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Publié le 24 nov. 2025 Mis à jour le 24 nov. 2025 Poésie et chanson
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Étrange soir de printemps

Où l’on put voir Messire Satan,

En Grand Conseil des démons,

Lire une étrange décision,

L’œil éreinté, le poil terne,

Cornes basses, sourire en berne

Et d’une voix bien monocorde.

Fini l’enfer je me saborde,

J’éteins le feu, déclara-t-il.

Dès cet instant, à minuit pile,

Plus de rancœur, plus de misère,

Plus de douleur, adieu les guerres,

Adieu chagrins, adieu famines,

C’est décidé, je me débine.

Faites savoir, bons petit diables,

Cet arrêté irrévocable,

Je veux CNews et BFM et TF 1

Pour relayer… trois jours au moins.

Au Vatican, c’était kermesse,

Dom Pérignon en vin de messe,

Caviar-blinis en communion,

Et des sex-toys pour goupillons.

Mais sur la tête des suppôts,

Eligos, Malphas, Vassago

Samigina ou Abaddon,

Se dessinait la sidération.

Bondissant des fumerolles,

Belzébuth prit alors la parole.

Monseigneur peux-tu nous dire

Quel est demain notre avenir ?

Nous sommes tous tes fidèles

Moi, Dispater , Furfur, Bael…

Même Méphisto, quoi qu’il fasse,

Reste bien droit dans ses godasses…

Sans pauvres humains à tourmenter,

Ni âmes damnées à négocier,

Que ferons-nous, coquin de sort ?

Tu es bosseur, cela t’honore

Lui dit Satan. Mais moi j’arrête,

J’ai tous mes points pour la retraite.

Mais, j’ai prévu un plan social,

Outre, vos indemnités légales,

J’ai négocié avec le ciel

Salaire, voiture et mutuelle,

Plus le buffet à volonté

Aux trois repas de la journée.

Et puis deux ailes de cygne blanc

Pour faire de vous des innocents.

Il vous recase tous, chez lui,

Aux conditions meilleures qu’ici.

Il est en manque de travailleurs

Il explique comme ça, d’ailleurs,

Ma progression sur le marché,

Et ses croupières, par moi, taillées.

Ce n’est pas si mal, dit Belphégor,

Il y a le soleil qui brille dehors

Azazel tout aussi enjoué

Se voyait déjà, le teint halé,

Et peu à peu tous les maudits

Se mirent à rêver du Paradis…

Mais nom de l’autre ! cria Satan

Vous êtes bornés, c’est évident,

Vous pourrez voir, diables stupides

En consultant l’éphéméride

Que l’on est au premier avril.

Alors, au boulot ! Tas d’imbéciles !

Et pour punir l’indiscipline,

Plus de pinard à la cantine,

Et les heures sup. seront sucrées,

Durant… deux cent cinquante années.

Je veux mille âmes au barbecue

D’ici ce soir, et bougez-vous !

Quelques cathos trop culs-bénits,

A grignoter comme biscuits.

Je voudrais aussi, trois quatre auteurs,

Des prix Nobel, pour mon quatre-heures.

Si vous croisez James Cotantin,

Oubliez-le. Il ne vaut rien !

Ainsi soit-il de mes désirs,

Soyez en sûr, je vais tenir.

Je reste roi de Pandémonium,

Pour cent mille ans, au minimum.

Le malin, ayant ainsi parlé,

Partit d’un rire sardonique.

Et puis d’un pas, fort assuré,

Vers des nuages sulfuriques.


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