

Une année de prépa médecine
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Une année de prépa médecine
Voilà un long moment que je n’ai pas refait un petit tour ici. Ai-je grandi depuis ma dernière publication dans cette Creative Room, ai-je pris en maturité ? Peut-être que oui ou peut-être que non.
Il est clair qu’en plusieurs mois d’absence sur Panodyssey, j’ai légèrement changé. Je ne saurais pas dire ce qui m’a le plus marqué lors de cette année scolaire : les cours, mes relations ou l’approche inexorable de ma majorité.
Approcher de l’âge des responsabilités
Malheureusement pour moi, le temps de mes après-midi de détente va bientôt disparaître, et il est plutôt étrange pour moi de me dire que j’arrive véritablement à mes dix-huit ans. Est-ce que cela me fait peur ? Pas spécialement, mais je mesure la différence avec la personne que j’étais il y a quelques années.
Les personnages des fictions qui grandissent, passant d’adolescents à adultes, sont très courant dans la littérature, et les exemples sont extrêmement nombreux. Cependant, le vivre est une expérience unique qui ne m’arrivera qu’une fois, et autant la coucher ici avant de l’oublier.
Que ce soit dans ma préparation des études de médecine que j’espère bien commencer l’année prochaine, la préparation du permis de conduire ou simplement la planification de mes années futures, j’amorce ici un tournant nouveau alors que j’ai l’impression d’avoir encore ma mentalité de gamin de quinze ans.
Passer de 15 ans à 40
« On dirait que tu es passé de 15 ans à 40 sans vivre d’adolescence ». Cette phrase m’a malgré moi marqué. Elle venait d’un homme qui, bien qu’adulte, se comportait plus comme un gamin, une qualité que j’aimais beaucoup. Et effectivement, quand je pense que ma seule crise d’ado a été de me rendre à un stage d’aïkido en étant blessé au genou contre les recommandations de ma mère, je me rends compte que j’ai été plutôt calme. L’instruction y était sans doute pour quelque chose : je n’avais aucun intérêt à me disputer avec elle, puisque sans elle, je n’aurais jamais réussi mes examens.
Mais plus d’une fois, ce manque de rébellion, de connexion avec les jeunes de mon âge me rend étonnamment ringard auprès de ces derniers. Je ne comprends pas l’envie de sortir tout les soirs, de boire en semaine, et encore moins le langage qu’ils ont et leurs expressions qui n’ont aucun sens. Et croyez-moi, j’en ai pâti lors de mon année de prépa médecine.
8 mois en Enfer
Enfer ? N’est-ce pas un mot un peu trop fort pour un établissement scolaire ? Pas spécialement, car je l’ai vécu ainsi personnellement. Je n’ai aucun talent de socialisation, je ne suis à l’aise que derrière un écran, je ne parle que si j’ai quelque chose à dire, et le reste du temps je me tais.
Je m’attendais à ce que des groupes soient déjà formé, ou se forment dans les premiers jours après la rentrée. J’ai tenté de parler, de m’intégrer un peu, avant d’abandonner de manière totalement volontaire l’idée de faire plus d’efforts.
Cela s’explique peut-être par les traits autistiques que nous avons découvert dans la famille, et que je semble en partie partager sans être à cent pour cent sur le spectre de l’autisme. Je hais les bavardages incessants que je trouve sans intérêt, je ne supporte pas les lumières vives (dit ainsi, on dirait un vampire). Et s’il y a bien une chose qui m’aura compliqué la vie dans cette classe, c’est le bruit ininterrompu que j’ai pu entendre.
Cependant, je ne suis pas un cas unique, d’autres enfants, adolescents et même adultes comprennent ce sentiment. Il m’était devenu tellement insupportable qu’en quelques semaines, j’ai acheté des écouteurs anti-bruit, que je portais une fois sorti de la maison, dans le bus, en classe jusqu’au début des cours, pendant les pauses et dès que la journée était terminée jusqu’à la maison.
Entre autre, ma motivation diminuait, le début des cours était long et peu passionnant, les réveils étaient matinaux et les journées longues (quoiqu’en apprenant les horaires des lycées français, le mien était un planning de colo de vacance). Paradoxalement, la meilleure période était celle des examens : des journées courtes, l’obligation de ne parler à personne, et la possibilité de rentrer tôt.
Peut-être aurais-je pu faire des efforts pour m’intéresser aux sujets de conversation des autres, mais quelque chose en moi me disais que si je ne pouvais pas rester tel quelque je suis, ça n’en valait peut-être pas la peine. Même mon apparence détonnait aux yeux de certains de mes camarades.
Le seul avec qui j’ai réussi à m’entendre à peu près simplement parce que nous partagions un ennui commun en cours d’algèbre était pourtant l’exact opposé, et avec peu de tact, m’a signalé que je n’étais pas très à la mode.
Ce à quoi je lui ai répondu que je savais que j’étais ringard avec une chemise classique, un pantalon ordinaire et des baskets Decathlon, mais que je l’assumais totalement.
Mais toutes ces différences dans une classe close, cela mène à un éloignement inévitable.
Se moquer de la solitude
S’il y a bien une chose que l’école à domicile m’a appris, c’est à travailler seul. Je n’ai jamais souffert de manger sans avoir quelqu’un avec qui discuter. En une phrase : la solitude me convient parfaitement. Les rares fois où quelqu’un m’interpellait, c’était pour résoudre des exercices, rarement pour parler de tout et de rien.
Mes pauses me servaient à écrire, dessiner, réfléchir, prendre de l’avance sur mon travail pour pouvoir lambiner en cours. Une tablette, un clavier Bluetooth, des écouteurs et une bonne musique, je n’en demande pas plus.
Finalement, j’ai arrêté les cours quelques semaines seulement avant la fin : l’atmosphère de travail inexistante, le bruit, les nombreuses insomnies, tout cela m’a déprimé et j’ai préféré m’arrêter avant de sombrer dans la dépression profonde. Peut-on parler d’abandon ? Peut-être. Cependant je n’aurais pas supporté cela jusqu’à la fin du mois de juin.
Voilà donc où j’en suis après huit mois, avec des relations qui se sont nouées, d’autre qui se sont solidifiées, d’autres qui se sont dénouées avant qu’elles ne cèdent en déchirant les fils. Que ce soit un presque jeune adulte avec un esprit de gamin ou celui d’un adulte véritable, je dois accepter d’être les deux.
Avec un peu de chance, mes prochaines publications ici parleront de médecine, d’université, mais toujours avec l’émerveillement d’un enfant

