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Étrange soir de printemps
Où l’on put voir Messire Satan,
En Grand Conseil des démons,
Lire une étrange décision,
L’œil éreinté, le poil terne,
Cornes basses, sourire en berne
Et d’une voix bien monocorde.
Fini l’enfer je me saborde,
J’éteins le feu, déclara-t-il.
Dès cet instant, à minuit pile,
Plus de rancœur, plus de misère,
Plus de douleur, adieu les guerres,
Adieu chagrins, adieu famines,
C’est décidé, je me débine.
Faites savoir, bons petit diables,
Cet arrêté irrévocable,
Je veux CNews et BFM et TF 1
Pour relayer… trois jours au moins.
Au Vatican, c’était kermesse,
Dom Pérignon en vin de messe,
Caviar-blinis en communion,
Et des sex-toys pour goupillons.
Mais sur la tête des suppôts,
Eligos, Malphas, Vassago
Samigina ou Abaddon,
Se dessinait la sidération.
Bondissant des fumerolles,
Belzébuth prit alors la parole.
Monseigneur peux-tu nous dire
Quel est demain notre avenir ?
Nous sommes tous tes fidèles
Moi, Dispater , Furfur, Bael…
Même Méphisto, quoi qu’il fasse,
Reste bien droit dans ses godasses…
Sans pauvres humains à tourmenter,
Ni âmes damnées à négocier,
Que ferons-nous, coquin de sort ?
Tu es bosseur, cela t’honore
Lui dit Satan. Mais moi j’arrête,
J’ai tous mes points pour la retraite.
Mais, j’ai prévu un plan social,
Outre, vos indemnités légales,
J’ai négocié avec le ciel
Salaire, voiture et mutuelle,
Plus le buffet à volonté
Aux trois repas de la journée.
Et puis deux ailes de cygne blanc
Pour faire de vous des innocents.
Il vous recase tous, chez lui,
Aux conditions meilleures qu’ici.
Il est en manque de travailleurs
Il explique comme ça, d’ailleurs,
Ma progression sur le marché,
Et ses croupières, par moi, taillées.
Ce n’est pas si mal, dit Belphégor,
Il y a le soleil qui brille dehors
Azazel tout aussi enjoué
Se voyait déjà, le teint halé,
Et peu à peu tous les maudits
Se mirent à rêver du Paradis…
Mais nom de l’autre ! cria Satan
Vous êtes bornés, c’est évident,
Vous pourrez voir, diables stupides
En consultant l’éphéméride
Que l’on est au premier avril.
Alors, au boulot ! Tas d’imbéciles !
Et pour punir l’indiscipline,
Plus de pinard à la cantine,
Et les heures sup. seront sucrées,
Durant… deux cent cinquante années.
Je veux mille âmes au barbecue
D’ici ce soir, et bougez-vous !
Quelques cathos trop culs-bénits,
A grignoter comme biscuits.
Je voudrais aussi, trois quatre auteurs,
Des prix Nobel, pour mon quatre-heures.
Si vous croisez James Cotantin,
Oubliez-le. Il ne vaut rien !
Ainsi soit-il de mes désirs,
Soyez en sûr, je vais tenir.
Je reste roi de Pandémonium,
Pour cent mille ans, au minimum.
Le malin, ayant ainsi parlé,
Partit d’un rire sardonique.
Et puis d’un pas, fort assuré,
Vers des nuages sulfuriques.
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