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Épisode 20 - Une fin heureuse

Épisode 20 - Une fin heureuse

Published Nov 5, 2025 Updated Nov 5, 2025 New Romance
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Épisode 20 - Une fin heureuse

POV Logan


Torse nu, épuisé et ruisselant de sueur, je martelais le sac de frappe depuis des heures. J’avais fui Morgan, dès la première heure ce matin, en m’enfermant dans la salle de sport réservée à l’équipe. Je me fichais bien de sécher les cours si cela me permettait d’avoir un peu de paix. La maison était une véritable zone de guerre depuis deux semaines, comme chaque fois que mon père était contrarié par les affaires. Autrefois, le lycée me procurait un semblant de répit, mais, à présent, avec Morgan et son chantage, même ce refuge s’était transformé en cauchemar.


Le bruit sourd de mes poings frappant la toile épaisse avait quelque chose d’apaisant, de rassurant. La douleur dans mes muscles était salvatrice, maintenant mon esprit clair et vif.


― Tu comptes l’exploser ? demanda Ryan derrière moi.


Je ne m’arrêtai pas, mes gestes précis et contrôlés.


― Qu’est-ce que ca peut t’faire ? répliquai-je du venin dans mon voix.


Je l’entendis souffler et pouvais presque l’imaginer hocher la tête de lassitude en se passant une main dans les cheveux. Il s’approcha, enleva sa veste pour la jeter nonchalamment sur le banc de musculation à côté, puis il vint se placer devant moi, retenant le sac pendant que je poursuivais mon entraînement.


― Des nouvelles ? grogna-t-il encaissant la puissance de mes coups.


Je ris malgré la colère qui bouillonnait en moi. Expirant bruyamment, je me débarrassai de mes gants, les laissant tomber à mes pieds avant de prendre ma gourde.


Je bus quelques gorgées d’eau fraîche puis je renversai le reste sur mon visage échauffé par l’effort et la frustration.


Deux semaines s’étaient écoulées depuis que j’avais appris le nom de ma « promise ». Deux semaines à tourner en rond, sans aucune information sur elle. Juste ce détail ridicule qu’elle était née quelques mois après moi et que ses parents avaient déménagé alors qu’elle n’avait que trois ans. Rien d’autre. Comme si toutes les preuves de son existence avaient été soigneusement effacées.


― Anny nous a tout raconté, continua Ryan en se laissant tomber sur le banc. J’ai fait quelques recherches sur le nom William. Vieille famille. Roberts William, magnat de l’immobilier, marié à Lilianna William et décédé l’année dernière d’une crise cardiaque. Son entreprise est géré par un certain David Carter, mais je n’en sais pas plus.


Il marqua une pause, attendant que je réagisse. Je connaissais jusqu’au moindre détail de la vie de Roberts William, mais je n’avais rien trouvé sur ses héritiers, même en utilisant les ressources de Cohnrad Industries.


Ryan s’éclaircit la gorge avant de continuer.


― Je sais qu’Anny a demandé au groupe de geeks de fouiller dans les dossiers d’inscription du lycée et cette fille n’apparaît nulle part. C’est comme si elle n’existait pas…

― Aucune chance, le coupai-je. Ça ne ressemble pas à mon père de faire une erreur pareille. Surtout quand il s’agit d’affaires. Et la réaction de ma mère me laisse penser que toute cette merde est bien réelle.


Je me retournai pour frapper une dernière fois le sac de frappe. La douleur qui remonta jusque dans mon épaule me fit grimacer, mais elle m’aida à canaliser ma colère et à garder les idées claires.


― Si je ne peux pas la trouver, elle, alors je trouverai quelqu’un au courant de ce putain d’accord. L’avocat qui a validé le contrat, peut-être.

― Comment ? Je parie que ta mère ne sait vraiment rien de plus que ce qu’elle t’a dit l’autre jour. Et ton père, s’il avait voulu que tu saches quoi que ce soit, il l’aurait mis dans le contrat, tu ne crois pas ?


Je reconnus ses paroles d’un simple hochement de tête avant d’attraper mes affaires et de me diriger vers les douches. J’avais déjà tourné la question dans tous les sens et je ne pouvais me défaire de cette certitude : ma mère ne m’avait pas tout dit. Elle me cachait volontairement des informations, mais je savais pertinemment que sa loyauté irait à mon père. Toujours. Quel que soit son amour pour moi.


― Pourquoi ton grand-père aurait arrangé ton mariage deux ans seulement après ta naissance. C’est de la folie ! Même pour lui.

― Aucune idée ! Et ce connard n’est plus de ce monde pour y répondre. Je pourrais aller voir Nana, mais elle n’est plus elle-même depuis la mort de mon grand-père et je ne veux pas la perturber plus.


Je laissais l’eau chaude apaiser mes muscles endoloris, les mains appuyées contre le carrelage froid des douches communes. Les yeux clos, la tête baissée, je me noyais dans mes pensées, cherchant le désespérément le courage et la force d’affronter mon père. Priant pour qu’il ne revienne pas sur notre accord. Je ne pouvais pas permettre de perdre ma seule opportunité de protéger Lili.


― Tu viens manger avec nous ? cria Ryan depuis l’entrée du vestiaire.

― Non, j’ai pas faim.

― Morgan ne va pas aimer ça, rétorqua-t-il.


Je grognai en guise de réponse, trop conscient de ce que je devais faire pour apaiser la folie de cette furie.


― Qui mange avec elle aujourd’hui ?

― Anny et Steve. T’inquiète, on ne la laisse jamais seule.


Parfait. Tant que Lili était avec ma cousine ou l’un des gars, Morgan ne pouvait pas s’en prendre à elle. Elle ne pouvait pas l’atteindre.


― Rejoins-nous à la cafet’, Logan. Tu ne peux pas rester planqué ici tout la journée.

― Ouais, soufflai-je vaincu. Donne-moi 10 minutes.

― OK.

***

― Hé, mec ! m’interpella Ethan alors que je passais les portes de la cafétéria.


Toute l’équipe était déjà installée à notre table et Morgan ne manquait pas à l’appel. Elle était assise sur les genoux de Loïc qui bavait sans aucune discrétion sur sa poitrine.


Fidèle à elle-même, décolleté plongeant, maquillage indécent et longs ongles rouges et brillants. Aussi faux que son sourire quand elle posa le regard sur moi.


Je m’arrêtai net, observant la scène avec une ironie mordante : Loïc, inconscient de ma présence, avait les mains autour de la taille de Morgan tandis que sa jupe remontée sur ses cuisses, révélant bien plus que ce que la décence ne tolérait, et ses doigts s’enchevêtrant dans les cheveux de mon coéquipier… un tableau charmant.


Mes lèvres trésaillèrent, mais je réussis à contenir mon sourire. Je pris une profonde inspiration, ce qui pouvait passer pour une tentative de maîtriser ma colère. Serrant les mâchoires, je lançai un regard noir le cornerback avant de m’avancer vers eux.


― Mon chéri, s’exclama la pom-pom girl. Te voilà enfin. Je commencais à me faire du souci pour toi.


Loïc ôta les mains du postérieur de ma « petite amie », levant les bras en geste d’apaisement. Une sombre panique sur son visage livide. Je le vis déglutir difficilement avant de repousser Morgan.


― Désolé, mec. C’est elle qui s’est installé sur moi. J’te manquerais jamais de respect comme ça…


Je choisis d’ignorer mon coéquipier et de diriger toute ma fausse rancœur vers Morgan. C’est parti pour le show !


― Tu t’amuses bien quand j’ai le dos tourné à ce que je vois ! crachai-je. C’est ça ta vision du couple parfait ? Toi qui écartes les cuisses devant toute l’équipe pendant que je m’arrache à l’entrainement pour être au top sur le terrain ? Les autres m’avaient prévenu, mais comme un con, je les ai pas écouté. Je t’ai fait confiance. Je pensais que tu m’aimais…


Je haussai volontairement le ton, me donnant en spectacle devant tout le lycée. Je savais pertinemment que je ne pouvais pas lui échapper, qu’il me faudrait la supporter tant que je n’avais pas trouvé un moyen de mettre fin à son chantage. Cela ne signifiait pas que je devais subir en silence. Que je ne pouvais pas m’amuser un peu.


