

Halloween mortel
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Halloween mortel
Je me suis réveillée, le corps endolori et la tête lourde. Allongée sur un sol glacé, j'étais étourdie et perdue. Les souvenirs de la veille remontaient peu à peu, mais aucun n'aidait à expliquer ma présence ici. Hier soir, j'avais retrouvé mon groupe d'amis sur la plage. On riait autour du feu, partageant nos histoires les plus terrifiantes, le tout arrosé de whisky bon marché. C'était devenu une tradition pour Halloween depuis nos 14 ans. Une promesse tacite quoi qu'on fasse, où qu'on aille... Personne ne manquait jamais à l'appel. Pas même Ian.
Depuis mon accident, il y a quelques mois, je n'avais pas bu une goutte d'alcool. J'étais encore en convalescence et je ne tenais pas à risquer ma place au sein de l'équipe de volley. Je n'étais donc pas saoule, malgré cette gueule de bois terrible. Ça n'avait aucun sens. J'aurais dû être dans ma chambre, sur ce truc que l'université osait nommer lit, à me retourner pour échapper aux rayons brûlants du soleil. À râler après Wendy, ma colocataire et meilleure amie, pour qu'elle éteigne sa musique insupportable. Mais au lieu de cela, j'étais étendue sur ce plancher grinçant, gelée et meurtrie.
En m'appuyant sur mes mains, je me redressais et m'asseyais. La pièce tangua autour de moi pendant quelques secondes avant de devenir nette et stable. Un bourdonnement sourd m'étourdissait. Mon cœur battait la chamade. Mon front était perlé de sueur et la bile remonta le long de ma gorge. J'étais dans un sale état ! Et il me fallut plusieurs minutes de respiration lente et contrôlée pour me calmer. J'avais besoin de retrouver mes esprits pour comprendre où j'étais et pourquoi.
Quand je me sentis un peu mieux, je reportais mon attention sur mon environnement. La pièce était silencieuse. Un silence angoissant et irréel. Pas un cri d'insectes : les grillons si nombreux dans notre région avaient déserté les lieux. Pas un grincement de plomberie ni un craquement de la charpente. Seulement ma respiration haletante et les battements bruyants de mon cœur.
En recourant au peu de force qu'il me restait, je me mis debout. Mes jambes tremblaient et je savais que je ne tiendrais pas longtemps, mais je devais trouver un indice. Une explication. Je sortis précautionneusement de la pièce en m'aidant du mur. J'avançais lentement à travers l'immense couloir sombre en me risquant à ouvrir les portes devant lesquelles je passais. Malheureusement, toutes étaient fermées à clé.
Mon espoir se brisait à chaque pas, alors que je m'enfonçais un peu plus dans cette demeure sombre et terrifiante. J'arrivais devant la dernière pièce qui s'ouvrit dans un grincement sinistre avant même que je ne touche la poignée. Tremblante, je restais sur le seuil. Incapable de me résoudre à entrer. Une odeur d'humidité me piqua le nez et le froid ambiant mordit ma peau. Une fumée blanche s'échappait de ma bouche et un frisson intense me secoua le corps. Rien de tout ceci n'était normal.
Un bruissement me fit sursauter. Je n'étais pas seule. Je laissais mon regard balayer la pièce. Elle était vide. Aucun meuble. Juste un fauteuil roulant rouillé au centre et une grille bloquant l'unique ouverture calfeutrée. Rien n'y personne ne pouvait s'y cacher. Pourtant, le froissement continuait. De plus en plus fort. De plus en plus proche.
Affolée, je voulus partir, m'échapper pour retrouver un semblant de sécurité à l'endroit où je m'étais réveillée. Mais j'ai réagi trop tard. Je fus projetée contre le mur. La porte claqua et un hurlement sauvage brisa le silence. Les poils de ma nuque se hérissèrent alors qu'un souffle brûlant et nauséabond agita mes cheveux. Une main s'enroula autour de ma gorge. Je luttai, en vain. Je n'étais pas assez forte. Soudain, une griffe acérée accrocha ma peau et lacéra ma jugulaire. C'était fini. Une larme perla le long de ma joue et un sanglot silencieux traversa mes lèvres puis tout devint noir.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Diego Ortiz de Pixabay : Halloween Fauteuil Roulant Hôpital - Photo gratuite sur Pixabay

