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Chapitre 34 : Fait d'amour et de sang

Chapitre 34 : Fait d'amour et de sang

Publié le 7 sept. 2025 Mis à jour le 7 sept. 2025 Fantaisie
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Chapitre 34 : Fait d'amour et de sang

Avez-vous remarqué ? Cette nuit si longue, pourquoi ne se terminait-elle pas avec la mort du vieux sorcier ? Pourquoi la tempête continuait ?

Il s'agissait là d'un problème d'équilibre. En rapport avec la fameuse trinité, et la nouvelle dualité. Au-delà des pouvoirs du mage, au-delà de ce monde : la prophétie. Que cache-t-elle donc encore ?

La Fée de l'Univers savait tout de la part manquante de la prophétie, mais elle-même ne pouvait pas prédire exactement comment les évènements allaient se dérouler. De plus, il fallait que les conditions requises soient réunies pour que la magie opère, et ce n'était pas encore le cas. C'était elle qui avait donné l'idée de créer cette prophétie au vieux maître des mages, au cas où il changerait d'avis et déciderait de réunir les deux royaumes.

Seul l'espoir ravivait la flamme qui brûlait dans le cœur du Messager Terrestre, lui qui aimait tant cette planète.

Les fils de la prophétie s'entremêlent, et petit à petit, la légende se crée.

Car oui, bientôt, la prophétie allait être enclenchée. Et tout se mettait petit à petit en place pour sa réalisation. La Fée de l'Univers en était maintenant certaine. Mais que la prophétie apporte des conséquences négatives ou positives avec elle, ça, personne ne le savait. Ou en tout cas, pas encore.

Mais pour le moment, laissons de côté cette prophétie.

Revenons-en au Messager Terrestre. Lui venait de deviner la finalité de cette histoire grâce à son amour pour la Terre. Et l'amour permet de croire en ses rêves, ça, il l'avait vu et compris par lui-même.

Son cœur ne battait que pour ce monde dont il aimait la personnification : le Porteur de la Terre. Un jeune homme si beau que ses longs cheveux ont aidé à créer les fleuves qui ornaient la planète. Si gentil, que les fleurs s’épanouissaient à son passage. Si fort et grand que les roches se fendaient en deux par le poids de sa lame. Et si clément que jamais il n’allait laisser les habitants de ses terres souffrir.

"Il m’a promis qu’il allait sauver son monde… Il me l’a chuchoté à l’oreille si tendrement, que je serai bien bête si je ne croyais pas en ses paroles…" se dit le Messager Terrestre en effleurant de ses doigts la lettre de l’élu de son cœur. Une lettre en papier de rose, aux mots plus doux les uns que les autres. "La planète qu’il protège et que j’aime tant… Elle est aussi belle que lui… Je ne pensais pas que nous serions un jour liés, je… Je pensais être le seul à l’admirer… Qui aurait pu croire que je lui faisais de l’effet ? C’est la première fois que quelqu’un me dit que je suis courageux… Et que mon devoir de protection envers la Terre n’est pas vain." sourit-il en se remémorant le goût des baisers qui accompagnaient les paroles sucrées de son amant. Il ébouriffa ses courts cheveux blonds aux boucles dorées pour leur redonner du volume, et rougit de ses propres pensées.

Il lisait la lettre assis sur un banc du jardin des cieux, près d’une fontaine, d’un pavillon en bois où s’abriter du soleil et d’un temple fait de colonnes et de murs en marbre.

"Apparemment, je ressemblerais à un ange, selon lui…" souffla-t-il en se levant pour regarder son reflet dans la fontaine. "Non… Il exagère…" se dit-il en secouant la tête, rougissant de plus belle.

Le cœur battant, il leva les yeux au ciel où l’on voyait la planète du Porteur briller. Il tendit la main, comme pour attraper la planète de l’homme qu’il admirait. Pourquoi s’appelait-il le Porteur de la Terre ? Tout simplement parce que c’est sa magie qui faisait flotter la planète, sa magie qui insufflait la vie sur ce monde.

"Il est si fort, si parfait… Le sort de cette planète lui est aussi important qu’à moi, nous nous soucions des mêmes choses ! Comme si… Nous étions faits pour être ensemble… Je ne veux pas me faire d’idées, mais tout porte à croire que son amour pour moi est véritable… J’ai hâte de le voir, et de partager mes secrets avec lui, de soulager sa peine…" pensa-t-il, l’air rêveur.

