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Épisode 18 - Lendemain difficile

Épisode 18 - Lendemain difficile

Publié le 22 oct. 2025 Mis à jour le 22 oct. 2025 New Romance
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Épisode 18 - Lendemain difficile

POV Lili

Le silence qui régnait dans ma chambre depuis le départ d’Anny était reposant, presque salvateur, bien que la solitude me laissât un goût amer dans la bouche. Ou peut-être était-ce l’excès d’alcool de la veille. La brume de l’ivresse m’avait apporté le réconfort tant recherché, me permettant d’oublier quelques instants toute cette histoire invraisemblable. Mais elle s’était bien vite dissipée, ne laissant derrière elle qu’une gueule de bois insupportable et un profond malaise.


À mon réveil, il ne restait rien de cette force, de cette bravoure qui me brûlait les veines. Ce matin, il ne restait que des larmes silencieuses et un cœur meurtri. Ce qui était assurément absurde, j’en convenais. Il ne s’était jamais rien passé entre nous. Juste quelques regards furtifs, quelques sourires fugaces. Des instants volés lors de nos révisions ou de nos travaux communs qui n’étaient en réalité que simple camaraderie. Et deux baisers. Fiévreux. Passionnés certes, mais rien de plus. Rien de sérieux. Aucun véritable flirt. Aucune réelle promesse…


Alors, pourquoi avais-je le sentiment d’avoir perdu un trésor inestimable, de ceux que l’on ne retrouve jamais ? Pourquoi avais-je la sensation douloureuse de renoncer à l’amour de ma vie ? Totalement ridicule ! Je détestais être si faible et vulnérable. Brisée pour si peu.


Je laissai échapper un cri de rage, envoyant mon oreiller contre la porte juste au moment où mon père apparut dans l’embrasure.


― Bonjour ma chérie. Quel accueil ! sourit-il en entrant dans ma chambre. Inutile que je te demande comment s’est passée ta soirée…


Je grognai, repliée sous ma couverture comme un animal apeuré. Je n’avais aucune envie de discuter de la veille. De revivre cet enfer. Je voulais simplement être seule pour broyer du noir et m’apitoyer sur mon sort. De me sentir comme n’importe quelle fille de mon âge après une déception amoureuse. Et l’idéal serait d’avoir un énorme pot de glace au chocolat et une comédie romantique débile.


Le lit s’enfonça à ma droite et je lâchais un soupir résigné en réalisant que mon père était bien décidé à rester. Qu’il ne partirait pas tant qu’il ne serait pas convaincu que tout allait bien.


― Anny ne devait pas passer la journée avec toi ?


L’inquiétude dans sa voix me serra le cœur. J’osai à peine le regarder, le visage baigné de larmes, et fis non de la tête alors qu’un sanglot muet me comprimait la poitrine.


― Non… Elle est parti il y a pas longtemps. Déjeuner familial obligatoire…


Il s’approcha de moi et essuya tendrement mes joues tout en acquiesçant silencieusement. Mon père. Mon roc. Toujours là pour moi, dans mes moments de peine et de joie. Je l’observai alors qu’il prenait soin de moi. Ses cheveux ébène étaient parsemés de mèches argentées. De nouvelles rides étaient apparues au coin de ses yeux sombres et sur son front. Il semblait plus vieux. Plus soucieux. Quand cela était-il arrivé ?


Je constatai alors qu’il portait son beau costume gris. Celui qu’il réservait aux réunions importantes.


― Tu vas travailler ? Un dimanche ? lui demandai-je presque paniquée en me redressant.

― Oui. Désolé, ma chérie. Si j’avais su que tu serais seule je n’aurais jamais accepté.


Je fondis dans ses bras, comme lorsque je n’étais qu’une petite fille, étouffant un gémissement. Le nez enfoui dans sa chemise noire, je respirai son odeur réconfortante.


― Pas grave… soufflai-je en haussant les épaules. Je vais rester ici. J’ai plusieurs épisodes de ma série préférée à rattraper.


Il recula et m’observa un instant, l’air inquiet. Je lui adressai un sourire rassurant, tentative vouée à l’échec : mes yeux bouffis, mes joues humides et mon nez rougi devaient me donner une apparence lamentable. Il fronça les sourcils, hocha la tête, sans un mot, avant de m'embrasser sur le front puis s’en alla. Avant de disparaître dans la pénombre du couloir, il se retourna et me somma de l’appeler si besoin. Quelle qu’en soit la raison. Puis, sans attendre de réponse, il referma doucement la porte derrière lui, m’enfermant dans le silence froid et angoissant.


Mon téléphone vibra et je fus soulagée de voir qu'il ne s'agissait d'un message de ma meilleure amie.


Anny. 10h30 SMS : Toujours pas décidée à venir ? Je peux passer te prendre.

J’ai même la tenue parfaite pour toi 😉.


Moi. 10h32 SMS : Non, pas la force. La vodka m’a tuée hier soir. C’est la dernière fois que je te laisse essayer de me consoler !

Je peux pas rencontrer ton oncle dans cet état… 🤮🤕


Anny. 10h35 SMS : OK, comme tu veux. Mais je vais interroger ma tante et Logan.

Tu ne pourras pas m’en empêcher ! 😈


J’étouffai un cri dans mon traversin en jetant mon téléphone plus loin sur mon lit. La situation m’échappait complétement, mais cette fois-ci, je refusais de n’être qu’une victime. Cette fois-ci, je ne permettrai à personne de me détruire.



POV Logan


― Salut, cousin !


