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Épisode 14 - Chercher des alliés

Épisode 14 - Chercher des alliés

Publié le 26 juil. 2024 Mis à jour le 8 oct. 2025 New Romance
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Épisode 14 - Chercher des alliés

POV Logan


Ce matin, mon intention n’a jamais été de me comporter comme le dernier des salauds avec Lili. Non, je voulais juste prendre mes distances pour la préserver de la folie de Morgan. C’était si naïf de ma part de croire que je pourrais gérer la situation tout en continuant à collaborer avec elle sur notre projet informatique. J’étais trop aveugle et refusais de perdre les seuls moments en dehors du terrain où je me sentais enfin à ma place. Ces heures ensemble n’étaient jamais de la séduction – même si j’étais incapable de ne pas flirter quand il s’agissait de Lili –, nous nous découvrions lentement à travers cette passion commune. Durant ces instants volés, je m’étais surpris à mémoriser chaque détail de ses iris ambrés, à enregistrer chaque son et moue qu’elle faisait lorsqu’elle était contrariée, concentrée, fatiguée ou excitée. Son parfum de vanille était addictif. J’étais totalement captivé par cette fille et j’attendais avec impatience le lundi matin. Toutefois, Morgan avait d’autres plans en tête.


Elle refusait que je m’approche de Lili, animée par un désir de la blesser et de l’humilier. Pour elle, je n’étais rien de plus qu’un vulgaire jouet, un instrument à manipuler, et il lui était impensable que je puisse échapper à son emprise, même pour quelques minutes. Je n’aurais pas dû être surpris, après tout, je connaissais Morgan depuis des années déjà. Elle avait toujours été ainsi : une fille à papa capricieuse, déterminée et dangereuse sans sa beauté presque angélique. Et quand elle m’avait poussé dans les WC, usant de son pouvoir de capitaine des pom-pom girls pour effrayer tous les pauvres mecs présents, je l’avais laissée faire. Je n’avais rien dit lorsque tous ces abrutis étaient sortis en me lançant des regards admiratifs et envieux. Je ne me faisais pas confiance à cet instant et je ne me risquerais pas à énerver à nouveau Morgan, surtout avec des enjeux si élevés. Je préférais endurer cette nouvelle rumeur qui devait déjà circuler : « Logan et Morgan s’envoient en l’air dans les chiottes du lycée ! ». J’en avais la nausée, mais elle me tenait.


Entre deux gémissements feints, Morgan dévoilait son vrai visage. Elle exigea de moi que je travaille exclusivement avec elle sur tous les projets. Que je profite de mon aura de meilleur joueur et de bon élève pour obtenir des professeurs tout ce qu’elle voulait. Voilà pourquoi M. Ferguson avait demandé à Lili de faire équipe avec Lucas, un choix malheureux, mais inévitable. Voilà pourquoi je l’avais forcée à renoncer à notre application d’analyse d’images, la condamnant à se concentrer sur le développement d’un jeu minable et sans intérêt. Je savais pertinemment qu’elle espérait valoriser cette expérience dans son CV pour décrocher le stage de ses rêves, mais, même si je me détestais pour ça, la colère de Morgan était bien plus dangereuse et dévastatrice que celle de Lili.


Adossé aux casiers, je contemplais la foule s’agiter dans les couloirs. Le parfum entêtant et la voix crispante de Morgan me causaient un mal de crâne insupportable, mais rien de comparable à ce que j’avais éprouvé en croisant le regard de Lili en sortant de la salle. Ses yeux brillaient de douleur, de mépris et de rage, et j’en voulais à Ryan de ne pas avoir été là pour elle. Il avait passé l’heure à chuchoter et rire avec Camilla. J’avais surpris Lili essayant d’attirer son attention, d’établir un contact visuel avec lui, certainement pour trouver un peu de réconfort, mais il n’avait rien remarqué ! Qui reste toute la nuit auprès d’une telle déesse pour ensuite l’ignorer ?


― Tu m’écoutes, Logan ? siffla Morgan en enfonçant ses ongles dans mon bras.


Non, bien sûr que non. J’en ai absolument rien à foutre de toi et de tes histoires à la con !


C’était la seule réponse que j’avais envie de lui donner, mais inutile de mettre plus en colère cette furie. Je serrai les poings si fort que ça en devint douloureux, les yeux rivés sur elle. J’affichai un faux sourire, essayant désespérément de dissimuler mon dégoût avant de lui demander gentiment de m’excuser et de répéter.


― Ce n’est rien, mon chéri… roucoula-t-elle avec une hypocrisie manifeste. Je te disais simplement que je devais aller en cours, mais qu’on se verrait à notre table avec les autres pour la pause dej. Ce serait bien d’officialiser notre relation. Je sais bien que certains seront surpris et que je vais briser beaucoup de cœurs, mais tous ceux qui s’opposent à notre bonheur ne sont pas dignes d’être nos amis !


Officialiser notre relation ? S’opposer à notre bonheur ? Pourquoi avais-je l’impression que toute cette histoire ressemblait à une demande en mariage ? Je respirai profondément pour ne pas rendre mon petit-déjeuner.

N’attendant aucune réponse de ma part, elle déposa un léger baiser sur mes lèvres avant de s’éclipser, suivie de ses groupies.


La sonnerie retentit, marquant le début d’un nouveau cours. Les derniers retardataires courraient dans les couloirs pendant que je réfléchissais à ce que l’avenir me réservait. Normalement, j’aurais rejoint Lili à la bibliothèque pour discuter ou juste pour l’observer lire, mais pas aujourd’hui. Je savais pertinemment que Morgan gardait un œil sur moi. Et Sophie, sa meilleure amie, avait presque le même emploi du temps que moi ; ce serait la sous-estimer que de croire qu’elle n’avait pas pour mission de m’espionner. Putain !


L’âme en peine, je filai au gymnase pour un entraînement individuel avec le coach. Jouer au football avait toujours un effet positif sur moi quand j’étais au plus mal. Être sur le terrain me permettait de tout oublier et j’en avais besoin. Le regard troublé de Lili me hantait, attisant ma rage et mon dégoût.


Pendant ces deux heures, j’avais enchaîné les exercices intensifs en salle de musculation, visant à améliorer ma vitesse et mon agilité, avant de terminer par quelques tours de piste. À la fin, j’étais complètement épuisé. J’avais profité de ce temps pour réfléchir à la discussion que j’avais eue avec mon père la veille. Il était si ravi que je capitule enfin qu’il n’avait pas cherché à négocier mes exigences : le stage, les études et les fiançailles après l’obtention de mon diplôme. Le soir même, j’avais un contrat stipulant notre accord. Ma mère avait tenté d’intervenir, mais il l’avait renvoyée dans les cuisines en bon connard qu’il était. Il me donnait une semaine pour l’examiner et le signer. Passé ce délai, notre arrangement devenait caduc et il menaçait de me mettre à la porte. Je devais trouver un avocat non corrompu pour ne pas me faire avoir. Je connaissais bien Philip Cohnrad, alias mon père : il n’acceptait aucun contrat qui n’était pas à son avantage, mais je ne pouvais pas le laisser gagner.


― C’est quoi ce bordel, Logan ? s’écria Anny en entrant comme une furie sur le terrain.

― Bonjour, ma chère cousine. Comment s’est passé ton week-end ? Le mien ? Vraiment merdique, merci de demander !


Elle traversa la pelouse à grandes enjambées et se planta juste devant avant de me donner une gifle.


― Je viens d’apprendre que non seulement tu es avec l’autre folle, mais en plus tu as laissé tomber Lili pour votre projet ! C’est quoi ton problème ?

― Les nouvelles vont vite ! m’exclamai-je.

― Tu ne démens pas ? s’emporta Anny.

― Pourquoi faire puisque c’est vrai ?


Elle me dévisagea, ne sachant quoi répondre. Ou peut-être espérait-elle que je lui annonce que tout ceci n’était qu’une farce de mauvais goût. J’aurais préféré aussi que ce ne soit qu’une pitoyable tentative de blague, mais tout lui avouer était trop dangereux. Anny pouvait se montrer impulsive et elle n’avait pas sa langue dans sa poche. En lui expliquant, je prenais le risque qu’elle balance ses quatre vérités à Morgan sous l’effet de la colère. Alors, qu’elle me déteste, tant que Lili restait à l’écart de ce désastre.


Après quelques instants, elle secoua la tête en soupirant, visiblement déçue de ce que je venais de lui révéler, et s’éloigna, me laissant seul avec mes démons.


***


― Ce n’est pas parce que vous avez gagné vendredi que vous devez jouer comme des fillettes, aujourd’hui ! hurla le coach depuis le bord du terrain.