La joie se lisait sur le visage du Messager aussi clairement que le soleil qui éblouissait de ses rayons le jardin céleste. Comme quoi, il avait suffi à ce que cet homme le remarque pour que l’espoir renaisse en sa poitrine.

Gonflé de bonheur, il appela quelques papillons à venir le rejoindre, et s’en alla sur le lieu de rendez-vous que la lettre indiquait en sifflant, porté par ses sandales ailées.

Aaron caressait les doux cheveux de Morgan, qui dormait paisiblement dans ses bras.

La peur le rendait immobile : il savait que ça n’allait pas durer. Être heureux en se trouvant dans la prison du tyran des mers ? Impossible. Que faire contre un tel ennemi ?

- J’aurais tant voulu être libre, et te suivre partout où tu irais… Mais si l’on me libère, et que l’on te laisse mourir ici à ma place, à quoi bon ? "Être libre", j’en ai rêvé… Mais se retrouver seul comme avant, ce n’est pas ce que j’appelle la liberté.

- Mmm… Qu’est-ce que tu marmonnes ? fit Morgan en s’étirant.

- Tu es réveillé ? Il n’y a vraiment que toi pour t’endormir dans les bras de quelqu’un que tu n’as pas vu depuis des années et lui faire confiance ! Si ça se trouve, je suis devenu un prisonnier dangereux, tu sais, la folie aurait pu facilement m’emporter, enfermé dans cette salle avec si peu de lumière…

- Si tu aurais voulu me blesser, tu avais tout le temps pour le faire avant que je ne m’endorme, non ? Et pour ce qui est de la folie, je crois que nous sommes tous les deux atteints par cette "maladie"…

- Je plaisante, ne te mets pas en colère…

- Je ne suis pas en colère, c’est juste que… Je n’y crois toujours pas… Te retrouver, hm, ICI. De tous les endroits possibles, il aura fallu que ce soit une prison !

- Le palais terrestre, c’était aussi une prison pour moi. La seule différence est qu’elle était une prison en or. Alors ça ne change pas tant que ça, tu ne crois pas ?

- Hmm…

Aaron attrapa les poignets de Morgan de ses mains et l’embrassa. Le triton gémit sous la force du prince, qui tentait de le plaquer à nouveau contre le mur.

- L-Lâche-moi, Aaron !

- Je ne veux pas… Laisse-moi t’embrasser encore une fois, s’il-te-plaît…

- Pff, d’accord. Fais ce que tu veux.

- Je suis sûr qu’en ce moment, tes joues sont rouges comme le corail, j’en suis certain malgré l’obscurité… Et tu prétends ne pas être affecté par mes actions ?

- Je n’ai jamais dit ça…

- Si seulement je pouvais arracher ces maudites chaînes pour pouvoir te serrer plus fort, librement… chuchota Aaron en caressant le torse de Morgan de sa main droite.

- Même ces chaînes ne peuvent pas te retenir, je n’ose pas imaginer ce que tu aurais fait sans… Tu… Tu n’as pas mal, avec ces trucs en fer qui serrent tes poignets ? s’enquit Morgan en prenant délicatement les mains d’Aaron.

- Non, je suis habitué…

- Habitué ou pas, ça ne doit pas être très agréable… Ce n’est pas lourd, au moins ?

- Non…

La respiration saccadée de Morgan remplissait le prince de désir, si bien qu’il finit par lui demander :

- Il n’y a personne… Est-ce que je peux, ah, te toucher ?

- Quoi…?

- Tu m’as très bien entendu, ne fais pas semblant…

- R-Répète-le, si tu veux que je te croie !

Aaron planta ses yeux dans ceux de Morgan, arborant un air de chien battu.

- Accepte-moi, je t’en prie… Je veux te…

Rouge comme une pivoine, les joues en feu, Morgan le fit taire en mettant sa main sur sa bouche.

