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La Danse des Fous

La Danse des Fous

Published Jul 24, 2020 Updated Jul 24, 2020 Travel
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La Danse des Fous

30 Juin 15

Publié par roadtrip-in-peru.over-blog.com  - Catégories :  #Tchad

 

La Danse des Fous

 

Ici ils l'appellent la Danse des Fous.

Les premières grosses pluies sont tombées. Les flaques et les mares se sont constituées. Les anophèles se sont multipliés. Et les patients affluent à l'UP.

Les admissions arrivent en flux continu du petit matin jusqu'au soir et la nuit, ayant plus que doublé en l'espace d'à peine 2 semaines, passant de 5-10 à plus de 20 entrées par jour. Il s'agit pour nous d'absorber cette masse d'entrants, de gérer le flux des patients à l'intérieur de l'UP, et de hâter le flux sortant dès que l'enfant est stabilisé. Ici, ils l'appellent la Danse des Fous ; moi, je l'appelle la Danse des Lits.

 

Comprenez : l'UP s'organise dans un bâtiment de 4 salles successives :

la première est une salle d'admission où les enfants sont pesés, constantés (prise des constantes), bilantés (test de diagnostic, glycémie, taux d'hémoglobine), perfusés, et évalués cliniquement par le médecin, avant d'être adressés aux urgences ou aux soins intensifs.

La salle d'urgence comprend 5 lits + 1 table de réanimation et un lit de réchauffement pour les hypothermies. Il y a plusieurs extracteurs d'oxygène et tout le matériel de réanimation (ambu pour ventiler, oxygène, sondes, adrénaline, et nos mains pour masser..).

Les deux autres salles sont celles des soins intensifs, comprenant chacune 10 lits, dans lesquelles sont placées les enfants « stables », c'est à dire ne présentant à priori pas un risque de réanimation immédiate. Reste un bâtiment annexe de 20 lits, correspondant aux post soins intensifs, dans laquelle on positionne les enfants ne nécessitant pas de surveillance rapprochée avant leur retour à domicile, et une nouvelle salle de 10 lits de post ouverte en sus.

Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)
 
Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)
 
Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)
 
Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)
 
Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)
 

Dans l'ordre : salle d'attente, Admissions, Urgences, SI, post SI (avant ouverture)

 

Au total donc, 45/55 lits. Nous tournons actuellement avec 60-70 patients, un flux entrant de 20-25 patients, et un flux sortant de 10-15 patients.... Je vous laisse calculer.

Les 5 lits d'urgence sont quasi tout le temps occupés, et il faut souvent trouver l'enfant le plus stable à rediriger aux SI pour positionner une nouvelle entrée. Les réanimations s'y succèdent plusieurs fois la journée comme la nuit. On ventile, on masse, on réinsuffle la vie à plusieurs d'entre eux qui arrêtent de respirer, mais on ne les sauve hélas pas tous. Les transfusions mobilisent beaucoup les infirmiers, les enfants convulsent fréquemment, obligeant en permanence à réévaluer le positionnement des enfants en fonction de où il y a de l'oxygène, où il y a les médicaments, où on peut faire une surveillance rapprochée ou une réanimation si nécessaire.

Les soins intensifs sont tout le temps blindés. On fonctionne en 2/2 (2 enfants par lits) depuis une semaine, en essayant dès que possible d'évacuer les stabilisés aux post SI, pour libérer un lit d'urgence ou accueillir une nouvelle entrée. Là aussi, les transfusions et les convulsions sont monnaie courante, mobilisant fortement les équipes soignantes (1 infirmier et 1 ATS/ salle)qui ont une surveillance rapprochée et des traitements à donner par ailleurs, et compliquant sérieusement la tâche quand plusieurs surviennent au même moment donné.

Mais malgré le sas du post SI, on peine à faire de la place pour les nouveaux entrants. L'équation est simple : avec un flux d'entrants de 20-25/jour pour 25 lits d'urgence et de SI, on remplit le service dans la journée. Or, il est difficile de garder les enfants moins de 24h aux soins intensifs, et certains enfants se compliquent durant plusieurs jours avant d'être stabilisés. On double donc les lits, on isole les plus fragiles à risque de décompenser, et on réévalue plusieurs fois, entre deux admissions, quels demi-lits on peut libérer.

Les enfants voyagent donc d'un lit à un autre dans la journée. Les équipes circulent dans les salles au gré des soins réguliers et des décompensations. Et nous, médecins, courons d'une salle à une autre pour une nouvelle admission, pour une réanimation, pour la prise en charge d'une convulsion ou d'une transfusion, et pour gérer le flux des lits et des enfants.

Eux l'appellent la Danse des Fous.

Moi je l'appelle la Danse des Lits.

Et je crois que nous avons tous raison.

 

NB : ceci est un blog personnel, et les propos qui y sont tenus n'engagent que son auteur

 

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