À peine arrivé, qu’Anny me sautait au cou, comme elle en avait l’habitude, mais son sourire éclatant s’évanouit dès qu’elle aperçut la silhouette siliconée de Morgan derrière moi. Elle recula aussitôt, la colère déformant ses traits.


― Qu’est-ce qu’elle fout là, cette garce ?


Morgan fit un pas et m’attrapa le bras, ses ongles rouges s’enfonçant violemment dans mon biceps. Je serrai les dents pour ne pas grimacer de douleur.


― Chéri, tu vas vraiment la laisser me parler comme ça ?


Je lui offris un sourire, vide et faux, puis me retournai vers Anny, le regard suppliant. Lili lui avait tout raconté, la veille, lors d’une soirée entre filles bien arrosée, et je le savais grâce au vocal qu’elles m’avaient envoyé vers 1 h du matin. Je n’étais pas certain d’avoir tout compris, entre leurs gloussements et leurs propos incohérents. Lili ne cessait de clamer qu’elle n’était pas faible, répétant qu’elle n’avait besoin de personne pour la sauver. Qu’elle n’avait pas besoin de moi pour jouer les héros. Ensuite, elles avaient énuméré tous les supplices qu’elles rêvaient d’infliger à Morgan, allant des laxatifs mélangés à sa boisson détox à la crème dépilatoire dans son shampoing. J’avais écouté son message encore et encore, juste pour le plaisir éphémère d’entendre son rire. Je fermais les yeux, imaginant me trouver avec elles, Lili blottie dans mes bras. Désirant la faire taire d’un baiser chaque fois qu’elle disait ne pas en valoir la peine, et la taquiner chaque fois qu’elle affirmait vouloir se venger du monstre qui me servait de copine. Mais Lili n’était pas ainsi. Elle ne faisait pas de mal aux autres. Elle était trop pure. Trop douce. Ce qui faisait d’elle une proie facile pour les filles comme Morgan, mauvaises et sans scrupules.


― Anny, il faudra que tu te fasses à sa présence. Morgan est ma p’tite amie et mon invitée, alors arrête.


Ma cousine acquiesça sans un mot, une colère sourde se reflétant dans ses yeux. Mon ton froid ne laissait aucune place à la discussion, mais mon visage trahissait mon inquiétude face à l’inévitable désastre si elle ne daignait pas jouer le jeu.


― Chéri, j’ai besoin de me rafraîchir. Où se trouvent les toilettes dans cette immense maison ? roucoula Morgan comme si tout était normal.

― Au bout du couloir, à droite, répondis-je machinalement sans lui accorder la moindre attention.

― Attends-moi, je ne serai pas longue… minauda-t-elle avant de poser un baiser humide sur ma joue et de s’en aller en balançant ses hanches de façon obscène.


À l’instant où le diable en talons aiguilles disparut dans la salle de bain, Anny me gifla.


― Comment as-tu pu l’amener ici ? cracha-t-elle. Cette sorcière n’a rien à faire chez tes parents. Elle est dangereuse.


J’attrapai son poignet alors qu’elle s’apprêtait à me frapper à nouveau, le tenant fermement pour l’immobiliser et l’inciter à se calmer. Morgan ne devait pas nous entendre nous disputer.


― Tu crois vraiment que j’ai eu le choix ? C’était son idée. Elle m’a coincé hier après l’entraînement et elle était prête à diffuser une photo peu flatteuse de Lili, si tu vois ce que je veux dire.


D’un mouvement brusque, Anny me fit la lâcher avant de pointer son doigt accusateur sur ma poitrine. Elle était petite, mais redoutable, toujours prête à se battre pour ceux qu’elle aimait.


― Oh, je vois parfaitement ce que tu veux dire. Lili m’a tout raconté et je te déteste pour ça. Il a fallu que tu te tapes cette garce et que tu jettes ensuite ton dévolu sur Lili. Je t’avais pourtant dit de rester loin d’elle. Je t’avais supplié et tu m’avais promis ! Mais non… Monsieur Logan fait ce qui lui chante sans penser aux conséquences ! Et Morgan ? Qu’est-ce qu’elle veut au juste ? Pourquoi venir ici et jouer les petites amies parfaites ?


Je laissai échapper un long soupir, massant la nuque d’un geste vain. La tension entre mes épaules était insupportable, écrasante. J’ignorais ce que Morgan avait en tête. Pourquoi elle avait tant insisté pour m’accompagner aujourd’hui.


― Elle me soupçonne d’être allé à la soirée de vendredi soir, OK !chuchotai-je en guettant le couloir. Comment ? Je sais pas, putain ! Mais elle était furax. Alors je lui ai dit que je ferai tout ce qu’elle voulait pour qu’elle n’appuie pas sur « Envoyer ».


Ma cousine me fusilla du regard et m’insulta de crétin. Je méritai bien pire.


― Je sais…


Après un bref silence, elle m’asséna un coup violent dans le bras, les yeux écarquillés de panique.


― Attends. Tu crois quand même pas que c’est elle ta future fiancée ? Ton père n’oserait pas…


Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le bruit des talons de Morgan résonnait dans le couloir, se rapprochant à une vitesse qui me donnait le tournis. Ou étaient-ce les paroles d’Anny ?


Une sueur glaciale glissait le long de ma colonne vertébrale. La nausée me serrait la gorge et mon cœur frémit d’horreur. Qu'avais-je accepté?



Texte de L. S. Martins.

Image par Khusen Rustamov de Pixabay


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