Félicitations ! Ton soutien à bien été envoyé à l’auteur
Lettre que tu aurais dû m'écrire.

Lettre que tu aurais dû m'écrire.

Publié le 14 mars 2021 Mis à jour le 31 déc. 2022 Curiosités
time 3 min
6
J'adore
0
Solidaire
0
Waouh
thumb 1 commentaire
lecture 145 lectures
6
réactions

Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.

Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit ! Se connecter

Lettre que tu aurais dû m'écrire.

Mon cher fils.

Je ne sais pas comment j’en suis arrivé là. Les tentations, la vie m’ont fait défaut. J’ai pris trop tard conscience de mes responsabilités.

Je suis père d’un jeune garçon. Mignon. La chair de ma chair. À ta naissance, j’ai d’abord eu peur. Affolé de ne pas pouvoir assumer. J’étais jeune quand ta mère m’avait annoncé qu’elle était enceinte. Une foule d’idées m’étaient passées par la tête. Avais-je profité de la vie avant que tu n’arrives ? Je ne sais pas. Avais-je assez vécu pour moi ? Et pour nous, avec ta mère ? Je ne le saurais jamais. Tu es là, c’est tout ce que je sais. Les débuts ont été difficiles, fastidieux même. J’avais fini par croire que « père » n’était pas un métier pour moi. Je rentrais le soir du garage, exténué, mais mes journées de labeur n’étaient pas à son terme. Tu as dû entendre de bien nombreuses disputes. Ta mère me reprochait de ne pas assez l’épauler. De ne pas assez m’occuper de mon fils, toi.

J’avoue, me sentant de plus en plus seul, désemparé, fatigué, j’ai déconné. Je n’avais pas demandé cette vie. Perdant tour à tour mes frères et sœurs, on avait tué ma famille. Mon goût d’en avoir une, avec. Je sais que tu vas m’en vouloir. À vie. Ta mère aussi. Mais elle m’en veut déjà, ça ne changera rien. Toi, tu es encore naïf, vierge de l'amertume de la vie, vierge de toutes blessures morales ou physiques. Je sais que, à cause de moi, cela ne sera plus cas.

Mais, je suis à bout. Je ne tiens plus. J’ai fait trop conneries pour revenir en arrière. Je ne peux pas rester. Pas tel que je le suis devenu. Ton père s’est transformé en monstre. Celui que personne ne veut voir. Celui que personne ne veut comprendre. Celui qu’on laisse sur le bas-côté une fois que l’on a compris son énormité. Actuellement, il n’y a que ta mère et ta grand-mère qui connaissent mes plus graves erreurs. Le jour où tu les entendras, il se peut que tu refuses d’y croire.

Je ne sais pas si la vie te forgera un fort caractère, mais je l’espère. Il le faut. Tu dois l’être. Plus que je n’ai pu l’être. Cette lettre n’est peut-être que dans ma tête, mais un jour, tu devineras mes pensées de ce moment, celui où tu as perdu ton père, à jamais. Tu comprendras par toi-même que je ne pouvais faire autrement. Refusant de vivre avec toute cette culpabilité. Refusant de voir ta haine grandissante dans tes yeux.

Je pars, car je n’ai plus d’autre choix. La seule personne qui m’apporta un poil de réconfort m’a précipité à ma perte. J’ai dilapidé notre argent pour elle. J’ai mis notre famille en péril, par dépit. Il se peut même que j’aie fait pire que cela. Quand j’ai vu ces deux traits rouges sur ce bout de plastique, qui traînait dans ces chiottes, j’ai paniqué. Pas encore ? Je pourrais partir loin, très loin de tout ça, mais comment vivre sans avoir un problème de conscience ? Tu prendras cela certainement comme un geste de faiblesse, mais il faut que je quitte ce monde. Ton monde. Tu ne le croiras sûrement pas, pas quand tu sauras que j’ai fini par me mettre enfin du plomb dans la cervelle, dans tous les sens du terme, mais je t’aime, mon fils.

lecture 145 lectures
thumb 1 commentaire
6
réactions

Commentaire (1)

avatar

Bernard Ducosson il y a 2 mois

Tu causes bien mais pas de la cause. J'aurai pu mieux te comprendre... !

Tu peux soutenir les auteurs indépendants qui te tiennent à coeur en leur faisant un don

Prolonger le voyage dans l'univers Curiosités
oh, la vache !!
oh, la vache !!

Photo vache folle sur wikipédia (j’avais en 2000, un amusant fic...

Bruno Druille
4 min
Chapitre 3
Chapitre 3

De nouveau dans mon lieu favori et dans une position confortable, je me cale correctement contre ma tête de lit en gar...

Aurore Dulac
12 min
Bissextile
Bissextile

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, vôtre sourire, ma joie. Un jour de plus sur u...

Bernard Ducosson
1 min
Sur le banc du temps 
Sur le banc du temps 

  Sur le banc du temps Il attend que ça se passe Le petit vieux dans son blouson

Mathias Moronvalle
1 min
Chapitre 2
Chapitre 2

Mardi 2 avril 2022 Le r&eac...

Aurore Dulac
13 min

donate Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur