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Presqu'île du bout du monde

Presqu'île du bout du monde

Publié le 12 avr. 2020 Mis à jour le 28 sept. 2020 Curiosités
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Presqu'île du bout du monde

Prière - Renaitre à la vie

Dimanche de Pâques

 

Il y a tout juste un an, je me trouvais sur la presqu’ile de Crozon dans l’abbaye de Landevennec exactement. Ce bout du monde qui fut le mien pour une retraite fertile et apaisée.

Je ne savais rien de l’année 2020 et de ce qui allait surgir, mais au fond de moi, je le souhaitais. Non pas la mort, la tragédie, mais bien la prise de conscience, la renaissance à une autre forme de vie.

 

                Pourra-t-on se relever d’une telle crise ? L’être humain fera-t-il preuve de suffisamment de plasticité cérébrale pour adapter son comportement, sa façon de vivre, se nourrir, se loger… L’ogre qui est en nous va-t-il de nouveau réclamer son dû et vouloir son confort personnel, comme avant, ou parviendra-t-on à modifier cette manière de vivre durablement. Quelle est la part de disponibilité de nos cerveaux pour accepter avec lucidité ce qui risque de se passer, pour accepter d’appréhender ce qui laisse présager les catastrophes à venir… Radical…

Certains entrevoient cette fenêtre que j’ai envie d’appeler « meurtrière », tant elle est étroite, cette fenêtre posée sur l’océan, qui est notre mire sur l’horizon… Nous sommes à fond de cale, enchaînés dans les entrailles d’un navire, qui s’apprête à sombrer.

L’espoir est mince, infime, et pourtant à travers cette meurtrière, visible de notre cellule, il y a toute la lumière. A travers l’espace de vie que nous laisse entrevoir cette ouverture sur le monde, on entend encore le chant des oiseaux qui survolent l’océan. On sent encore à travers cette faible lumière qui se diffuse sur notre misérable condition, le parfum des embruns, l’oxygène du grand large…

La lumière pâle et salvatrice éclaire nos blessures, nos corps décharnés, nos barbes hirsutes. Nous n’osons plus nous regarder tant nous sommes défigurés, étrangers à nous-mêmes. Nous avons suivi des chemins qui ne nous ressemblaient pas, sommes partis sur des sentiers escarpés, mégalomanes de notre propre condition, nous nous sommes racontés des histoires, avons cru que nous étions cette race supérieure élue qui pourrait dominer le monde animal et végétal.

Nous avons été asservis à notre propre pensée, à nos propres idées. Longtemps le miroir de l’océan nous a vus plus beaux que nous n’étions en vérité. Nous avons cru dominer ces forces et dompter le présent.

Tel Icare s’approchant du soleil, nous avions le feu qui nous subjuguait, approchant l’origine même du vivant, nous avons pensé réussir à tout dominer. Tout contrôler, quand il aurait fallu faire preuve d’un peu d’humilité. Nous avons ainsi oublié d’où nous venions, renié le passé, piétiné les ancêtres, les origines, les traditions.

Nos rituels ont disparu, nous avons voulu créer une identité nouvelle, loin de notre naissance, loin de ce corps nu porté en lumière, ce corps de nourrisson tremblant, sanguinolent, fragile, relié encore par son cordon ombilical aux entrailles de la terre. Nous avions tout reçu de la mère nourricière, nous avions tout en nous pour apprendre la sagesse, la mesure, et envisager une vie poétique.

Mais nous avons choisi la distraction, le divertissement diabolique, tout ce que le monde technologique façonné par la main de l’homme a de virtuel. Nous avons grandi dans ces champs de pixels, ces images colorées numérisées, reproduisant une réalité qui détruit notre manière d’être.

Aujourd’hui, nous sommes à fond de cale, dans les entrailles. Il ne nous reste plus, comme unique horizon, qu’une meurtrière posée sur l’océan. J’entends les voiles qui claquent et le mât qui balance. L’océan en colère soulève violemment notre embarcation, menaçant de l’engloutir un peu plus chaque jour. Mais nous sommes toujours vivants. Crasseux, abimés, défigurés, mais vivants… Et tant que nous pourrons observer ces lignes de nos mains, nos muscles saillants, tant que nous pourrons voir en l’autre, un allié possible, alors sans doute, l’espoir est-il encore permis…Le coup de semonce sera terrible, mais nous sommes en vie. Faisons que cet instant sacré de renaissance puisse permettre le sursaut de toute l’humanité.

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