

Plus vivante que jamais
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Plus vivante que jamais
— Tu vois quelque chose, Cole ?
— Non, chef. Tout est calme. Trop calme. C'est comme s'ils avaient tous disparu, chef...
Disparus ? Impossible. Hier encore, des centaines de soldats grouillaient dans ces montagnes. Ils riaient, se battaient et hurlaient à en faire trembler le sol sous nos pieds.
— Tu crois qu'ils nous ont repérés, chef ?
— Non, je ne crois pas. Suis-moi et reste sur tes gardes. Un truc cloche...
Cole acquiesça d'un simple hochement de tête. Il n'avait pas besoin de plus d'explication. Il me faisait entièrement confiance. À moi et à mon fichu instinct. Il savait d'expérience que mon flair était infaillible. Sur le terrain comme dans la vie. Et ce, depuis mon plus jeune âge. Au début, c'était plus une mauvaise impression, une sensation d'oppression dans ma poitrine que j'avais tenté d'ignorer, comme une faiblesse inadmissible. Jusqu'à ce que je réalise que c'était un don du ciel ou un truc du genre : j'étais en mesure d'anticiper le danger et la mort. Pas comme une vision. Je ne sais jamais vraiment ce qui m'attend. Je ne suis pas une putain de diseuse de bonne aventure. Je suis juste plus sensible que les autres. À mon environnement. Aux ondes qui nous entourent. Aux auras des êtres vivants. Il m'a fallu des années pour apprendre à apprivoiser mon intuition et l'aide de Cole, mon meilleur ami, qui ne m'a jamais abandonné.
Prudemment, nous entamions la descente vers ce qu'il restait du camp de nos ennemis. Voilà deux jours que nous les suivions à deux kilomètres de distance, veillant à garder le vent de face pour qu'ils ne repèrent pas notre odeur. Notre technologie nous avait rendus bien trop confiants. Jamais nous n'aurions imaginé, il y a encore quelques mois, que ces monstres étaient capables de nous sentir malgré notre armure blindée. Un détail qui nous avait coûté de nombreux hommes.
— À 10 heures, chef.
En un mouvement fluide, nous nous allongions au sol, l'œil contre la lunette de notre M4 guettant l'horizon. Ma respiration était superficielle et courte. L'adrénaline coulait dans mes veines, aiguisant mes sens.
Une ombre passa devant nous. Cole avait vu juste. Mais c'était trop petit et discret pour être un Curvis. La silhouette était trop fine et douce pour ces créatures immondes.
Je fis signe à Cole de prendre à droite par les rochers alors que je me faufilai à gauche, profitant d'un nuage de poussière pour dissimuler mon approche. Malheureusement, il m'isolait totalement de mon second pendant quelques minutes. Lorsque j'en sortis, un spectacle d'horreur m'accueillit : des corps gisaient par dizaines sur le sol imbibé de sang. Des Curvis par centaines figés dans une expression de douleur et de surprise. Que s'était-il passé ici ?
— Jette ton arme !
Une voix froide me fit sursauter. C'était la première fois depuis bien longtemps que je me laissais surprendre. Je levai calmement les mains et laissai tomber mon colt commando devant moi, cherchant de l'œil d'où parvenait cet ordre. J'aperçus alors Cole, allongé par terre à quelques pas seulement, immobile.
— Cole ? Ça va ?
Malgré la panique qui grandissait en moi, je m'efforçai de garder un ton ferme et posé. Je ne pouvais pas montrer de faiblesse devant l'ennemi. Aucune réponse. Je me tournais pour découvrir une jeune femme à la crinière de feu, vêtue d'une mince armure en cuir et aux mains couleur carmin.
— Ton ami va bien. Il aura juste un peu mal à la tête en se réveillant.
Comment ? Son casque aurait dû le protéger. Il était inconcevable qu'elle ait pu juste l'assommer. Pas sans qu'il se défende. Mais je n'avais rien entendu. Ni tir, ni riposte.
— Douterais-tu de mes paroles, Alki ?
— On se connaît ?
— Tu me vexes, Alki. Je n'avais pas le sentiment d'avoir tant changé que ça...
Elle sourit en penchant la tête sur le côté. Un geste tout aussi séduisant qu'offensant. Elle se moquait de moi, se délectant de ma confusion. Discrètement, je lançais une analyse de cette inconnue. Sur la visière de mon casque se superposa soudain une multitude d'informations, mais aucune n'avait de sens. Ce ne pouvait pas être elle.
— Ton IA a fini sa recherche ?
— Comment ? Non... c'est impossible. Tu es morte. J'ai serré ton corps dans mes bras pendant des heures jusqu'à ce que Cole t'arrache à moi.
Je tombai à genoux, les yeux remplis de larmes, le cœur ravagé. Lia. Après dix ans, elle se tenait devant moi, plus vivante que jamais.
— Je suis désolée, Alki. Après mon enterrement, le groupe de mages auquel appartenait mon père est venu récupérer mon corps. Ils m'ont ramené, mais le prix à payer était de rester loin de toi. Ils m'ont entraînée, m'ont aidée à libérer mes pouvoirs, pour me préparer à ce jour. Mon destin n'a jamais été de me battre pour l'Agence... Toi non plus, mon amour. Et j'espère que Cole et toi accepterez de me suivre sans résistance.
— Sinon quoi, Lia ?
La tristesse envahit soudainement son regard et son corps se raidit. Je savais pertinemment ce qu'elle allait m'annoncer, mais j'avais besoin de l'entendre.
— Je serai obligée de vous tuer tous les deux, Alki. Comme j'ai tué tous ces Curvis...
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par Gordon Taylor de Pixabay : Ai Généré Soldats Guerriers La - Image gratuite sur Pixabay