- Tu dis encore des bêtises…

Aaron avait peur. Peur d’être séparé de son seul et unique ami. La moindre seconde lui était précieuse. Quand Morgan écarta sa main, le prince lui dit :

- Je ne sais pas si le destin nous autorisera à être ensemble, alors j’aimerais pouvoir t’aimer de tout mon cœur avant que nous soyons séparés…

- Tu m'as promis que nous serions toujours ensemble, alors ne me parle pas de séparation…

- Je ferai tout ce que je peux pour que nous ne soyons jamais séparés… Mais j’ai beau te dire ça, je ne peux même pas nous sortir de là… Je ne veux pas être un fardeau pour toi, alors à la moindre occasion, pars d’ici sans te retourner. Je ne pourrai pas supporter que ce tyran te fasse du mal…

- Si je suis bien son fils perdu, alors ça voudrait dire que tu as souffert à ma place durant des années… Comment je pourrais te laisser seul ici plus longtemps…?

- Si ma présence ici pourrait te protéger, alors il n'y a pas à réfléchir : je resterai ici autant de temps qu'il le souhaite. S'il vient, je lui avouerai que je suis son fils, car d'habitude, je me contente de me taire, comme ça il arrêtera de penser que tu es lié à cette histoire...

- Tu ne penses qu’à toi-même ! Tu imagines comment moi je me sentirais, si tu gâchais ta vie pour moi ?! Si je devais à nouveau rester seul car tu m’as permis de m’échapper ?! Je lui dirai que je suis son fils quand il viendra ici, je ne peux pas me permettre de te laisser mourir ici un jour de plus à ma place ! Je…

- Je t’aime.

- Non… Tais-toi.

- Je t’aime, Morgan. Et toi aussi, vu ce que tu me dis… Tu préfères rester en prison toute ta vie alors que je te propose de t’en échapper ?

- Tu as passé trop de temps ici, ce n'est pas à moi de partir ! Je suis sûrement bien son fils, c’est ma responsabilité de lui faire face, alors quand il viendra, promets-moi de t’enfuir. S’il-te-plaît, Aaron…

- Je t’aime.

- Réponds-moi !

- Non. Je ne répondrai que si tu me dis que tu m’aimes, toi aussi…

- Oublie-moi, je ne t’aime pas et je ne t’ai jamais aimé. On ne s’est retrouvé que depuis quelques heures, crois-tu vraiment que je suis tombé amoureux si vite ?

- Alors pourquoi tu détournes le regard quand tu me dis tout ça ? Tu penses que je ne vois pas que tu me mens pour me protéger ? Que tu me repousses pour que je puisse m’échapper ? Regarde-moi, Morgan…

Aaron prit le visage de son ami entre ses mains et répéta :

- Je t’aime…

- Arrête-toi…

- Je t’aime… Laisse-moi te toucher au moins une fois, pour que je garde un bon souvenir de toi si le roi triton nous sépare…

Incapable de protester, Morgan se laissa embrasser par son ami d’enfance. S’il disait à Aaron que lui aussi il l’aimait, ça allait gâcher la vie du prince. Il avait passé tant de temps en prison alors qu’il n’y était pour rien… Et plus Aaron lui montrait son amour, plus le triton se retenait de le lui crier en retour, les dents serrées.

"Moi aussi, je t’aime… Bien sûr que je t’aime. Tu es la seule personne qui me comprend, comment pourrais-je ne pas t’aimer ? Mais si je te l’avoue, je te détruirai… Il faut que tu m’oublies pour ton bien…" pensait Morgan, fermant les yeux sous les caresses de son ami.

- Allez, dis-moi que tu m’aimes, je t’en supplie… Je sais que tu mens…

- Je ne mens pas… Ah…

- Tes yeux prouvent le contraire.

- Qu’est-ce que tu en sais ? Il fait bien trop sombre pour voir clairement !

- Repousse-moi, si tu me détestes autant…

- Oh, fais ce que tu veux ! Ce n’est pas comme si ce que je disais allait te faire changer d’avis…

- Si tu me dis clairement d’arrêter, j’arrête.

- …

- D'accord, j'ai compris... Pardonne-moi de m'être arrêté.

"Il ne veut pas que j’arrête de le serrer contre moi, en fait… Il veut juste que j’arrête de le questionner, mon insistance est un prétexte qu’il utilise pour se laisser aller sans m’avouer son amour… Il veut me protéger ? Eh bien c’est moi qui le protègerai. S’il le faut, quand le roi viendra me l’arracher et que je mentirai en lui disant être son fils pour sauver Morgan, je… Je repousserai mon unique ami. Je lui ferai perdre connaissance d’un coup pour que les gardes l’emmènent loin de ce château maudit, même si ça signifie être à nouveau seul ici. Il aurait mieux fallu qu’on ne se revoie jamais, si c’est pour gâcher sa vie à lui aussi en plus de la mienne. Mais cette once de bonheur me fait tant plaisir que je ne peux pas m’empêcher d’être heureux qu’il se soit fait capturer et enfermer ici avec moi… Je me sens coupable. Ah… Si seulement tu pouvais me dire que tu m’aimes avant de partir, toi aussi…" se disait Aaron, finissant par renverser son amant au sol tant ses sentiments le bouleversaient.

Longtemps il l’embrassa, le serrant de toutes ses forces dans ses bras. Morgan ne disait rien, mais le laissait faire. Au fond de lui, il avait attendu ces retrouvailles depuis un bon moment déjà, et les baisers d’Aaron lui faisaient perdre la tête. Il était si beau quand il le regardait, au-dessus de lui, avec ses longs cheveux noirs qui scintillaient légèrement dans l’obscurité, illuminés par les faibles lumières du couloir désert…

Morgan continuait de penser, essayant de ne pas paraître trop heureux de se faire prendre par Aaron : "Bon sang, je le laisse vraiment faire tout ce qu’il veut… Mais je ne pouvais pas résister, surtout quand je me dis que nous pouvons être séparés à tout moment… Je ne peux pas lui dire que je l’aime, sinon, il va vouloir rester ici à ma place comme il le fait depuis si longtemps… Mais si je pouvais au moins une fois goûter à son amour, non, à notre amour l’un pour l’autre, la question ne se pose même pas. Si le roi m’enferme ici à vie, je pourrais toujours me rappeler de l’étreinte du seul ami que je n’ai jamais eu. Mon ami... Il est bien plus que ça. Mais après ce que j'ai fait, qui est-ce que j'essaie de tromper ? Je mérite complètement la prison, je mérite ce qui m'arrive. Mais pas lui. Lui, il est au-dessus de tout cela. Je lui mens, je lui cache mes sentiments, mais j’en avais tellement envie… Et il le voit, il sait que je mens, il sait que je veux son amour, et il continue à m’en faire voir de toutes les couleurs même si je tais mes sentiments… Comment suis-je censé rester silencieux alors que toutes sortes de phrases d’amour veulent s'échapper de mes lèvres ? Comment…? Je ne peux que crier son nom, mais même la façon dont je le prononce trahi mes sentiments envers lui, et il le sait. Il sait tout de moi, tout ce que je tente de cacher sans jamais réussir face à son regard si beau et insistant...".

Les pensées des deux amis finirent par complètement disparaître, remplacées par la chaleur de l’amour qui les enveloppait. Et Morgan finit par s’endormir à nouveau dans les bras d’Aaron, ses larmes se fondant avec l’eau de mer qui les entourait.

- Tu me serres tellement fort et tu penses me faire croire que tu ne m’aimes pas ? As-tu entendu le son de ta voix quand tu m'appelles ? Je n'aime mon nom que quand il est prononcé par toi... Je ne serais même pas étonné si tu dis mon nom dans tes rêves de la même manière que tu viens de le faire, quand je t’ai donné tout mon amour… Tu m’as redonné envie de vivre, Morgan, et tu ne le sais même pas. Comment pourrais-je ne pas te rendre la pareille en te laissant aller vers la liberté ? Moi, je suis habitué à cette obscurité, cela ne me blessera pas autant de rester ici. Mais toi, que t’arrivera-t-il si tu finis à la merci du roi des mers ?

Discrètement, Aaron retira le collier du cou de Morgan où il avait laissé ses marques d’affection. Il voulait garder quelque chose de lui, car il sentait leur séparation proche, même s’il essayait de se voiler la face et de ne pas penser au futur. Il mit le collier à son cou, les mains tremblantes. Peut-être s’agissait-il d’un collier important, un collier qui aurait déjà mis la puce à l’oreille du roi sur l’identité de Morgan ? Si le roi avait l’esprit si embrumé, peut-être pourrait-il le berner ?

Il soupira, et déposa un long baiser sur le front de Morgan.

