’abord, toutes mes condoléances aux familles des disparus.

Suite à l’assassinat dimanche de 8 personnes dont 7 humanitaires au Niger à Kouré, le quai D’Orsay avec l’accord du gouvernement vient de prendre la pire des décisions qu’il soit, à savoir : 
Passer la totalité du territoire Nigérien en zone rouge.
En vertu de l’effroyable ‘Principe de précaution’, cher à nos dirigeants, les terribles conséquences de cette action risquent d’être les suivantes :

1) Il y a eu de nombreux morts dans cette région et beaucoup de personnes enlevées, en particulier à l’Est du Burkina Faso et à la frontière avec ce pays. Les victimes se comptent par dizaines, pour ne pas dire par centaines depuis le début de l’année. Bien sûr, comme ce sont des autochtones, aucun média n’en parle à part parfois RFI et FR24 qui sont loin d’être des exemples d’objectivité et de compétence. 
Le fait d’avoir tué des ‘blancs’ a permis de créer une onde de choc médiatico-putassière dont nos grands communicants se sont appropriés la vedette, comme d’habitude, par des phrases chocs totalement insipides et un show télévisé grandguignolesque dont eux seuls ont le secret.
Passer le Niger en rouge ne fera que confirmer que tuer des ‘blancs’ est la meilleure solution pour arriver à les faire fuir et à créer le buzz dans le Landernau médiatique et les réseaux sociaux. Ce que recherche activement les assassins. 
Les terroristes du Mali et du Burkina pourraient très facilement suivre cet exemple.

2)Le ressentiment anti-français qui sévit dans les pays du sahel va être amplifié au Niger par ce que les Nigériens ressentent comme une insulte à leur souveraineté. L’opération Barkhane est de plus en plus accusée de n’être pas capable de lutter sérieusement contre le terrorisme et de plus en plus de voix s’élèvent pour demander son départ.

3) Cette zone rouge va donner un coup d’arrêt définitif au tourisme faisant basculer des milliers d’individus qui en vivent dans la précarité. La seule solution pour de nombreux jeunes sera, soit d’entrer dans le banditisme, soit de s’enrôler dans des groupes djihadistes.
A ce propos, j’aimerais qu’on m’explique le lien qu’il peut y avoir entre Agadez, Zinder ou Tahoua et la frontière Nigero-Burkinabé. Le moindre des individus un peu renseigné sait que l’Est du Burkina est en grande partie contrôlé par des terroristes et que cette région est dangereuse. Une semaine avant le drame de Kouré, vingt personnes avaient été massacrées par des bandits armés dans un marché du côté Burkinabé.
Les dangers rencontrés dans cette région frontalière n’existent pas dans d’autres régions du centre.

4) Les investisseurs qui souhaitent s’installer au Niger consultent aussi les sites concernant la sécurité. Ils hésiteront à 2 fois avant d’aller investir dans un pays formellement déconseillé et de créer des emplois.

Lorsqu’il y a des souris dans une maison, il vaut mieux essayer de trouver une solution pour s’en débarrasser plutôt que de brûler la maison...Malheureusement cette phrase pleine de bon sens ne convient pas du tout au ‘Principe de précaution’.

La misère est le berceau du djihadisme et de l'émigration vers l'Europe. Tout ce qui peut augmenter la misère augmentera ces 2 fléaux. Combattre le djihadisme ou l'émigration ne sert à rien si on augmente la misère.

Ce qui m’a totalement époustouflé c’est aussi le fait que des ONG continuent à envoyer des jeunes, certes bardés de diplômes et plein de bonne volonté, dans des environnements aussi hostiles. Les diplômes et l’amour de son prochain ne sont absolument pas les armes qu’il faut pour survivre dans des milieux aussi dangereux. Avec tout le respect que je dois aux défunts, on m’aurait demandé mon avis, j’aurais averti que leur espérance de vie, en dehors de Niamey, était de 6 mois maximum.

J’entends notre Premier Ministre dire qu’il va assurer la sécurité des humanitaires. C’est beau comme un discours de Premier Ministre entrant. 
Seul Bémol :
Comment va t il s’y prendre sur des millions de kilomètres carrés, sachant que les terroristes sont infiltrés dans la population?

Un juriste a aussi proposé de donner un statut consulaire aux humanitaires. A votre avis, le tueur dont certains n’ont pas 15 ans, défoncé au Tramadol et qui ne sait ni lire ni écrire va t-il demander à sa prochaine victime ses papiers avant de lui envoyer un pruneau de son AK47 dans la tête? 
Là, on a dépassé le mur du çon.

Il faut comprendre que dans ces pays, on est seul maître de son destin (Manu n'est pas toujours là pour nous protéger) et qu’il ne faut surtout pas croire les grands spécialistes de la sécurité dont les techniques ont malheureusement souvent échoué. 
Je parle en particuliers de l’escorte avec un véhicule de l’armée. Le scénario est toujours le même, on fait sauter le véhicule d’escorte qui est en tête, ce qui neutralise les hommes en armes puis on a plus qu’à se servir dans les véhicules soit disant escortés. Ce type de sécurité n’ayant pour objectif, pour les sociétés ou organisations, que de se couvrir auprès des assurances.

Cependant, il serait idiot de penser que l’on ne peut pas vivre dans ces pays et je dirais même d’une façon agréable, ceci dépendant forcément de la mentalité de chacun.
Au bout de plusieurs années, on arrive à acquérir un certain instinct du danger. Lorsque l’on va dans un endroit, il faut étudier l’historique des problèmes qu’il y a eu, comment se comportent les populations, ect,...bien sûr cela demande de vivre au milieu des populations autochtones et d’être à l’écoute des informations utiles. Et surtout, essayer de ne pas se faire remarquer et éviter de se faire des ennemis. Ne jamais dire précisément où l’on va, à quelle heure on part et la voie que l’on va prendre, sauf évidement à une ou deux personnes dont vous avez l’entière confiance. Cela demande évidemment une certaine connaissance de l’Afrique qu’il est difficile d’acquérir en moins de 10 ans.

Dans une société où mourir est devenu un tabou et où le gouvernement se veut l'ultime protecteur des citoyens, il est normal que le Principe de Précaution trouve un terreau extrêmement favorable. La terreur de la mort est le signe d'une société en plein déclin qui de plus en plus va sacrifier les lambeaux de liberté qu'il lui reste pour une sécurité toujours plus oppressante et recherchée par les dirigeants des grandes démocraties.

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