Elle couina, me conjurant du regard de me taire, mais je n’en avais pas fini.


― Tu vas batiffoler avec un autre juste après que je t’ai avoué mes sentiments. Tu sais à quel point c’est diffile pour moi, putain !


Je frappai de mes deux mains la table devant moi, envoyant valser les plateaux qui s’y trouvaient.


― Logan, non… je suis désolée, minauda-t-elle. Je t’en prie, allons en discuter ailleurs…

― Non, explosai-je. Je vais manger avec mes potes et après j’irai en cours. Inutile de me parler ou de m’approcher. Tu me décois, ajoutai-je en secouant la tête d’un air dégouté.


En la dépassant pour aller chercher mon repas, je lui donnai un coup d’épaule qui la fit vaciller. Elle tomba et, aussitôt, ses deux groupies qui lui servaient d’amies se ruèrent vers elle pour l’aider.


Je l’entendis crier mon nom, mais je l’ignorai, feignant d’être profondément blessé.


― C’était du grand art, ça mec, souffla Ryan en arrivant à ma hauteur. Mais tu n’as pas peur qu’elle fasse une connerie ?


Avant que je ne puisse répondre, mon téléphone vibra dans ma poche. Un message de Morgan.


Morgan. 12h25 SMS : Ne crois pas que tu as gagné. J’ai bien compris ton manège. Je laisse passer cette fois parce que ton côté jaloux et blessé était excitant, mais c’est la dernière fois. Si tu me refais ce coup, je balance ça sur les réseaux !


Une photo de Lili presque nue apparut sur mon écran.


― Merde ! Elle est complétement folle, siffla Ryan.


Je supprimai l’image avant de ranger mon smartphone dans ma poche. J’avais gagné quelques heures de répit, mais je devais faire attention.


En récupérant mon plateau, j’aperçus Lili assise à une table au fond de la salle, le bras de Steve autour de ses épaules et Anny en face d’elle. Elle souriait et discutait, inconsciente de ce qu’il venait de se jouer.


Je la contemplai un instant, jusqu’à ce qu’elle lève les yeux vers moi, ravivant des souvenirs de notre dernier baiser. La douceur de ses lèvres, le goût sucré de sa peau, son parfum enivrant… Mon cœur s’emballait ne désirant qu’une chose : pouvoir la serrer à nouveau dans mes bras et embrasser son sourire lumineux. Et la réalité me rattrapa : nous ne serons jamais ensemble. Pas ici. Ni ailleurs. Jamais.


Je me forçai à rompre le contact visuel et inspirai profondément avant de rejoindre les autres.


Ryan posa une main amicale sur mon épaule, me tirant de mes tristes pensées.


― Ça va s’arranger. On va se débarrasser de l’autre tarée et vous aurez votre fin heureuse.


Je ris à ses mots. Un son triste et amer.


― Ouais, une fin heureuse… soufflai-je mon regard dérivant vers Lili.



POV Lili


― Demain, tu viens avec moi. Aucune excuse possible ! s’exclama Anny par-dessus le brouhaha ambiant insupportable.


Les cris perçants de Morgan résonnaient dans la cafétéria, une cacophonie dont j’avais appris à faire abstraction ces dernières semaines. Cette fille savait comment attirer la sympathie et l’intérêt des autres, en multipliant les gloussements et les drames, toujours là pour alimenter les commérages.


Je reportai mon attention sur ma meilleure amie qui engouffrait un énorme morceau de poulet avec une avidité déconcertante. En croisant mon regard amusé, elle haussa les épaules d’un geste désinvolte avant de s’emparer de sa boisson.


― OK, soufflai-je. Et qu’est-ce qu’on a de prévu de si important demain ?

― On va rendre visite à ma grand-mère !

― Ce n’est pas un peu trop rapide, demandai-je en souriant malicieusement. Je veux dire, on se connait depuis quoi ? Quatre ou cinq mois ?


Steve et elle éclatèrent de rire. Un rire franc et naturel qui me fit chaud au cœur, même si être entourée de mes amis comblait le vide en moi.


