Une mission MSF, c'est un turn-over permanent. C'est comme le vent qui souffle avant que la pluie ne tombe, c'est un mouvement perpétuel de gens qui viennent et qui repartent, l'incarnation même du concept d'impermanence si cher au Bouddhisme et à ma tante. C'est aussi un carrefour des nationalités, européennes américaines et africaines (ici), qui viennent en terre expatriée se rencontrer et travailler.

Quand nous sommes arrivés, nous étions les deux petits nouveaux, John et moi, qui découvrions cette mission en place depuis plusieurs années, et qui devions trouver notre place parmi une équipe déjà présente depuis 3 mois et plus. 6 mois plus tard, nous en sommes devenus les doyens.

Il y a eu une première vague de départ au mois d'Août, où nous avons accueilli nouveaux administrateur (Baptiste, Fr), responsable des activités externes (Caroline, Fr), logisticien activités externes (Alex, Martinique) superviseur sensibilisation (Aurore, Belge une fois) ; nous avons ces dernières semaines dit au revoir à notre cher patron, Alphonse (Burundi), et à Didier le logisticien (Fr), pour accueillir Gosia (Pologne) et Daniel (Espagne) ; auxquels se sont rajoutés deux nouveaux médecins, Hassanjié (Tchad) et Katherine (US), et une infirmière chargée de la vaccination de routine, Emilie (Fr) ; tout ceci sans compter les nombreux mouvements à la coordination de N'Djamena et ses multiples nationalités (US, Côte d'Ivoire, Burkina, Arménie), les nombreuses visites terrain à Moissala, de quelques jours, quelques semaines, quelques mois, pour voir ce qui se passe ici et soutenir différents projets annexes (appui à la vaccination, installation de frigo solaires pour la conservation des vaccins, équipe d'urgence venant créer un autre projet Palu plus au nord...), et les va et vient des chauffeurs de N'Djamena pour renforcer les effectifs lors des semaines de distribution de la CPS. Et puis il y a aussi les visites des personnes extérieures à MSF, le Ministère de la Santé, le Gouverneur de la Province, l'organisme de contrôle du travail des ONG, ECHO (programme d'aide humanitaire de l'U.E), la Coopération Suisse, d'autres ONG, les U.N (l'Unicef, le PNUD,...)...

Bref, les journées se suivent et la Base Vie ne se ressemble pas, nouvelles têtes, visages familiers de repassage, les breaks des uns et des autres qui se succèdent, « tiens, mais Francis revient cette semaine, j'ai l'impression que ça fait un mois qu'il est parti ! », c'est un grand melting-pot toujours en ébullition, qui se retrouve le soir sous la Véranda pour partager quelques bières et quelques histoires, avec toujours LA même question posée aux nouveaux venus : « Et toi, t'es PM, ou pas ? »

Comprenez « Première Mission », première mission avec MSF, et si la réponse est non, c'est la bonne occasion de discuter de telle mission en RDC (Rep. Democratique du Congo), ou en RCA (Rep. Centrafricaine), au Soudan ou au Mali, en Jordanie, en Haiti, en Afganisthan ou au Pakistan, et de se prêter à rêver de ses éventuelles prochaines missions.

Ca ressemble à ça, une mission avec MSF, et John (GB-Fr), Brigitte (Benin-Cameroun) et moi (Fr-?), nous sommes désormais devenus les dépositaires éphémères de la mémoire expatriée de la mission de Moissala, au Tchad.