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Chapitre 8 - Après la théorie vient la pratique

Chapitre 8 - Après la théorie vient la pratique

Publié le 21 juil. 2021 Mis à jour le 2 févr. 2022 Voyage
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Chapitre 8 - Après la théorie vient la pratique

Je transpirais à grosses gouttes. Les poumons en feu, je m’évertuais à frapper un sac encore et encore. Mais le plus dur fut la dernière heure. Aussi insoutenable que l’air chaud du Sahara ou la douleur quand le doigt de pied cogne contre un meuble.

             Cette heure était consacrée au véritable combat. On avait appris à donner des coups de poing, des coups de pied, à esquiver. Puis nous avons utilisé toutes sortes d’armes allant du nunchaku au cure-dent. Vous avez bien lu… Un cure-dent. Et je dois dire que c’est plus mortel que ce que l’on croit. Mais il faut être très précis et on ne peut viser que la mâchoire avec.

             À présent, je devais donc affronter mon ange gardien. Je vais peut-être en profiter pour lui donner une petite leçon puisqu’il n’a pas vraiment su me protéger. Ah, vous devez vous demander comment je vais faire pour le combattre alors que je ne le vois pas. Eh bien justement, c’est le but de l’exercice. Pas commode n’est-ce pas…

— Non mais sérieusement Az, je dois affronter quelqu’un que je ne peux voir ?

— N’oublie pas ce que je t’ai appris, si tu sais prévoir les coups de tes adversaires, tu ressortiras toujours vainqueur de tes combats. Et la seule façon d’apprendre est de faire face à des coups invisibles.

— Comme à l’école, on nous enseigne quelque chose de facile au début et au test final c’est la masse du soleil à calculer… dis-je, dépité.

— Quoi ?

— Non, laisse tomber.

— Bien ! Ael, es-tu prêt ?

— Oui, même si ça me fait de la peine de frapper celui que je protège.

— Essaie d’y aller mollo s’il te plait… priais-je.

— Ah non, tu y mets toute ton énergie !

— Très bien… dit Ael

             Azrael s’approcha de moi et me demanda si j’étais prêt. Je lui répondis que non et me reçus un coup dans le dos la seconde d’après. Je tombai à terre. Le combat commençait bien.

— Désolé Joseph…

— Je rappelle les règles, dit Azrael, pas le droit de parler. Le combat durera jusqu’à l’abandon de l’un des duellistes. Tous les coups sont permis. Messieurs, bon courage.

             Elle alla s’asseoir sur une chaise haute, comme si elle était soudainement devenue arbitre de tennis. Mais c’était un tout autre sport qui se déroulait autour d’elle.

Quant à moi, c’étaient des oiseaux qui se déroulaient autour de moi. Je ne faisais qu’encaisser des coups et cherchait désespérément une porte de sortie. On peut dire qu’il avait une sacrée force l’ange. En même temps, une créature divine contre un simple humain, comment pourrais-je gagner ? Et, comme il était invisible, cela n’arrangeait pas mon affaire.

Allez, arrête de réfléchir et concentre-toi. Esquive à gauche, à droite, et uppercut… Je ne l’avais même pas touché et j’étais de nouveau par terre, à crasher du sang. Bon, il faut que je trouve une solution. 

Qu’est-ce qu’elle disait déjà ? La vie n’a pas qu’un seul sens… Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Mais oui ! Les sens ! Si je ne peux pas voir, je peux entendre, sentir — ça pour sentir je sens la douleur — je ne suis pas sans armes.

Concentre-toi, qu’entends-tu ? Un bruissement de vent ? Non, des ailes ! C’est ça mon guide ! Ces ailes sont ce qui lui permet de se déplacer aisément.

Les yeux fermés — je ne savais pas vraiment pourquoi — je me concentrais sur ses ailes fouettant le vent alors que je continuais à me prendre des coups. Il était à droite, à gauche, il se déplaçait à une vitesse fulgurante. Mais j’ai compris sa stratégie. Il tourne en rond et n’attaque que lorsqu’il a un angle favorable. Maintenant, c’est à moi de trouver le mien.

J’ouvris les yeux et me dirigeai, dans une roulade sautée, vers le bout de la pièce où était entassé le matériel de combat. Mais Ael avait anticipé mon coup et il me projeta contre le mur à gauche des armes.

Coup de chance pour moi, un bâton était à mes pieds. Je le saisis d’une main ferme et le fit tournoyer autour de ma tête. Maintenant que je suis contre le mur, il ne peut plus voler autour de moi. Son champ d’action est restreint, c’est pile ce qu’il me fallait.

Azrael qui voyait tout depuis le début, s’avança de son siège afin de ne pas en perdre une miette.

Mon assaillant s’approchait. Il allait tenter une nouvelle attaque par la droite. Au moment où je le sentais le plus près, je fis un demi-tour sur moi-même et sautai en l’air. En plein vol, j’effectuai une vrille. Je sentis un souffle passer en dessous de moi et je balançai mon bâton vers celui-ci. Juste après j’entendis un vacarme et je vis toutes les armes voler et retomber.

Azrael siffla de ses doigts et vint à ma rencontre, toute joyeuse. J’avoue que je l’étais moi aussi.

— Je te félicite, ta pirouette à la fin était incroyable. Je ne savais pas que tu avais ce talent.

— Tu ne sais pas tout de moi… Ael ça va ? demandais-je, le regard porté vers les armes.

— Je suis derrière toi Joseph et oui tout va bien. Tu m’as fait dévier en touchant mes pieds. Bravo, c’était impressionnant. Mais, et toi ? Tu es couvert de sang.

— J’ai un peu mal, je l’avoue mais la satisfaction est plus grande.

             Mes vêtements étaient complètement déchirés. J’avais un goût de sang dans la bouche et maintenant que l’adrénaline était redescendue, je constatai que je ne sentais plus mon bras droit. Mais la douleur n’était que secondaire comparé à la fierté dans les yeux d’Azrael.

— Alors je vais pouvoir avoir mes ailes ? demandais-je.

— Houla non. Tu as fait pas mal de progrès mais ce n’est pas suffisant, il y en aura un autre demain. Et tous les autres jours nécessaires.

— Quoi, je vais endurer tout ça encore un autre jour ?

— Cache ta joie. C’est le prix à payer pour avoir tes ailes.

— Si j’avais su, j’aurais choisi le purgatoire.

— Hmm… Là-bas, c’est ça mais toutes les heures… dit-elle.

— Ah… Bon finalement ce n’est pas si mal…

— Ah ! Tu vois ! Bon, à présent, va prendre une douche, tu empestes le sang et la transpiration.

— La faute à qui ?

— Allez magne-toi ! Ael va t’accompagner. Il doit y aller aussi.

— OK nickel, viens copain. On va discuter de tous les coups que tu m’as mis.

             Même si je ne le voyais pas, je savais qu’il n’était pas loin. J’avais débloqué quelque chose durant ce combat. Sous ses conseils d’orientation, nous partîmes tranquillement vers les douches.

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