Je sentis soudain un regard brûlant sur moi, faisant s’emballer mon rythme cardiaque. Logan. Il se tenait à l’autre bout de la cafétéria, Ryan à ses côtés. L’espace de quelques secondes, il sembla que le monde autour de nous avait disparu. Effacé. Nous étions seuls, dans cette chambre. Nos corps enlacés. Puis il se détourna pour rejoindre ses amis. Je restai figée, déstabilisée par ce brusque retour à la réalité.


― Non, idiote ! parvint à répondre Anny après avoir repris son souffle. J’ai besoin de lui parler et je veux pas y aller toute seule. C’est trop dur de la voir comme ça. D’habitude, mon cousin m’accompagne, mais…


Elle jeta un œil vers la table de l’équipe et soupira en apercevant Logan s’installer entre Loïc et Ethan, un sourire insupportable sur les lèvres comme si rien ne s'était passé, comme si Morgan ne nous menaçait pas, avant de ramener son attention sur son déjeuner.


― Bref. J’avais l’intention d’y aller vers 16 heures. En général, à cette heure-ci, Nana est pas trop confuse. Peut-être qu’elle pourrait nous apprendre deux trois trucs sur… aïe !


Je lui ai discrètement donné un coup de pied avant qu’elle n’en dise trop. Malgré ses soupçons, Steve ignorait tout du mariage arrangé et des vidéos compromettantes. Tout comme Ethan, il ne connaissait qu’une infime partie de la vérité : le fait que Logan était contraint de jouer au parfait petit copain avec Morgan pour éviter qu’elle ne s’en prenne à moi.


Steve m’observa avec un air étrange, mais ne fit aucun commentaire. Il se contenta de froncer les sourcils et de secouer la tête, visiblement déçu et blessé par nos secrets, avant de boire une gorgée de son soda.


― C’est Loïc qui invite ce soir, annonça-t-il brusquement après un court silence gênant. Tu seras des nôtres, Lili ?


Mon regard se perdit un instant vers la table au centre de la cafétéria. Les garçons discutaient bruyamment pendant que les pom-pom girls leur faisaient les yeux doux.


― Lili ? m’interpella Steve en posant sa main chaude sur mon avant-bras.

― Euh… Non… Je…, bégayai-je. M. Ferguson nous a accordé un délai pour rendre notre projet. Tu sais… comme on a été obligé de changer de binôme…


Je pris une profonde inspiration et fermai les paupières quelques secondes pour calmer la tempête qui faisait rage en moi.


― Je dois d’ailleurs retrouver Lucas à la bibliothèque. Je ferais mieux d’y aller maintenant sinon je vais être en retard.


Je me levai précipitamment et rassemblai mes affaires.


― Mais tu n’as pas touché ta nourriture, rétorqua Anny sur un ton maternel. Mange au moins ton sandwich…

― Je n’ai pas faim, bredouillai-je en m’éloignant rapidement. On se voit plus tard ?


Avant qu’ils ne puissent ajouter quoi que ce soit, je disparus derrière les portes de la cafétéria et courus me réfugier dans les toilettes, où les murs, couverts de graffitis ternis par le temps et les produits ménagers, semblaient partager ma mélancolie.


***


― Tu as vu comme il était en colère, quand il t’a vue sur les genoux de Loïc ? C’était trop hot ! Je n’ai jamais vu Logan si possessif et jaloux, dit Lesli d’une voix rêveuse.


Morgan se tenait devant le miroir, contemplant son reflet avec une vanité affligeante tout en retouchant sa coiffure déjà parfaite, entourée de deux autres pom-pom girls tout aussi superficielles, Lesli et Veronica.


Heureusement, elles semblaient inconscientes de ma présence. Je refermai la porte de ma cabine avec précaution et m’assis sur les WC, espérant me fondre dans l’ombre. Hors de question de sortir avant qu’elles n’aient quitté les lieux. Inutile de tenter le diable.


― J’avoue, ricana Morgan. Je devrais lui en vouloir de m’avoir parlé comme ça devant tout le monde, mais il était blessé, le pauvre… Je ferai juste en sorte qu’il se rattrape ce soir, si vous voyez ce que je veux dire !


