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Instructions pour sauver le monde

Instructions pour sauver le monde

Publié le 19 sept. 2020 Mis à jour le 11 janv. 2022 Culture
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Instructions pour sauver le monde

Il y a des montagnes qui accouchent de souris. Il y a des livres qui promettent beaucoup et qui tiennent peu. Il y a ceux qui s’annoncent pour ce qu’ils ne sont finalement pas. Et puis il y a ceux qui passent inaperçus mais qui recèlent pourtant de véritables trésors. Qui se cachent dans l’anonymat mais qui se révèlent être de très belles surprises.
Ce livre, Instructions pour sauver le Monde de Rosa Montero, est de ces derniers. Un roman espagnol d’un auteur que je ne connaissais pas du tout, qui ne paye pas de mine, qui n’a pas fait beaucoup parler de lui mais qui est un vrai petit bijou de lecture.

Rosa Montero nous invite dans la vie morne et d’une profonde tristesse de quatre personnages hétéroclites. Il y a Matias, un chauffeur de taxi qui a perdu sa femme morte d’un cancer et dont la vie s’est arrêtée, mise en suspens, en même temps qu’il est devenu veuf. Matias est un homme bon, pourtant il est obsédé par l’idée de venger son épouse. Il y a Cerveau, une vieille femme, ancienne scientifique déchue qui se réfugie toutes les nuits dans l’alcool. Elle passe inaperçue mais a pourtant tant à dire, tant à enseigner à qui voudra bien l’écouter. Il y a Daniel, médecin urgentiste qui ne croit plus en rien. Ni en son couple, ni en son métier, ni en son avenir. Pour redonner un tout petit peu d’intérêt à sa vie, il se réfugie dans le virtuel de Second Life. Il y a Fatma, magnifique prostituée africaine qui a traversé l’horreur et qui ne se sépare pas de son lézard totem, celui qui prend soin d’elle.
Il y a quatre survivants dans cette tentaculaire ville de Madrid qu’on n’imaginait pas prendre un tel visage la nuit tombée. Et puis il y a en fond narratif les exploits macabres de l’assassin du bonheur, surnom donné par la presse au tueur en série qui sévit dans la ville, laissant à ses victimes qu’il tue sans violence un sourire figé sur le visage.
Ces quatre personnages cassés, éclopés de la vie, vont voir leurs destins s’entrecroiser d’une façon inattendue, pris dans la grande toile que tisse la vie.

Ce roman est une énigme. Il traite de choses très dures, de situations horribles, de souffrances profondes, de frustrations intenses, d’échecs et de désespoir. Certains passages sont vraiment difficiles à lire tant ils nous décrivent des images violentes et des moments de pure tristesse. Et pourtant… Pourtant il ressort de ce livre un vrai optimisme ; d’une base de roman noir Rosa Montero nous livre un récit lumineux. Totalement dénué de morale  et sans étalage aucun de bons sentiments, ce livre reste malgré tout une ode à la vie. La vraie vie, celle qui est parfois si cruelle et impitoyable. Si douloureusement belle.

Le roman est construit à la manière d’un puzzle. Ce qui commence comme une histoire chorale prend lentement forme pour devenir le récit de rencontres improbables et pourtant parfaitement naturelles, rencontres qui vont cependant changer le monde de chacun des protagonistes. Le cheminement de chacun des personnages sera difficile, mais conté avec un étonnant équilibre entre humour, dérision, violence et sensibilité. C’est là tout le talent d’écrivain de Rosa Montero. Elle nous prend dans la toile de son récit et le lecteur se laisse emporter dans cette spirale sans opposer la moindre résistance tant c’est bien écrit. Ça bouscule parfois mais c’est agréable. À ce titre les passages où Cerveau fait part de ses anecdotes scientifiques avec une pédagogie à faire pâlir d’envie pas mal de vulgarisateurs scientifiques, sont autant d’occasions de relativiser la vie et se permettre de la considérer sous un éclairage différent de ce dont on a l’habitude. Se décaler un peu pour voir différemment le monde, changer l’angle pour découvrir une face restée jusqu’alors dans l’ombre alors qu’elle est là depuis toujours. Coïncidence amusante : l’auteur adresse en fin de roman ses remerciements à Bill Bryson pour son ouvrage Une Histoire de tout, ou presque qui lui a inspiré les anecdotes scientifiques de Cerveau. Amusante car justement ce gros bouquin de Bryson attendait depuis quelques mois déjà sur ma Tour de Pise de livres, d’être lu. J’en reparlerai donc ici prochainement …

 Instructions pour sauver le Monde aura été une vraie belle surprise et mon premier coup de cœur littéraire de 2011*. Un petit roman qui mérite d’être découvert et que je recommande.


* Oui il y en aura d’autres, et oui je suis un tantinet en retard pour la rédaction de mes articles.

Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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