Il aurait voulu que ce calme dure pour l’éternité.

Il lui en fallait peu pour être heureux, alors pourquoi avait-il fallu que ce soit si dur de rester auprès de Morgan ? Il avait presque envie de le garder avec lui en prison, ignorant tout du monde qui les entourait. Peu lui importait, tant qu’il était près de lui. Mais il n’avait pas le droit d’être si égoïste, il devait lui rendre sa liberté et l’éloigner de son père, si le roi était bien son père… Rien ne le prouvait, n’est-ce pas ?

- T’avoir endormi sur mon cœur m’apaise si bien… Dors, Morgan, je vais m’occuper de tout. Je serai un homme capable de te protéger comme je l’ai toujours voulu.

À demi-endormi, Aaron sentit quelqu’un nager vers leur cellule dans le couloir.

Par réflexe, il serra Morgan contre lui et tendit l’oreille. Il essaya de ne pas trop bouger, par peur de réveiller son amant avec le bruit de ses chaînes.

Une ombre avança vers eux, à peine visible à cause de la faiblesse de l’éclairage.

L’ombre s’arrêta.

- Partez, je ne le répèterai pas, chuchota Aaron en tremblant.

Le ton de sa voix était plus sûr et confiant que lui-même ne l’était.

Il savait qui c'était. Et il aurait reconnu cette allure entre mille. L'allure du tyran qui l'avait enchaîné ici, et qui venait encore très souvent le voir pour le rabaisser. Le torturer jusqu'à ce qu'il avoue être son fils perdu... Et cette fois-ci, Aaron était bien décidé à enfin lui répondre au lieu de se taire. Pour que ce tyran n'ait plus de doutes. Mentir était sa seule chance de sauver Morgan des griffes du roi triton. Car c'était bel et bien le roi triton qui les observait en ce moment même à travers les barreaux sans rien dire.

Le roi des mers soupira, sortit une clé, et la glissa dans la serrure pour l’ouvrir.

Aaron sursauta. Il hésitait à réveiller Morgan pour que celui-ci puisse s’échapper, car contrairement à lui, son ami n’était pas enchaîné. Cependant, il fallait sûrement mieux avoir l’accord du roi, car jamais Morgan ne pourrait s’enfuir si le tyran le prenait pour cible… De plus, il ne voulait pas effrayer son amant ni le brusquer, il valait mieux que celui-ci reste endormi pour ne pas entendre ce qu'il s'apprêtait à dire. Il était sûr que Morgan le contredirait s'il mentait sur le fait d'être le fils du roi triton, et adieu la liberté pour lui. Le roi n'allait jamais le lâcher s'il apprenait la vérité.

"Maudites chaînes…!" se dit Aaron.

Il était à la limite de cracher un juron, incapable de se décider. Il ferma les yeux un instant, sentant son cœur s’accélérer. De la sueur froide devait couler sur sa peau, mais même si c’était le cas, l’eau de la mer l’effacerait, alors il n’y prêta pas attention.

Refermant son étreinte sur Morgan, il tenta tant bien que mal de se débarrasser du sentiment très désagréable qui l’envahissait : la peur de se retrouver à nouveau seul, et la peur d’être frappé. Mais pour son ami, il allait surmonter ces peurs, même si elles risquaient de le détruire de l’intérieur.

Peut-être que dans une heure ou moins à peine, plus rien ne serait plus jamais pareil pour lui, peut-être même qu’il allait disparaître sous les coups du tyran… Jusque-là, il n’avait jamais cédé en disant au roi "Vous aviez raison, je suis votre fils perdu.", mais s’il le lui avouait enfin, ce serait la fin. Car si le roi voulait le détruire (et il allait le vouloir en entendant la phrase tant attendue sortir de la bouche d’Aaron), sans Morgan à ses côtés, il ne pourrait pas tenir très longtemps : il savait bien qu’à un moment ou un autre, il allait finir brisé.

Brisé entre ces murs qui le retenaient depuis des années, sans personne pour le serrer contre lui, dans cette prison froide et vide qui était devenue à la fois sa maison et son pire cauchemar. Enfermé au palais, puis enfermé au fond de la mer, quelle triste vie ça aurait été sans connaître Morgan… Mais sans Morgan, jamais il n’aurait été enfermé, jamais il n’aurait connu le roi ! Et pourtant, une vie sans Morgan, c’était encore pire que mourir en prison.