Lesli et Veronica éclatèrent de rire tout en flattant Morgan, qu’elles considéraient de chanceuse pour sa relation avec le QB de l’équipe. Leur hypocrisie m’exaspérait au plus haut point. J’avais envie de dire à Morgan ses quatre vérités, mais je tentai de me ressaisir, me concentrant sur ma respiration de peur de laisser échapper des mots que je regretterais amèrement.


Lorsque, finalement, la porte claqua, laissant place à un silence accablant après le départ des trois pestes, je poussai un soupir de soulagement et sortis. Je me lavai les mains et rejoignis enfin Lucas.


Installé devant l’ordinateur, l’air catastrophé, il parcourait le code de notre application.


― Merde, pesta-t-il.


Je m’assis rapidement à sa droite, tout en m’excusant pour mon retard.


― Pas grave, chuchota-t-il sans même lever les yeux vers moi. Je suis con-content de-de te voir. Il y y a un bu-bug et je trou-trouve pas le pro-problème.


Il s’écarta pour me laisser la place devant l’écran et tenta de m’expliquer le comportement étrange de notre jeu.


― OK, je vais regarder ça. Tu peux t’occuper du dossier ? Il reste encore deux ou trois paragraphes à compléter.


Il accepta, semblant résigné, puis alluma l’ordinateur à côté et se plongea dans la lecture et la correction de notre rapport. Pendant ce temps, je survolais les logs pour comprendre d’où pouvait venir notre erreur.


Lorsque la sonnerie retentit, je n’avais toujours pas identifié l’origine du problème. J’allais devoir reprendre tout le code pour vérifier la partie logique du jeu. J’en avais pour des heures.


― Je dois y y aller, dit Lucas en fermant son sac. J’ai pres-presque fini le do-dossier. Et t-toi ?


Je lui offris un sourire encourageant, bien que l’ombre de l’ampleur du travail pesât sur moi, sans oser lui dire que je serais probablement coincée tout le week-end pour tenter de sauver un projet voué à l’échec d’ici lundi matin.


― Je devrais avoir terminé ce soir. Je te tiens au courant.

― OK. Alors on se-se voit chez-chez Loïc ! se réjouit Lucas avant de sortir.

― Aucune chance… soufflai-je en regardant les autres se précipiter vers leur premier cours de l’après-midi.


J’allais faire l’impasse sur la séance de sport aujourd’hui. J’envoyai un message à Anny pour qu’elle m’excuse auprès de Mlle Liv, et je me remis au travail.


Je fus rapidement dérangée par mon téléphone. J’essayai de l’ignorer, mais après le troisième appel, je craquai. Tout en soupirant d’agacement, je le sortis et répondis.


― Pourquoi t’as menti à Lucas ?

― Quoi ? chuchotai-je.

― Pourquoi t’as dit que tu avais bientôt fini alors que je peux le voir sur ton visage, tu ne sais pas d’où vient le problème ?

― Attends ! Quoi ? Tu m’espionnes ?


Je levai la tête, cherchant Logan parmi les quelques élèves restés dans la bibliothèque silencieuse.


― Non, j’ai décidé de sécher le sport et de travailler les cours de ce matin. Retrouve-moi à notre table dans 10 minutes.


Il mit fin à notre conversation sans me laisser le choix. Je rangeai mon téléphone et me replongeai dans l'analyse du code, mais la concentration me semblait hors de portée. Les secondes s’écoulaient comme des heures, interminables. Je me rongeai les ongles, fixant la grande horloge, complètement perdue. Le rejoindre serait de la pure folie, totalement irréfléchi. Si quelqu’un nous surprenait, Morgan le saurait dans la minute et ma vie deviendrait encore plus cauchemardesque. Pourtant, ne pas y aller n’était pas une option. Je brûlais d’envie d’être dans ses bras, de respirer son parfum, de goûter à la douceur de ses lèvres… Je suis vraiment désespérante !


Je me levai d’un bond, éteignant mon ordinateur sans réfléchir, puis rangeai mes affaires hâtivement avant de me diriger vers le fond de la bibliothèque. Là où Logan m’attendait. Je me forçai à marcher lentement pour ne pas éveiller les soupçons, mais je ne pouvais m’empêcher de regarder tout autour de moi, méfiante.


Tandis que je m’enfonçais dans les allées, une main m’attrapa soudain, me tirant vers un torse dur et chaud. Une odeur d’agrumes et de brise marine me submergea alors qu’il scella ses lèvres aux miennes dans un baiser brutal, chargé de désespoir.


Quand nous finîmes par nous séparer, ce ne fut que pour reprendre chacun notre souffle. Son front contre le mien. Ses doigts brûlants agripés à mes hanches. Ses yeux assombris par le désir.


― Je rêve de ce moment depuis des jours. Depuis que tu as quitté cette chambre, murmura-t-il.


Son haleine chaude caressait mon visage tandis que ses pouces dessinaient des arabesques sur ma peau.


― Je suis désolé pour toutes ces conneries. De ne pas être capable de te protéger.


Ses mots tremblaient, chaque syllabe lourde de regret. De colère.


― Tu n’es pas responsable de la folie de Morgan. Elle est obsédée par toi…

― Et toi, non ? demanda-t-il un sourire narquois sur ses lèvres gonflées par notre baiser.


Je secouai la tête en riant légèrement, puis je posai mes mains sur sa poitrine pour le repousser.


― Ce n’est pas moi qui ai supplié pour qu’on se retrouve ici, lui fis-je remarquer d’un ton désinvolte.

― Je n’ai jamais supplié, dit-il en picorant ma bouche. Juste exigé. Même si je pensais que tu ne viendrais pas…


Pendant une seconde, une lueur de vulnérabilité brilla dans ses yeux verts. Je pris son visage entre mes mains, caressant ses pommettes saillantes du bout des doigts.


― Jamais… avouai-je avant de l’embrasser passionnément.


À cet instant, j’ai réalisé que vivre ainsi n’était pas ce que je souhaitais. J’étais épuisée de passer mes journées dans l’angoisse. De laisser les autres m’imposer leurs règles et leurs décisions. Ce que je désirais par-dessus, c’était d’être enfin libre. Libre de faire ce que bon me semblait. Libre d’aimer qui je voulais. Peu importe les épreuves. Les obstacles.


Il recula d’un pas, son regard hanté par la douleur.


― Je ne peux rien te promettre. Je n’ai rien à t’offrir. Dans quelques années, je serai marié à une autre…


Je posai un doigt sur ses lèvres, l’empêchant ainsi de terminer cette pensée effrayante.


― Je ne te demande rien. Juste de profiter du temps que nous avons. Et qui sait, demain, je rencontrerai un autre garçon moins compliqué et plus charmant dont je tomberai follement amoureuse.


Il grogna à mes mots, resserrant sa prise autour de ma taille, puis enfouit son nez dans le creux de mon cou, respirant mon odeur.


― Aucune chance, susurra-t-il à mon oreille. Je ne te laisserai pas partir. Tu es à moi, Lili Menphis.


Un petit rire m'échappa. Triste et léger.


― C’est un peu présomptueux de ta part, Logan Cohnrad. Surtout sachant que tu appartiens à une autre.


Je le sentis se raidir dans mes bras, mais il demeura silencieux. On resta ainsi quelques minutes jusqu’à ce que la sonnerie vienne rompre notre moment, comme un rappel de notre réalité.


― Merde ! Je dois retourner bosser. J’ai un projet à terminer… expirai-je en sortant de la chaleur de son étreinte.

― Besoin d’aide ? Je suis plutôt doué en informatique…


Je lui adressai un sourire par-dessus mon épaule et, sans dire un mot, je m’éloignai, laissant sa proposition en suspens.


― Je te promets une fin heureuse, Lili Menphis. Tu vaux tous les sacrifices, dit-il à voix basse avant que je ne quitte l’allée qui abritait nos secrets.


Une fin heureuse… quelles qu’en soient les conséquences, pensai-je.



Texte de L. S. Martins (120 minutes sans relecture).

Image par Pexels de Pixabay : Corps Boxeur Homme - Photo gratuite sur Pixabay

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