Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
avatar
Épisode 17 : Le chaos

Épisode 17 : Le chaos

Publié le 19 déc. 2024 Mis à jour le 17 oct. 2025 New Romance
time 17 min
0
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 0 commentaire
lecture 433 lectures
2
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 5 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

Épisode 17 : Le chaos

POV Logan

La voir s’éloigner me déchirait le cœur. C’était sans doute la dernière fois que je la tenais dans mes bras, que je respirais son parfum sucré. Que je goûtais à la douceur de ses lèvres. Son corps, blotti contre le mien, comme s’il avait été créé pour moi.


La tristesse qui brillait dans ses yeux, alors qu’elle réalisait que jamais nous ne serions ensemble, résonnait douloureusement en moi. Un poids accablant pesait sur ma poitrine. Une soudaine lucidité me frappa, amplifiant mon malaise : j’étais fou de Lili, mais quelle importance ? J’étais un Cohnrad. Une vieille famille qui privilégiait les mariages de convenance. Où l’amour n’était qu’un concept étranger, tout comme le divorce. Et mon père avait veillé à ce que mon avenir soit sombre et vide de sens. Il avait compris que j’étais désespéré. Que je signerais quoi qu’il arrive.


― Putain ! criai-je alors que Ryan se glissait à travers l’ouverture de la porte.

― Comment ça s’est passé ? me demanda mon meilleur ami l’air inquiet.


Plutôt bien, en réalité, concédai-je. Sans scène…


Ryan hocha légèrement la tête, son regard préoccupé fixé sur moi. Le bruit sourd de la musique vibrait à travers les murs, aussi fort que les battements de mon cœur contre ma cage thoracique.


― Et maintenant ?


Mes épaules s’affaissèrent. Désormais, je devais accepter cette réalité cruelle que Lili ne ferait jamais partie de mon avenir. Je devais vivre en sachant ce que c’était que de la tenir dans mes bras, de sentir sa chaleur, sans jamais pouvoir l’approcher ni même lui parler. En sachant qu’elle partageait mes sentiments, ma douleur et que j’étais impuissant.


― Je vais continuer à être le gentil toutou de Morgan jusqu’à ce qu’elle ne soit plus un danger pour Lili. Et ensuite, je jouerai le jeu de mon père. Avec un peu de chance, ma dulcinée ne sera pas aussi insupportable que cette garce qui me colle au cul actuellement.


Ryan se laissa tomber sur le lit, à mes côtés, le regard empreint d’incrédulité.


― Tu vas vraiment le faire ? Accepter toute cette connerie de mariage, je veux dire.


Je poussai un soupir fatigué tout en passant ma main sur mon visage, comme pour y effacer l’angoisse. Je déglutis avec difficulté, le goût âpre de cette situation désastreuse s’accrochant à ma langue.


― Je n’ai pas vraiment le choix, grommelai-je. On ne peut pas rompre un contrat avec Philip Cohnrad sans y laisser sa peau. J’ai encore quelques années pour m’amuser. Tout ce que j’ai à faire c’est m’éloigner de Lili et d’enterrer profondément mes sentiments. De l’oublier…


La douleur me serra la gorge avec une intensité insupportable. Je parvins à étirer mes lèvres en un sourire faux et froid avant d’ajouter d’un ton cynique :


― Du sexe et du football ! Le paradis, mec !


Ryan se tourna vers moi, les yeux plissés, quelque peu désabusé. Il n’était pas dupe : lui seul connaissait le véritable Logan, celui que je dissimulais derrière cette façade écœurante de play-boy égocentrique.


― Et tu sais déjà qui tu vas devoir épouser ?


Je fronçai les sourcils et secouai la tête, fatigué par cette situation totalement absurde.


― Non… soufflai-je. Son nom doit bien figurer sur une des pages du contrat que j’ai signé, mais j’ai refusé de lire le paragraphe sur le mariage. Je m’en fous. Tout ce qui compte c’est Lili… et puis, tant que je sais pas, c’est pas réel… Tu comprends ?


Il hésita. Un silence tendu s’installa pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’il décide de le rompre.


― Ou alors tu découvres qui c’est, tu vas la trouver et tu le persuades d’annuler cet accord délirant. Qui sait, elle ne…

― Pas maintenant, le coupai-je brutalement. Je vais pas tout faire foirer avant d’avoir obtenu ce que je veux de cet accord.


Ryan acquiesça, sans réelle conviction, mais il n’insista pas davantage. Il se leva pour rejoindre Lili et les autres en bas. Avant qu’il ne disparaisse, je l’interpellai pour une dernière faveur.


― Prends soin d’elle, s’il te plaît.


Nos regards se sont croisés et je n’ai pas eu besoin de plus. Aucun mot n’était nécessaire. Une certitude m’envahit : je pouvais compter sur lui. Peu importe ce qu’il se passerait, il serait toujours là pour la protéger. Pour veiller sur elle.


POV Lili


En sortant de la chambre, je m’étais précipitée dans la première salle de bains que j’avais trouvée. Celle qui avait été témoin de mon premier baiser avec Logan. J’avais fixé de longues minutes cette jeune fille que je m’étais promis de ne plus jamais être : une créature fragile et brisée. Une victime. Devant le miroir, le cœur lourd, j’avais passé mes mains mouillées sur mes joues rougies puis enroulé mes doigts autour de ma nuque, la fraîcheur apaisant les tensions, sans étendre les flammes qui dansaient dans mes yeux dorés. Après avoir calmé ma respiration, j’avais lissé mon haut et redressé ma queue-de-cheval, coinçant les quelques mèches de cheveux qui s’en étaient échappées derrière mes oreilles.


Satisfaite, je sortis pour retrouver mes amis.


― T’étais où ?


À peine avais-je franchi le seuil de la bibliothèque qu’Anny me tomba dessus. Elle sembla chercher quelqu’un derrière moi, avant de reporter son regard inquiet sur moi. Il n’était pas difficile de comprendre ce qu’elle s’imaginait. J’étais dans un état lamentable. Les quelques minutes durant lesquelles j’avais tenté de me ressaisir n’avaient servi à rien. Surtout pour l’œil aiguisé de ma meilleure amie.


Je secouai la tête tout en observant aux garçons affalés sur le canapé, indifférents à notre présence. Ils étaient bien trop concentrés sur les filles qui se déhanchaient sur la piste de danse pour nous remarquer. Malgré tout, je ne pouvais pas prendre le risque de dire quoi que ce soit à Anny. Pas ici.


Ryan apparut. Parfaitement impassible, il rejoignit Steve et Ethan après avoir attrapé une bière, et se mit à discuter comme si rien ne s’était passé. Comme s’il ne m’avait pas trahie et enfermée dans une chambre avec Logan. Comme si ma douleur et ma peine ne comptaient pas.


Une larme solitaire coula sur ma joue et je l’essuyai d’un mouvement vif. Je déglutis difficilement avant de me tourner vers Anny :


― Pas ici. Je te raconterai tout, je te le promets, mais pas ici. Ni maintenant.


Ma meilleure amie manifesta son mécontentement avec une moue boudeuse ridicule avant de céder. Peut-être à cause de la fureur qui brillait dans mes yeux ou du désarroi palpable dans ma voix.


― OK, comme tu veux, soupira-t-elle.


Je glissai mon bras sous son coude et l’entraînai au milieu de la foule bruyante. J’avais besoin d’oublier, de me laisser aller. J’avais envie, le temps d’une soirée, de me comporter comme une fille de 17 ans : inconsciente et heureuse.


Ma vie était un véritable chaos. J’avais quitté la Californie pour tourner la page et pourtant, rien ne semblait avoir changé. Je restais encore et toujours la victime de ces pervers. La pute de service qui avait menti, sous prétexte qu’elle refusait d’admettre qu’elle n’était qu’une allumeuse en mal d’affection, d’assumer ce qu’elle avait fait cette nuit-là.


Mon cœur battait la chamade et j’étais en sueur. Les images douloureuses tourbillonnaient dans mon esprit fatigué. La souffrance et l’humiliation me dévoraient lentement de l’intérieur. Ce cauchemar s’accrochait à moi comme une seconde peau inconfortable. Quoi que je fasse, jamais je ne pourrais m’en débarrasser.


― Hey ! Ça va ? s’inquiéta Anny. Tu étais où à l’instant ?


Je lui offris un sourire crispé avant de lui assurer que j’allais bien. Je fermai les paupières pour apaiser le tumulte en moi et laissai les battements rythmiques s’emparer de mon corps. De mon être. Comme toujours, la danse me procurait une sensation de liberté, de légèreté, exaltante et salvatrice. Et, pendant un instant, tous mes soucis semblaient s’évanouir.


Mais alors que la musique me transportait loin de la piste, loin de mes camarades de classe ivres, je ne pouvais ignorer la réalité : Logan avait accepté des fiançailles pour me protéger, renonçant à son propre bonheur pour le mien. Je ne pouvais pas me permettre de rester les bras croisés. Je ne pouvais pas le laisser se sacrifier pour moi.


Notre avenir se jouait sur un putain d’échiquier, et ma position semblait désespérée. Il me fallait agir avec prudence. Réfléchir à mon prochain coup. Parler au père de Logan ? Inutile. Je n’avais rien à offrir en échange. Trouver sa future fiancée ? Comment ? J’ignorais qui elle était. Ma seule chance d’aider Logan se résumait alors à détruire ces vidéos et ces photos.


Les minutes s’évanouissaient et les chansons s’enchaînaient, et bientôt, il ne restait plus qu’Anny et moi. Des corps inconscients gisaient dans le salon et sur la pelouse devant la maison. Des cris et des rires provenaient de la piscine. La majorité des garçons s’était éclipsée aux bras de leur nouvelle conquête, à l’exception de Ryan, Steve et Ethan, qui discutaient en nous surveillant du coin de l’œil.


Mon regard croisa celui de Ryan et alors je compris. Tous les trois savaient. Pour Logan. Pour les vidéos. Pour Morgan. Ils savaient, pourtant aucun d’eux ne m’avait tourné le dos. Ils ne me jugeaient pas. Ne me détestaient pas. Et même s’il s’était comporté comme le pire des idiots ce soir, je lui en étais reconnaissante. Un faible sourire effleura mes lèvres alors que je lui murmurai un merci sincère. Ryan parut d’abord surpris, puis se contenta de hausser les épaules et me lança un clin d’œil complice.


― On rentre ? me proposa Anny qui se trémoussait encore sur une chanson de Taylor Swift.

― Oui, je suis prête. On embrasse les gars et on décolle. Tu dors à la maison ?

― Évidemment, s’empressa-t-elle de dire. Tu me dois des explications sur votre absence, toi et Ryan, en début de soirée. Ne va pas croire que j’ai oublié !


En levant les yeux au ciel, je poussai un soupir de résignation : adieu repos. Anny allait très certainement me tenir éveillée jusqu’au petit matin.


***


― Tu te fous de moi ?! Il a accepté toute cette merde ? s’égosilla Anny.


Depuis près de dix minutes, elle faisait les cent pas devant mon lit, fulminant contre Ryan, son cousin et cette garce de Morgan. Je lui avais tout avoué : de ma crise d’angoisse, lorsque j’avais été piégée dans cette chambre, au baiser d’adieu de Logan. Elle m’avait écoutée patiemment, sans interruption ni jugement, mais je pouvais sentir une tension insupportable s’installer entre nous à chaque nouvelle confession. Puis, après un long silence pesant, elle bondit du lit, se métamorphosant en une véritable furie.


― Et cette salope a vraiment les vidéos de sa cousine ? Pourquoi ? Un matin, elle s’est réveillée en se disant « Tiens ! Et si je demandais à ma cousine de m’envoyer les images pornos qu’elle a tournées. Des fois que la pauvre fille débarque dans mon bahut et me vole mon mec ! ».

― Hey ! C’est moi la pauvre fille ? demandai-je un sourire crispé aux lèvres.


Une vaine tentative de détendre l’atmosphère…


― Oui, désolée, souffla Anny. Mais tu vois ce que je veux dire. Qui fait ce genre de choses ? À part une psychopathe ? On peut pas la laisser s’en tirer comme ça. Il faut aller en parler aux flics.

― Ah oui ? m’emportai-je. Pour leur dire quoi ? Nous n’avons aucune preuve. Ils n’ont rien fait ces neuf derniers mois, tu crois qu’ils feront quelque chose aujourd’hui ? Je n’étais pas de taille à me battre contre Éric et toute sa bande. Malgré la notoriété et l’influence de mon père. Et rien n’a changé. C’est même pire !


La colère et la douleur montaient en spirale dans mes entrailles, comme un tourbillon. Elles me comprimaient la gorge et me faisaient trembler de l’intérieur. Anny, quant à elle, ne tenait pas en place. Elle tournait comme un lion en cage, mais lorsqu’elle aperçut les larmes briller dans mes yeux, elle s’arrêta net, vint s’asseoir à mes côtés et me serra dans ses bras.


― Je suis désolée. Je… et… bredouilla-t-elle en étouffant ses propres sanglots. Qui est la fille que Logan doit épouser ? Elle pourrait peut-être nous aider à lutter contre Morgan. Si ça se trouve, elle ne veut pas de ça non plus. Elle pourrait parler à son père et…

― J’en sais rien. Je ne suis pas sûr que Logan le sache. Il n’a rien dit et j’étais trop mal pour lui demander.


Anny demeura silencieuse pendant quelques minutes, perdue dans ses pensées. Un calme bienvenu. J’étais épuisée. Je n’avais pas fermé l’œil depuis 24 heures. Mon corps était douloureux et mon esprit confus. Dormir me ferait le plus grand bien, mais je n’y arriverais pas ce soir. Pas avec toutes ces pensées qui se bousculaient dans ma tête. Toute cette histoire était absurde. Totalement folle. Et ma discussion avec Anny n’avait fait que confirmer mes craintes : rien ni personne ne pourrait annuler l’accord entre Logan et son père.


― Nous devons parler à ma tante. Elle est la seule à pouvoir raisonner mon oncle. Et, avec un peu de chance, elle saura qui est la future Mme Logan Cohnrad.

― Ça ne peut pas faire de mal… et quand prévois-tu de le faire ?

― Ce dimanche. Au repas de famille. Et tu seras mon invitée, annonça-t-elle d’un air résolu avant de sombrer dans un sommeil profond.



Texte de L.S. Martins (120 minutes chrono, sans relecture).

Image par Niek Verlaan de Pixabay

lecture 433 lectures
thumb 0 commentaire
2
réactions

Commentaire (0)

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter Se connecter

Tu peux soutenir les auteurs indépendants qui te tiennent à coeur en leur faisant un don

Prolonger le voyage dans l'univers New Romance
Epilogue
Epilogue

Samedi 12 octobre 2024

Erwann Avalach
3 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey