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Summer white (2021) Rodrigo Ruiz Patterson

Summer white (2021) Rodrigo Ruiz Patterson

Published Aug 18, 2021 Updated Aug 18, 2021 Culture
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Summer white (2021) Rodrigo Ruiz Patterson

Allumer le feu

Sélectionné au Festival de Sundance, Summer white est le premier long-métrage d’un auteur mexicain, Rodrigo Ruiz Patterson. Il suit les déambulations d’un garçon de 13 ans, élevé dans une famille monoparentale, ce qui mérite que l’on s’attarde un peu sur l’adolescence au cinéma. Car cet âge ingrat a inspiré de nombreux réalisateurs, qui ont parfois retranscrit leur propre itinéraire, tel François Truffaut dans Les quatre cent coups, le premier film de sa série Les aventures d’Antoine Doinel. Le passage à l’âge adulte se vit souvent dans un ennui mortifère, tel celui que subissent les sœurs de Virgin suicide, voire dans une douleur aiguë, comme l’expérimentent les personnages principaux d’Elephant. Les rebelles de La fureur de vivre ont passé un niveau dans la violence, et rare sont celles et ceux qui savent gérer le mélange d’émotions et de sentiments qui les étreignent, à l’image de Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée, ou de Xavier Dolan dans J’ai tué ma mère.

À 13 ans, Rodrigo habite dans la banlieue de Mexico avec sa mère Valeria, qu’il rejoint souvent dans son lit quand il ne parvient pas à dormir, et, quand son père téléphone, il ne veut pas lui parler. Un soir, Valeria va à une soirée et lui demande de rester sage sans sortir, ce qu’il ne fait pas puisqu’il en profite pour aller fumer des cigarettes sur le toit. Quand elle rentre, Rodrigo entend des bruits dans sa chambre et toque à la porte, mais refuse de le faire entrer. Le lendemain matin, il est accueilli par Fernando, qui a dormi avec Valeria et cherche ses clés avant de repartir. Rodrigo va ensuite à l’école où on lui demande de ranger la cigarette qu’il gardait derrière son oreille. Puis il part traîner dans une décharge où il trouve une caravane abandonnée, dans un état pitoyable, dans laquelle il rentre et casse toutes les fenêtres. Un peu plus tard, attablé au restaurant, il s’agace de constater qu’au lieu de manger, Valeria envoie des messages à Fernando, puis lui demande si ça le dérange qu’il les rejoigne.

La caméra qui, dès les premières images de Summer white, nous montre cet adolescent se glissant torse nu dans le lit de sa mère, et partageant avec elle des moments d’intimité dans la salle de bain, n’est ni voyeuriste, ni moralisatrice. Pourtant ces scènes ne sont pas anodines, et alertent justement le spectateur sur la relation fusionnelle et non conventionnelle que cette mère de famille célibataire entretient avec son fils unique. D’ailleurs à aucun moment le film n’émet de jugement sur les comportements de ce jeune Rodrigo, souvent délaissé et qui n’a pas l’air bien dans sa peau. Il est quasiment de chaque plan, d’ailleurs le récit ne se limite qu’à trois personnages principaux, et à quasiment aucun personnage secondaire, mais la caméra ne fait que suivre ses mouvements, à nous de faire notre opinion sur lui et d’émettre une appréciation, si tant qu’il faille en avoir une. Après tout, on comprend très vite que ce parcours à la marge de la délinquance est un appel à l’aide.

On voit très vite (trop vite ?) où Summer white veut en venir, et le long-métrage ne filera qu’une seule ligne directrice. La trajectoire de Rodrigo, motivée par les violents sentiments qu’il éprouve, nous apparaît clairement dès le début. La solitude du jeune garçon, sans doute trop dorloté par une mère surprotectrice, ne peut que lui attirer des ennuis, surtout quand il voit l’arrivée d’un homme pour ce qu’il considère comme le « remplacer » dans le schéma familial. Mais les émotions contradictoires qu’il ressent nous sont habilement retranscrites, et à de nombreux moments on se prête à croire que le jeune homme va s’apaiser. Après tout, il a beaucoup de choses à apprendre, et Fernando se prête au jeu rapidement, lui donnant des leçons de conduite ou tentant d’établir une complicité que l’on pourrait qualifier de « virile ».  La séquence qui se déroule à Acapulco nous rappelle du reste de façon tout à fait juste combien à cet âge le besoin de légèreté demeure.

Ainsi Summer white s’applique-t-il à nous brosser toutes les facettes d’un adolescent a priori banal qui vit des événements cruciaux, à l’échelle de son existence. La finesse n’est pas toujours présente, et de nombreuses scènes sont un peu trop appuyées, mais la sobriété globale l’emporte. Le casting, composé d’actrice et d’acteur qui ont principalement travaillé pour la télévision, ne brille pas mais n’est pas non plus déplorable. On retient tout de même la prestation de ce jeune acteur, Adrián Rossi, qui s’applique beaucoup pour son premier rôle. Dans un cinéma mexicain marqué par les figures des plus si jeunes Alejandro González Iñárritu, Guillermo del Toro ou Alfonso Cuarón, il est en tout cas bon de voir apparaître certaines nouvelles personnalités. Si la mise en scène de Rodrigo Ruiz Patterson ne brille pas par sa flamboyance, il a le mérite, pour sa première réalisation, de nous offrir un regard neuf avec ce portrait d’un jeune mexicain issu d'un milieu pas forcément favorisé.

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