Depuis le début de l’entraînement, je cumulais les erreurs et Steve et Ryan ne manquaient jamais de les exploiter. Ils me poussaient tous deux à la faute. La dernière interception de Ryan en était une démonstration accablante. La tension était palpable. Comme si toute l’équipe s’était liguée contre moi. Et je détestais ça, putain !


― Vous allez arrêter vos conneries ? cria le coach après que Ryan m’ait plaqué si violemment que je voyais encore des étoiles.


Je me relevais, étourdi, enlevai mon casque et le jetai au sol avant de me ruer sur Ryan, décidé à lui dire le fond de ma pensée. Cet enfoiré avait emballé ma nana dans mon dos, flirtait avec une autre et venait m’emmerder dans mon stade !


Je le bousculai furieusement, le faisant trébucher, et me plaçai devant lui, le défiant de m’affronter. La rage et le mépris brillaient dans ses yeux. Il se remit debout lentement, mais pas un son ne sortit de sa bouche.


― C’est quoi ton putain de problème ? explosai-je.


Avant qu’il ne réponde, le coach Adams apparut entre nous nous expulsant sans aucune cérémonie du terrain.


― L’entraînement est terminé ! aboya-t-il. Et vous deux, dans mon bureau. Tout de suite !


Tandis que les autres se précipitaient vers les vestiaires dans une ambiance pesante et électrique, Ryan et moi restions en retrait, suivant Adams, comme deux condamnés à mort.


― Je ne sais pas ce qui se passe entre vous, commença-t-il après s’être installé dans sa chaise en cuir. Et je ne veux pas savoir. Ce n’est pas la première fois qu’il y a des tensions entre vous. À vrai dire, ça fait plusieurs mois que ça dure maintenant. Jusque-là, Logan, tu as toujours gardé ton sang-froid et, le plus important, tu avais le respect de tous les joueurs. Mais ce que j’ai vu aujourd’hui ne doit jamais se reproduire. Pas si vous voulez revenir sur le terrain un jour !


Les paroles du coach résonnaient en moi comme une violente déflagration, me laissant une impression d’échec accablante. Je savais que perdre ma place de QB signifiait la fin de tous mes espoirs. Mon avenir dépendait de mon jeu, surtout si je souhaitais avoir une porte de sortie au contrat avec mon père. Mais il avait raison. Je m’étais moi-même exclu de la vie de l’équipe, inventant toujours une excuse pour éviter mes coéquipiers.


― J’ai merdé, avouai-je en soufflant. Désolé, coach, ça n’arrivera plus…


Adams me dévisagea pendant plusieurs minutes dans un silence pesant qui décourageait toute tentative de discussion. Ryan, de son côté, restait parfaitement impassible, sans un mot pour me défendre. Ses mâchoires étaient crispées et ses pupilles dilatées par la colère. Et j’avais une vague idée de ce qu’il pouvait me reprocher.


― C’est votre dernière chance. Cohnrad, la prochaine fois que tu perds ton calme sur le terrain, tu es suspendu. Quant à toi, Chase, si jamais tu blesses encore un joueur, pas la peine de montrer ton cul pendant un mois ! Je me suis bien fait comprendre ? Maintenant, sortez !


Après un merci silencieux au coach, je filai dans les vestiaires sans même attendre Ryan. J’avais besoin d’une douche et surtout de temps pour réfléchir. Je priais pour que les autres soient déjà partis, mais c’était peu probable. Ces gars étaient pires que des gonzesses : il leur fallait une éternité pour se préparer !


Derrière la porte, je fus surpris de ne trouver que Steve et Ethan debout devant leur casier, serviette nouée autour de la taille.


― Il ne reste que nous, annonça Ethan d’une voix froide et sèche sans même regarder vers moi.


Évidemment, la nouvelle de ma relation avec Morgan et de son cinéma en informatique avait déjà fait le tour du lycée. Personne ne s’était donné la peine de confirmer la véracité de cette rumeur. Pas même mes « amis » qui m’avaient condamné sans m’accorder le bénéfice du doute. Pour eux, j’étais coupable. J’avais trahi Lili sans l’ombre d’un remords. Ce qui en disait long sur ce qu’ils pensaient réellement de moi !


Parfait. Je ne voyais pas l’intérêt de perdre mon temps avec eux. Je ne leur devais aucune explication. Ignorant leur présence, je me débarrassai de mon équipement avant d’aller me laver. Je n’avais pas l’intention de traîner ici plus que nécessaire.


La porte du vestiaire claqua, puis un Ryan en colère surgit à ma droite, coupant l’eau d’un geste brusque. Tout espoir de tranquillité s’envola en une seconde.


― C’est quoi ton putain de problème ? Vendredi, tu me dis que tu es fou de Lili, et ce matin tu es quasi en train de baiser Morgan en salle de cours, rugit mon meilleur ami.


Tout mon corps se raidit et une vague de dégoût me serra le ventre. Il n’avait pas totalement tort. Je n’avais absolument rien fait pour justifier les bruits indécents qui sortaient de la bouche de Morgan. Mais je ne l’avais pas arrêtée. Elle s’était frottée contre moi, comme une chatte en chaleur, et je ne l’avais pas repoussée.


Les paumes à plat sur le mur carrelé de blanc devant moi, les yeux fermés, je lâchai un long soupir chargé de résignation, sentant le regard assassin de Ryan transpercer l’arrière de mon crâne. Les bienfaits de l’eau chaude sur mes muscles furent de courte durée. J’étais épuisé et, malgré mon plan et ma détermination à protéger Lili, je n’étais pas certain d’y parvenir seul. J’avais besoin d’alliés.


― Elle menace de dévoiler des images de Lili… soufflai-je d’une voix presque inaudible.

― Quoi ?

― Morgan. Charlène, sa cousine, vient du même lycée que Lili et…

― Oh putain ! La vidéo ? demanda Ryan pas le moins surpris.

― Attends ! m’exclamai-je. Tu es au courant ?


Mon meilleur ami m’observa quelques secondes, son expression trahissant une colère froide mêlée à autre émotion obscure que je n’arrivais pas à saisir. Il finit par m’avouer que Lili lui en avait parlé dimanche. Il sembla hésiter, le regard baissé, presque accablé. Puis, sans un mot, il sortit des douches, attrapa une serviette et s’en enveloppa.


Le laisser partir ainsi était impensable. Je ne pouvais pas rester dans l’ignorance. Furieux, je le suivis sans perdre un instant, convaincu qu’il me cachait quelque chose de crucial et de grave. Mon sang était en ébullition, et son mutisme ne faisait qu’attiser la frustration qui me consummait.


― J’ai vu la vidéo, Ryan ! admis-je. Elle… Lili… elle était pas dans son état normal et…


Je déambulais, comme un fou, à la recherche des mots justes, essayant vainement de chasser cette vision de Lili, quand Ryan se décida enfin à parler. Sa voix était tendue, presque douloureuse.


― Ce n’est pas à moi de te le dire, mais…

― Mais quoi, Ryan ? insistai-je à bout de nerfs.

― Elle a été droguée, cria-t-il. Droguée et violée pendant une soirée par Éric Grant.


Mes jambes se dérobèrent sous mon poids et je me suis écroulé sur le banc derrière moi. Ses mots m’avaient frappé comme un coup de massue. Haletant, l’esprit confus, j’essayai d’assimiler la bombe qu’il venait de me lâcher. Droguée et violée. Et ce salaud avait eu le culot de filmer.


Je n’avais jamais été violent, mais à cet instant précis, j’éprouvais une telle rage que j’aurais pu commettre l’impensable.


Éric Grant…


― Pourquoi ça me dit quelque chose ?

― Parce que c’est le putain de QB des Jaguars de Blarebeach.


Je comprenais enfin pourquoi ce nom m’était si familier. Le coach avait suggéré, la semaine dernière, que j’étudie ses vidéos de matchs. Éric était vraiment doué et, comme moi, il attirait l’attention des recruteurs.


― Comment… ?

― Comment il a pu s’en sortir ? me coupa Ryan. Je me suis posé la même question quand Lili m’a tout raconté. Mais l’histoire est toujours la même : père plein aux as, star locale montante et surtout…


Mon ami se laissa tomber sur le banc, libérant un soupir lourd de résignation. La tête baissée, les mains dans les cheveux, ses jambes s’agitaient, témoignant d’une colère et d’une anxiété qui semblait le ronger de l’intérieur.


― Lili a refusé de porter plainte… finit-il par avouer.


