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Le Vent se lève (The Wind That Shakes the Barkey, Ken Loach, 2006)

Le Vent se lève (The Wind That Shakes the Barkey, Ken Loach, 2006)

Publié le 25 mai 2021 Mis à jour le 25 mai 2021 Culture
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Le Vent se lève (The Wind That Shakes the Barkey, Ken Loach, 2006)

J'ai beaucoup de mal avec le cinéma de Ken LOACH en général. Il y a en effet deux façons de le considérer. Côté positif, on dira que c'est un auteur "engagé", "enragé", "révolté", "en lutte pour un monde plus juste" etc. Côté négatif, on dira qu'il a tendance à tout voir par le seul prisme de la lutte des classes et qu'il est souvent manichéen ce qui aboutit à une binarité simpliste: "gentils" ouvriers contre "méchants" patrons. De plus, pour mettre les spectateurs de son côté, il utilise des ficelles parfois assez grossières en faisant des capitalistes dominants des brutes épaisses qui imposent leur domination par la force et l'humiliation. La réalité est évidemment infiniment plus complexe et nuancée, tant sur les méthodes de domination que sur les rapports de force qui traversent une société ou encore sur les identités des individus. Et comme j'aime plutôt la complexité et la nuance, ma sensibilité est souvent heurtée par le style "brut de décoffrage" de ce cinéaste qui en plus question mise en scène est loin d'être toujours inspiré. Certains de ces films sont de véritables pensums illustratifs académiques.

Ces réserves faites, "Le Vent se lève" fait partie de ses bons films même si je soupçonne le festival de Cannes de lui avoir attribué la Palme d'Or pour de mauvaises raisons (on ne devrait jamais attribuer un prix à une oeuvre d'art en guise d'étendard politique ou sociétal mais juste en fonction de sa valeur intrinsèque. Or "Le Vent se lève" a bénéficié du contexte de la guerre d'Irak à laquelle le RU participait aux côtés des USA). Il fait partie de ses bons films parce qu'il dépasse en effet son sujet -la guerre d'indépendance irlandaise et la guerre civile qui lui a succédé- pour démontrer de façon efficace certains mécanismes propres à la stupidité humaine:

- Le fait qu'une domination étrangère qui plus est brutale renforce la détermination du peuple opprimé à s'en débarrasser. Aucune guerre asymétrique (armée contre guérilla) ne peut être gagnée par l'occupant, même si elle peut s'enliser sur des décennies voire des siècles. Les USA l'ont appris (?) à leurs dépends au Vietnam, en Afghanistan ou en Irak.

- Le fait que la plupart de ces guerres ont, tout comme les révolutions victorieuses débouché ou entraîné avec elles des luttes fratricides pour le pouvoir, qu'il soit ou non accompagné d'une idéologie, invalidant d'emblée les beaux idéaux au nom desquels on massacre ses anciens camarades de lutte voire ses "amis" ou même comme dans "Le Vent se lève" sa propre famille. C'est la fameuse phrase de Manon Roland "Liberté, que de crimes on commet en ton nom". Tout homme qui abdique son humanité pour supprimer toute voix discordante au nom de sa "cause", quelle qu'elle soit en théorie ne se contente pas de perdre son innocence. Il détruit la cause qu'il sert. On n'impose pas la liberté et l'égalité dans le sang. Mais la spirale infernale de la guerre c'est à dire de la violence conduit à la radicalisation qui libère les pires instincts au détriment de la raison et amène à la binarité la plus simpliste qui soit "tu es avec nous ou bien contre nous" et donc dans ce dernier cas, je te supprime.

Ken LOACH montre très bien tous ces enjeux de façon convaincante puisqu'il évoque la guerre à l'échelle d'une famille et de la petite communauté qui l'entoure. Le titre se réfère à un poème du XIX° qui évoquait le soulèvement de l'Irlande à la fin du XVIII°. Les acteurs sont remarquables de véracité (Cillian MURPHY que j'ai pourtant vu auparavant chez Christopher NOLAN ne fait pas pièce rapportée et semble même être à sa vraie place) et la nature irlandaise est superbement filmée, sans trop d'emphase. Il n'empêche que les réflexes idéologiques de Ken LOACH viennent de temps à autre polluer le film, que ce soit en prenant parti pour les jusqu'au-boutistes qui refusent tout compromis avec les anglais montrés comme des héros ou en insistant lourdement sur les sévices et exactions que ceux-ci infligent aux irlandais, en omettant (hormis les exécutions) les horreurs que ces derniers ont pu commettre pendant la guerre sur les anglais ou sur leur propre peuple. L'arriération de la société irlandaise en matière de moeurs n'est pas du tout évoquée non plus.

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