

Prise de conscience
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Prise de conscience
J'étouffe. La sueur fiévreuse coule le long de mon dos raidi par le malaise. J'ai besoin d'air. J'ai besoin d'espace. Tout tourne bruyamment. Les gens autour de moi me dévisagent anxieusement, tout en fuyant désespérément mon regard. Aucun d'eux ne peut comprendre mon mal-être. Tous restent indifférents à ma douleur.
Les yeux tournés vers le ciel, je cherche une issue, mais je suis prise au piège entre ces geants de verre, de métal et de béton. Tout est gris. Artificiel. Les couleurs ont disparu, ou peut-être est-ce moi qui ne suis plus capable de les apercevoir. De les apprécier.
La gorge serrée, je voudrais crier. Hurler ma détresse. L'évacuer au plus loin de mon être, de mon âme. Mais je reste muette. Les sanglots silencieux secouent mon corps meurtris, compriment ma poitrine sensible. Respirer est une lutte permanente, presque violente. Penser est un combat épouvantable. Perdu d'avance.
J'ignore ce qui se passe. Pourquoi ce matin est si différent des autres. Pourquoi ma routine éternelle est si pesante. A mon réveil, plus rien n'avait de saveur, n'avait de sens. Une prise de conscience brutale et cruelle. Comme si j'étais restée aveugle toute ma vie. Comment ai-je pu ne pas m'apercevoir de la tristesse de mon quotidien ? Ne jamais ressentir la saudade de mon coeur... ce mal, teinté d'espoir et de mélancolie, qui me ronge. Qui m'oppresse. Je souffre d'une nostalgie que je ne comprends pas. D'un manque que je ne peux concevoir : j'ai tout pour être heureuse d'après les normes de notre société si moderne, si stérile. Sauf que ce n'est plus suffisant. Ce n'est plus satisfaisant.
Au milieu de ce chaos infernal, je me laisse tomber à genoux. Le visage baigné de larmes. Le souffle court. Je n'ai plus la force de résister. Ni d'avancer. Je reste immobile, contemplant les silhouettes fantomatiques des passants. Je ne sais pas ce que j'attends. Ce que j'espère. Peut-être un semblant d'humanité ou du réconfort, comme la caresse aimante d'une mère ou de la tendresse sécurisante d'un père. Juste un sourire...
— Je suis là...
Des bras forts entourent ma taille et une chaleur bienveillante m'enveloppe soudainement. On me berce lentement. Des mots apaisants résonnent à mon oreille, allégeant ma peine.
— Tu n'es plus seule. Je suis là...
Un sourire se dessine sur mes lèvres. Peut-être que mon espoir n'est pas vain. Que mon besoin n'est pas dérisoire.
Texte de L. S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Chloé Dupré de Pixabay : Ville Rue L'Architecture - Photo gratuite sur Pixabay

