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Entretien avec un vampire (1994)  Neil Jordan

Entretien avec un vampire (1994)  Neil Jordan

Published Oct 11, 2020 Updated Oct 11, 2020 Culture
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Entretien avec un vampire (1994)  Neil Jordan

Empathie avec le diable 

Au début des années 1990, l’irlandais Neil Jordan est récompensé par l’Académie des Oscars pour le scénario de son excellent The crying game. Le producteur David Geffen lui confie alors l’un des projets les plus en vue du moment, l’adaptation du roman d’Anne Rice, Entretien avec un vampire. Plusieurs personnalités se montrent intéressées par le film, du scénario, qui, après être passé entre plusieurs mains, échoit à l’autrice elle-même, aux acteurs. Quasiment tout le gratin d’Hollywood est pressenti pour interpréter les différents personnages, de Jeremy Irons à Leonardo DiCaprio en passant par Johnny Depp ou bien Daniel Day-Lewis. Même Cher ou Angelica Huston sont évoquées, on envisagerait de transformer le rôle de Louis, le compagnon vampire de Lestat, en une femme, tandis que parmi les enfants le nom de Christina Ricci circule avant que la toute jeune Kirsten Dunst soit choisie. Quant au rôle du journaliste, il était destiné à River Phoenix mais il meurt peu avant le tournage.

Dans une pièce d’un immeuble désaffecté de San Francisco, le journaliste Daniel Malloy rencontre un certain Louis, qu’il a suivi dans la rue, attiré par son apparence. Ce dernier lui dit qu’il l’avait déjà repéré et qu’il savait qu’ils allaient se retrouver. Quand Daniel lui demande ce qu’il fait dans la vie, Louis lui répond qu’il est un vampire, ce qui fait sourire le journaliste. Mais quand Louis le surprend par ses gestes trop rapides pour un être humain, il se résout à l’écouter lui raconter son expérience. En 1791, il venait de perdre son épouse, enceinte, et errait dans son domaine au sud de La Nouvelle Orléans, n’attendant plus que la mort. Le vampire Lestat le repère alors et l’emmène dans un coin isolé où il lui propose la vie éternelle. Déboussolé, Louis profite une dernière fois du lever du soleil avant d’être vidé de son sang par Lestat, et de goûter au sien. Il ressent alors la mort de son enveloppe charnelle, et perçoit petit à petit les effets de sa transformation vampirique.

Ce qui ressort dès les premières images d’Entretien avec un vampire, c’est l’univers baroque dans lequel sont plongés ses protagonistes. En cela, le film est tout à fait fidèle au roman d’Anne Rice, qui maîtrise parfaitement les artifices gothiques imposés par le genre, se situant dans la lignée d’un Dracula de Bram Stocker. Une courte et amusante allusion à cet illustre prédécesseur est d’ailleurs instillée, tout comme d’autres références toutes aussi judicieuses telle L’aurore de Friedrich Wilhelm Murnau. D’énormes moyens sont déployés tout au long du film, ce qui change des univers feutrés dont Neil Jordan a alors l’habitude, et qui, mélangé à cette flamboyance stylistique, apporte un aspect grandiloquent à l’œuvre. Ce côté outrancier est appuyé par le jeu d’acteur d’un Tom Cruise, qui n’hésite pas à sortir le grand jeu. Si le personnage en lui-même de Lestat est lui-même au bord de la caricature, on ne peut que se demander si la performance de l’acteur n’est pas un peu trop outrancière.

Les moyens financiers sont tout de même visibles à chaque plan d’Entretien avec un vampire, un investissement qui sera récompensé au box-office. Les décors sont rutilants, les costumes sont brillants, tout à l’image semble flamboyant. Tournant principalement aux studios anglais de Pinewood, l’équipe s’autorise quelques plans à l’Opéra de Paris et dans une des plus anciennes plantations de Louisiane. Côté effets spéciaux, on peut dire que le film a vieilli et pâti des techniques alors en vigueur, même si ça lui donne un côté rétro qui ne manque pas de charme. Si la musique est par trop appuyée, plusieurs effets de surprise parviennent à étonner les spectateurs tandis que certaines scènes restent en mémoire, telle ces deux créatures de la nuit coincées au fond d‘un puits tandis que bientôt vont darder les rayons du soleil. On retient aussi une certaine sensualité, toute relative malgré tout, puisque les contraintes d’un grand film hollywoodien obligent à une certaine mesure.

Au delà des quelques incartades du scénario, c’est là où dans le fond Entretien avec un vampire se démarque de l’œuvre originelle qui l’a inspiré. Anne Rice n’hésite pas dans son roman à instiller une ambiance clairement homoérotique, or, si la référence à l’homoparentalité, précoce à cette époque, est toujours là, l’ambiguïté de la relation entre Louis et Lestat a quasiment disparue, et la grande majorité des scènes sexualisées sont hétéronormées, ce qui est loin d’être le cas dans le livre. On ne peut s’empêcher de penser que des stars comme Brad Pitt, et surtout Tom Cruise, n’auraient pas pu imaginer assumer une romance entre deux hommes alors que le sous-texte du film ne laisse que peu de place aux doutes. Les performances de Brad Pitt et d’Antonio Banderas sont toutefois remarquables, tout comme celle du compatriote de Neil Jordan, l'excellent Stephen Rea. On est même prêt à accepter le jeu outrancier de Kirsten Dunst et de Tom Cruise, en se disant que c’est cohérent avec le côté ampoulé du long-métrage.

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