Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
De l'Amour et du Pardon

De l'Amour et du Pardon

Publié le 24 juin 2022 Mis à jour le 28 juin 2022 Voyage
time 7 min
0
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 0 commentaire
lecture 130 lectures
0
réaction

Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

De l'Amour et du Pardon

24 juin 2022

J’ai longtemps été en rejet profond de la religion catholique, précisément pour son côté religieux. Je la trouvais extrêmement dogmatique, avec des rituels qui ne me parlaient pas, naïve et candide dans sa lecture du monde, puérile et infantilisante dans son rapport à Dieu le père, hypocrite aussi, tellement hypocrite ! Au regard du décalage entre ce qui était professé à l'Eglise, et ce que les gens et même l’Eglise manigançaient le reste du temps. Je n’aime pas cette personnification de Dieu à qui l’on attribue des qualités et des vertus humaines, je ne perçois pas la symbolique derrière le message délivré. J’en veux à l’Eglise pour sa prétention et sa volonté hégémonique et moralisatrice qui a perduré pendant de nombreux siècles sur tous les continents, de son alliance au pouvoir pour dominer et contraindre la vie des gens, selon des préceptes qui allaient contre la force de Vie précisément qui nous anime : la culpabilité du péché, la négation des plaisirs terrestres, le prétexte de la rédemption dans l’au delà pour faire accepter les plus profondes injustices et la hiérarchie asservissante d’un pouvoir en place. Oui j’ai longtemps nourri tous ces ressentiments à l’égard de l’Eglise, et je n’ai pas fait encore la paix réellement avec tout ça.
 
Toutefois, Eglise mise à part, si l’on se concentre sur l’essentiel c’est à dire le message professé par Jésus, je dois bien y reconnaître des messages particulièrement intéressants. Deux retiennent tout
particulièrement mon attention aujourd’hui :
 
Le premier est celui de l’Amour comme valeur Suprême et Universelle. «Aimez vous les Uns les Autres. » Et encore plus intéressant est celui-ci : « Aime ton prochain comme Toi-même ». Ce deuxième message a été totalement détourné par la religion catholique, avec uneculpabilisation à outrance de l’Amour de Soi, comme un pêché d’orgueil et de vanité à  éliminer au profit du don de Soi, dans le renoncement et le sacrifice. C’est une profonde négation de la force de vie qui nous habite chacun de nous. Comme l’explique Fromm dans l’art d’Aimer, Aimer c’est aussi s’aimer Soi en tant que représentant au même titre que tous les autres de la communauté des Hommes. On ne peut prétendre Aimer l’Homme si on ne s’aime pas déjà soi. Aimer, c’est aller à la recherche de ce qu’il y a de beau en nous, qui nous unit tous les uns les autres avec la nature divine, avec le grand Tout. et cela fait un bien fou à entendre, ça nous libère d’un grand poids de cette culpabilité chrétienne dont nous sommes tant imprégnés, et de ce grand juge intérieur, si sévère et intransigeant, que nous avons malgré nous développé en chacun de nous.
 
Le deuxième message est le plus original et audacieux je trouve: c’est la valeur essentielle du Pardon. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec cette conception du Pardon inconditionnel, qui excuserait les autres pour le mal qu’ils nous ont fait, sans s’assurer avant qu’ils ont compris leurs torts, qu’ils fassent acte de contrition dans le but de ne plus reproduire les mêmes erreurs. "Si on te frappe, tend l’autre joue". Cela va à l’encontre de notre logique instinctive primitive qui veut que si l’on m’attaque je me protège et je me défende. Cela va à l’encontre du principe de Justice que nous éprouvons tous. Comment pardonner à un Hitler, un Staline ou un Trump de tout le mal qu’ils ont fait ? Comment pardonner un envahisseur chinois qui détruit et persécute votre pays et votre culture tibétaine, comment pardonner un système d’apartheid qui vous a jeté de très longues années en prison pour avoir combattu sa profonde injustice ? Question épineuse et très difficile pour tous ceux qui veulent défendre des valeurs jusqu’au bout de leur logique, et notamment la valeur de l’Amour. Il est si facile d’aimer ceux qui nous procurent du bien, si difficile d’aimer ceux qui nous causent du tort…
 
Pour essayer de comprendre plus en profondeur ce message, je dirais qu’il s’agit de reconnaître derrière une personne qui nous fait du mal un être humain avant tout en souffrance lui-même. Et qui, parce qu’il n’arrive pas à composer avec, projette sa colère et sa rage sur les autres. En reconnaissant cette souffrance, en acceptant qu’elle fait partie inhérente aussi à l’espèce humaine, que nous pouvons nous même éprouver, nous ne considérons plus l’autre comme différent et à rejeter, mais comme un semblable à soutenir et accompagner dans la souffrance qu’il traverse. 
« Mon Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » dit Jésus cloué sur la croix.
 
J’éprouve cela dans le Daime. Quand je suis en grande difficulté, confronté à mes propres souffrances et démons intérieurs, la force du groupe qui chante la beauté et le miracle de la vie m’aide beaucoup,
énormément à surmonter mon état de fragilité du moment. Quand je vois mon voisin en proie lui-même à ses propres démons, j’éprouve pour lui beaucoup de bienveillance, d’empathie, et de réconfort à son égard. Parce que je sais par quoi il passe, parce que je sais combien c’est difficile, parce que je me sens relié à lui dans cette épreuve qu’il a tout comme moi à surmonter. Chacun son travail, certes. Mais cela n’empêche pas la solidarité et la fraternité entre les Hommes, bien au contraire. Elle est essentielle.
On retrouve cette notion aussi dans le bouddhisme et plus précisément dans le Mahayana, le Grand Véhicule, prêché par le Dalaï-Lama. C’est le principe de la compassion : chercher l’Illumination non pas pour son seul développement personnel, mais pour tous les êtres souffrant sur cette Terre. J’aime l’image du Boddhisatva, celui qui, bien qu’ayant atteint l’Eveil, renonce à entrer dans le Nirvana, reste dans le Samsara pour venir guider les autres êtres vivants à trouver la voie de l’Illumination eux aussi.
 
Je souleverai pour finir que ma réflexion (et notamment au cours de la relecture des accords toltèques) me porte à dire que nous sommes chacun responsable de ce que nous ressentons, de ce que nous pensons et de ce que nous faisons. J’exclus d’emblée les actes de nuisance volontaire qu’un autre peut faire à notre encontre, pour plus de clarté de mon propos. L’autre peut, part moment et par un comportement involontaire, réveiller quelque chose en nous que nous n’aimons pas, que nous ne nous reconnaissons pas comme nous appartenant, et nous pouvons le lui reprocher, voire l’attaquer en lui faisant porter la responsabilité de notre propre souffrance. Mais nos propres souffrances, tout comme notre bonheur, nous appartiennent, dans le regard, l’interprétation et la réaction que nous décidons de poser, consciemment ou pas, sur telle évènement ou situation. En fonction de notre propre histoire, et de nos accords passés avec nous même, sur ce qu’on accepte ou que l’on refuse dans la vie. En fonction de ce qu'on est, et de ce qu'on choisit de devenir. C’est ici que se joue à mon sens notre exercice de la
Liberté Humaine, et donc de notre Responsabilité associée, aussi exigeante et difficile à assumer parfois soit-elle. Nous portons la responsabilité de notre propre bonheur comme de nos propres souffrances. Et c’est exactement ce que j’éprouve et experimente avec l’enseignement de l’Ayahuasca.
 
Ainsi donc, il ne s’agit donc pas tant de pardonner aux autres de ce qu’ils nous ont fait, que de nous pardonner nous même des souffrances que nous nous sommes infligés et que nous avons peut-être projetées sur les autres. De même qu’aimer c’est s’aimer soi autant que les autres, pardonner c’est autant se pardonner soi de ses erreurs et de sa confusion que pardonner les autres de leurs maladresses qui ont réveillé malgré eux cette souffrance en nous. Et ainsi, pardonner autrui, c’est l'accompagner à se pardonner lui-même de ses erreurs ayant généré la souffrance qu’il
éprouve.
 
Le Pardon comme un acte véritable et ultime d’Amour.
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés » dans le Notre Père. 
Nous n’avons pas forcément besoin d’un Dieu extérieur à nous mêmes pour cela. Et en même temps.. si cela nous aide?… A chacun sa voie. 
 
Grande cérémonie aujourd'hui. 
J'ai en outre de sérieux problèmes d'ordinateur avec des problèmes d électricité ici, fonctionnant au solaire, on est en hiver et il pleut, peu efficace...Je crois que ma batterie est grillée. Ça rend compliqué l écriture d'articles. Je verrais bien dans les prochains jours.
Je vous embrasse où que vous soyiez !

 

lecture 130 lectures
thumb 0 commentaire
0
réaction

Commentaire (0)

Tu peux soutenir les auteurs indépendants qui te tiennent à coeur en leur faisant un don

Prolonger le voyage dans l'univers Voyage
Paris (2024)
Paris (2024)

Crédits photographiques Jean-Marc Sire

Jean-Marc Sire
1 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur