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Le Dernier Faiseur de Vœux : Elara, l’Âme d’une Étoile

Le Dernier Faiseur de Vœux : Elara, l’Âme d’une Étoile

Publié le 9 juil. 2025 Mis à jour le 9 juil. 2025 Fantaisie
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Le Dernier Faiseur de Vœux : Elara, l’Âme d’une Étoile

Au huitième jour, Dieu contempla son œuvre et sourit. Mais, en ouvrant sa main, il découvrit une poignée d’étoiles oubliées, trop précieuses pour sombrer dans le néant. Alors, dans un dernier souffle, il les dispersa au-dessus de la Croatie. En touchant les flots, elles s’immobilisèrent, formant un collier d’îles éclatantes : l’archipel des Kornati, perles de l’Adriatique. Pourtant, une étoile tomba à l’écart, échappant aux regards des Hommes. Son nom danse dans le vent : Zelja, l’île des désirs oubliés, où rêves et réalité se confondent.

Bien connue du folklore balkanique, cette terre recèlerait un pouvoir aussi fascinant que redoutable : celui de donner vie aux chimères, à une seule condition—mettre son âme en jeu. Aux cœurs purs, elle offre l’accomplissement de leurs rêves. Aux autres, elle réclame un tribut, arrachant ce qu’ils chérissent le plus. Seuls les Faiseurs de Vœux maîtrisent cette magie. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un : Sirius Wishcraft, dernier héritier d’une lignée disparue. À vingt et un ans, il possède un don unique—voir la flamme qui s’illumine en chaque être.

Mais il lui manque ce que ses ancêtres maîtrisaient instinctivement : distinguer la pureté d’une âme. Son mana, d’une puissance inégalée, pourrait exaucer n’importe quel souhait, bouleverser l’équilibre du monde. Car chaque vœu altère le destin, trouble le hasard. Redoutant sa propre force, privé de discernement, Sirius a pris une décision irrévocable : il n’exaucera jamais de vœu.

Dans l’exil, il observe l’humanité se consumer : soif de pouvoir, avidité, vengeance. Les hommes ne rêvent plus, ils possèdent. Ils ne cherchent pas la lumière, ils la convoitent. Ils ne veulent pas s’élever, mais régner. Alors, l’ultime Faiseur de Vœux s’est effacé. Et, sans le savoir, le monde a peut-être laissé s’éteindre sa dernière étoile.

Pendant ce temps, la mer était en furie. L’Esperanza, jadis fierté d’une dynastie espagnole, n’était plus qu’un jouet entre les griffes d’un océan déchaîné. Les vagues éventraient la coque dans un fracas d’écume et de bois brisé. L’équipage avait fui. La famille aussi. Seules restaient, sur le pont battu par la tempête, Ophélia et sa fille, Elara. Deux âmes abandonnées face à l’inévitable. La pluie giflait leur peau, le vent arrachait leur souffle. Rien ne pouvait les sauver. Ophélia serra Elara contre elle, comme si l’amour d’une mère pouvait défier la mort.

— N’oublie jamais que je serai toujours à tes côtés, murmura-t-elle. Alors ne perds pas espoir. Vis… Je t’aime.

D’un geste tremblant mais inébranlable, elle drapa le dernier gilet de sauvetage sur les épaules de sa fille—comme un ange livré au destin. Puis, dans un cri muet noyé par la tempête, elle la projeta dans l’abîme. Elara aperçut son sourire, tendre, douloureux, éternel. Une main levée, un adieu figé dans l’ombre des vagues. Puis, Ophélia disparut. Engloutie. Arrachée au monde par la colère des flots.

Elara hurla, mais la bourrasque emporta sa voix. Ses larmes se mêlèrent au déluge. Le froid. La peur. Le néant. L’eau l’enserra comme un linceul. Elle lutta, suffoqua, sombra. Dans les profondeurs, ses songes se brisèrent en morceaux. Sa gentilhommière brûlait, son père et ses frères riaient de sa perte. Une voix s’éleva, un chuchotis venu de l’obscurité.

— Tu seras oubliée à jamais.

Et dans cette nuit liquide, le silence la prit.

Quelques jours plus tard, alors que le vent s’attardait sur les falaises et que l’océan grondait en contrebas, Sirius arpentait le sentier escarpé, le regard perdu dans l’horizon. Tout semblait figé dans une mélancolie inédite, jusqu’à ce qu’une ombre trouble le calme illusoire du paysage.

Là, entre le sable et l’écume, une silhouette gisait, à demi ensevelie par les vagues mourantes. Un frisson lui traversa l’échine. Il s’approcha, le cœur battant, et découvrit le corps inerte d’une fillette. Livrée au ressac.

Le temps suspendit son vol. Une fraction d’éternité. Puis un réflexe. Il s’agenouilla et posa deux doigts tremblants sur son poignet glacé. Une attente insoutenable. Et soudain… un battement. Faible. Fragile. Mais un battement tout de même.

Elle était vivante. Mais à quel prix ?

Alors, il vit l’impensable. Sa flamme intérieure… éteinte. Non pas vacillante, mais absente. Un vide abyssal là où devait danser la lumière d’un rêve. Car tant qu’un être rêve, il existe. Or, cette enfant ne rêvait plus.

Un vertige le prit. Était-il trop tard ? L’ombre de la mort l’avait-elle déjà réclamée ? Non. Il refusa l’inévitable. D’un geste assuré, il souleva la fillette et s’élança vers son sanctuaire.

Niché entre les ramures millénaires de l’Arbre-Monde, son refuge semblait suspendu entre ciel et terre. Une sphère polygonale, cousue de l’étoffe des songes, où chaque facette capturait une parcelle du monde, une fenêtre ouverte sur l’infini des possibles.

Sans perdre un instant, il gravit les étages et installa la petite Elara au sommet, là où la sève ancestrale insufflait sa force la plus pure. Si un espoir subsistait, même infime, il devait s’y accrocher. Car si elle sombrait, ce ne serait pas seulement une vie qui s’éteindrait… mais peut-être bien plus encore.

La pièce où elle reposait n’avait qu’une seule raison d’être : l’Antichambre des Miroirs. Un lieu mystique où l’Homme se retrouvait face à ses émotions les plus profondes. Peurs, doutes, joies, souvenirs… Tout ce qui façonnait une âme s’y reflétait.

Ce lieu était une épreuve sacrée, un rite imposé à chaque Faiseur de Vœux avant d’être accepté par l’Arbre-Monde. Mais jamais un être extérieur n’avait affronté ce jugement. Sirius le savait : seul le Grand Architecte pouvait la sauver.

Pendant ce temps, Elara sentit une chaleur douce l’envelopper. Son corps ne souffrait plus, son esprit flottait. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, un champ de coquelicots immense s’étendait devant elle. L’air était tiède, l’odeur du foin battu caressait ses narines, et le soleil chauffait sa peau.

Puis, son regard se leva.

Ophélia.

Sa mère, disparue, était là, tout près.

Une vague de bonheur déferla en elle. Les larmes roulèrent sur ses joues. Son cœur tambourinait. Elle voulait y croire, elle devait y croire.

— Maman… ?! souffla-t-elle, confuse mais bouleversée.

Ophélia lui sourit avec une tendresse absolue. Sa voix s’éleva, douce et grave à la fois

— Ma chérie… dis-moi, que recherches-tu dans la vie ? Est-ce le pouvoir ? La richesse ? Qui es-tu, Elara ?

La question résonna au plus profond de son être. Elara prit une inspiration tremblante et laissa jaillir sa vérité :

— Je ne cherche rien d’autre qu’à aider. J’ai vu trop de souffrance… Ma plus grande fortune serait que plus jamais personne ne connaisse la misère ou l’abandon. Que les autres puissent sourire, même si, pour cela, je devais perdre le mien.

À ces mots, l’image d’Ophélia vacilla. Le champ de coquelicots se brouilla.

Et soudain, ce n’était plus sa mère qui se tenait devant elle.

C’était l’esprit de l’Arbre-Monde, ou le Grand Architecte.

Une présence immense, profonde, insondable. Ancienne comme le temps, et pourtant si proche.

— Je ne ressens aucune noirceur en toi… murmura la voix, résonnant depuis les racines du monde lui-même. Serais-tu prête à subir une épreuve ?

Elara ne broncha pas.

— Quelle épreuve ?

— Un test de vie ou de mort. Tout dépendra de toi.

Un silence lourd s’abîma.

Sans hésiter, Elara hocha la tête.

Elle qui se sentait déjà morte se disait que si la vie l’attendait au bout du couloir, alors elle devait aller la chercher.

L’Arbre-Monde s’inclina légèrement, et sa voix résonna, grave et inaltérable :

— Tu veux aider, Elara. Effacer la souffrance des autres, quitte à sacrifier la tienne… Mais es-tu prête à en affronter le prix ?

Le sol trembla. Trois miroirs surgirent du néant, scintillants comme du verre liquide. Chacun reflétait un fragment d’elle-même… mais pas seulement.

Premier miroir : Le Reflet du Passé.

Son propre regard la transperçait, mais ce n’était pas celui d’une enfant… C’était celui d’elle-même, abandonnée, tremblante, cherchant une main qui ne viendrait jamais.

— Si tu veux sauver les autres, pourquoi n’as-tu jamais su te protéger toi-même ?

Elle baissa les yeux, serra les poings, puis souffla d’une voix vacillante:

— Parce que je ne savais pas comment… Mais si je peux l’apprendre en sauvant les autres, alors peut-être qu’un jour, moi aussi, je serai sauvée.

Deuxième miroir : Le Reflet du Mensonge.

Elle vit une Elara puissante, adulée, une légende. Elle avait préservé des milliers de vies… mais elle était seule. Son cœur vide, son âme en lambeaux.

— Si tu donnes tout sans rien garder pour toi, que restera-t-il de toi ?

Elle releva la tête, le regard lumineux :

— S’ils sourient… alors peut-être qu’il brûlera un peu de moi dans chacun d’eux.

Troisième miroir : Le Reflet du Destin.

Une ombre l’attendait de l’autre côté. Une porte invisible entre ce qu’elle était et ce qu’elle allait devenir.

— Si tu entres, tu renonces à tout ce que tu crois savoir. Tu renaîtras… ou tu seras brisée.

Elara inspira profondément, puis sourit.

— Peut-être que pour devenir qui je suis… il faut d’abord que j’accepte de me perdre.

Elle avança.

Alors qu’elle franchissait le miroir, une onde lumineuse explosa autour d’elle, blanche, aveuglante, éternelle. Son corps disparut, absorbé par le néant.

Une dernière fois, la voix résonna, vibrante comme l’écho terrestre :

— Là où d’autres jugent, toi, tu comprends. Là où d’autres détruisent, toi, tu répares.

Un silence. Le temps suspendit son souffle.

— Tu ne changes pas le monde… tu lui rappelles ce qu’il a oublié. Tu as le don de purifier les âmes égarées.

Le vide se fissura. Elara ouvrit les yeux. La réalité était toujours là.

Elle était allongée, le souffle court, mais vivante. À ses côtés, Sirius la fixait en silence.

Lui, qui n’avait plus foi en l’humanité, voyait enfin celle qui pouvait le libérer de lui-même.

Sans un mot, ils se comprirent. Il n’était plus seul. Elle non plus.

Et dans l’immensité de l’univers, une étoile venait d’embraser la nuit.

Un frisson ébranla les astres, comme le présage d’une épopée prête à enflammer l’éternité.

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