Évidemment. Comme tant d’autres victimes, Lili n’avait pas voulu se confier à la police. Elle n’avait pas osé, terrifiée à l’idée de ne pas être crue. Ne désirant pas attirer plus l’attention sur elle et subir la honte d’une humiliation supplémentaire, elle avait choisi le silence, laissant son désespoir s’envenimer au cours de ces derniers mois.


― Mais, et la vidéo ?

― On ne voit jamais le mec, m’expliqua Ryan. Sur aucune des images qui ont circulé dans son ancien lycée.

― Attends ! Les images qui ont circulé ?


Ryan posa une main sur mon épaule avant de me répondre :


― Ils l’ont détruite, Logan. Ils se sont acharnés sur elle. C’est une putain de battante. Une survivante. Mais elle ne se relèvera jamais si elle devait revivre ça. Si Morgan diffuse ces photos…

― Ça n’arrivera pas, affirmai-je. Je m’occupe de Morgan.


Il hoche la tête avant de me demander ce que la capitaine des pom-pom girls espérait obtenir en contrepartie.


― Moi, lâchai-je sèchement.


Un rire m’échappa. Un son amer et légèrement hystérique.


― Mec, soupira Ryan. Tu devrais en parler avec Lili. Lui expliquer.

― Pour quoi faire ? Je ne veux pas la faire souffrir.

― Parce que tu crois que te voir avec Morgan collée à toi H24, ça ne la fait pas souffrir ? s’emporta mon ami.

― Je sais que tu as passé la nuit avec elle, rayai-je en repoussant sa main toujours sur mon épaule.


Ryan me regarda fixement, abasourdi. Il ouvrit la bouche plusieurs fois, sans que ne sorte le moindre son. J’avais vu juste. Secouant la tête, déçu par le comportement de celui que je considérais comme un frère, je me levai, enfilai mon jean et mes chaussures puis saisis ma veste pour partir.


― Écoute, Logan. Lili est comme une sœur pour moi. J’ai passé la nuit assis devant sa porte, dans le couloir, à l’écouter pleurer, hurler et gémir de douleur. Ce n’est qu’au petit matin qu’elle a bien voulu me laisser entrer dans sa chambre. Elle est restée silencieuse pendant des heures. Puis, elle m’a tout raconté. Toutes les atrocités qu’ils lui ont fait subir… Elle a vécu l’enfer, mec.


Il se tut brièvement, semblant désirer que je réagisse, que je réponde, mais aucun mot ne put franchir mes lèvres serrées.


― Tu es le premier depuis cette nuit horrible, reprit-il d’une voix durcie de conviction. Elle a paniqué. Une seconde, elle était dans tes bras et celle d’après elle était avec cet enfoiré. Mais elle ne regrette rien. Je pense même qu’elle en pince pour toi. Enfin, avant que tu ne fasses le con avec Morgan ce matin.

― Vraiment ?


Je déglutis difficilement, rongé par l’espoir vain que tout n’était pas perdu entre Lili et moi. Je me tournai vers lui pour m’assurer qu’il me disait la vérité. Qu’il ne se moquait pas de moi. Ryan, avec un sourire sincère, mais triste, acquiesça silencieusement.


― Je crois qu’elle a le droit de savoir, m’annonça-t-il en se levant. Pour les images et ton comportement de connard.

― Elle ne voudra jamais m’écouter…


Je ne pouvais pas l’en blâmer, après tout, comment pourrait-elle encore accepter ne serait-ce que de me voir après tout le mal que je lui avais causé aujourd’hui ?


― Ouais… Mais tu as de la chance, j’ai un faible pour les histoires à la Roméo et Juliette, m’avoua bêtement Ryan en passant un bras autour de mes épaules.

― T’es au courant qu’ils meurent tous les deux à la fin ?


Il fit un léger signe de la tête sans jamais perdre son sourire idiot et satisfait.


― Et que Morgan me surveille, continuai-je quelque peu vaincu. Je peux pas approcher Lili sans qu’elle ne le découvre…

― Pour ça, j’ai un plan. Tu me fais confiance ?


Sans me laisser le temps de répondre, il m’ébouriffa les cheveux tout en resserrant son étreinte amicale autour de mon cou, puis m’entraîna hors du stade.


― Alors, on va au Dean’s ? L’équipe a besoin de voir son QB une bière à la main… et toi, de te changer les idées.

― OK, marmonnai-je hésitant.



Texte de L. S. Martins (120 minutes chrono, sans relecture).

Image par No-longer-here de Pixabay

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