"Mon monde était déjà une prison avant que je ne le rencontre… Et maintenant qu’il est là, même cette prison m’est douce au cœur, je serais resté là pour toujours si cela me permettait d’être avec lui… Je ne dois pas faiblir, pas avant qu’il ne soit en sécurité loin d’ici. Il doit vivre, être libre à ma place. Ces courts instants en sa présence m’ont ôté un énorme poids des épaules. Je peux désormais tout donner sans regrets. Quitter totalement une âme qui nous est sœur est impossible, car je garderai ce lien en moi quoi qu’il arrive, grâce à mes souvenirs et à mon cœur." pensait Aaron, parvenant enfin à ouvrir ses yeux pour regarder l’ombre qui s’était arrêtée en face de lui.

"Qu’est-ce qui lui prend ? Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Mes lèvres sont scellées, je n’arrive plus à ouvrir la bouche et lui dire de partir… La peur me cloue-t-elle sur place ? Ma peur de lâcher Morgan, ma peur de ce futur incertain, ma peur de ce triton qui a bien failli me rendre fou ?" se dit-il sans pouvoir détourner le regard de l’ombre.

- P-Partez ! Je vous ai dit que je n’allais pas le répéter deux fois de suite ! ordonna enfin Aaron tout en reculant.

Après de longues minutes de silence, le roi des mers soupira.

- Apparemment, je t’ai enfermé ici par erreur. Alors lâche mon fils, et pars. Tu es libre.

"Pas une once de regret, ni de remords, ni aucun mot d’excuse…! Comment peut-il…! Et il veut que je lui laisse Morgan ?! Il est aussi insensible qu’une pierre !" pensa le prince, choqué.

Reprenant son souffle, Aaron prit son courage à deux mains, et déclara :

- V-Vous avez gagné. Je l'avoue. JE suis votre fils. Je n'ai rien dit durant vos interrogatoires pour gagner du temps. Mais je ne veux pas qu'une personne innocente prenne ma place, alors je suis obligé de vous l'avouer. Vous avouer que je suis votre fils !

- Qu’est-ce que tu racontes encore ?! Cet homme que tu tiens entre tes bras, il a les mêmes mèches argentées que moi, il me ressemble, il n’y a pas de doute à avoir… Je ne te crois pas.

- Ça ne veut rien dire, vous n’êtes pas le seul à avoir ce genre de cheveux… Sur terre, c’est plutôt fréquent ! Moi aussi, je vous ressemble ! Regardez mon collier, ne vient-il pas de ma mère ?

Et Aaron détacha le pendentif (celui qu’il avait pris à Morgan quelques temps auparavant), et le montra au roi avec un air de défi.

- Alors, ça prouve que je suis bien votre fils, n’est-ce pas ?

- D’où sors-tu cela ? Tu ne l’avais pas avant… Il me semble l’avoir vu au cou de quelqu’un d’autre mais mon esprit peine à se rappeler de l’endroit précis.

Le prince déglutit, nerveux. Si le roi apprenait que c’était le collier de Morgan… Il devait miser sur les pertes de mémoire du triton, jouer avec ses souvenirs.

- Peut-être l’avez-vous vu chez ma mère, votre amante, avant ma naissance ?

- Pourquoi le dis-tu seulement maintenant ? Quelque chose ne va pas ! De plus, il m’a dit s’appeler "Morgan"… Cela signifie "qui vient de la mer" !

- Pourquoi devrais-je protéger un inconnu ? S’il était véritablement votre fils, je vous l’aurais dit. Je n’ai aucune raison de mentir, c’est juste que je ne veux pas condamner un innocent, alors autant vous confesser la vérité. J’admets être votre fils perdu, cet homme n’a rien avoir avec notre querelle.

- Vous allez me perdre tous les deux ! Je vais finir par croire que vous êtes tous les deux mes fils !

Il arracha le pendentif des mains d’Aaron, et ajouta :

- Il y est marqué "Morgan", ce collier n’est pas à toi !

- Avez-vous oublié que je ne vous ai jamais révélé mon nom ? Je m’appelle Morgan, moi aussi. Ce n’est qu’une simple coïncidence.

- Tu espères me faire avaler ça ?

- Si vous voulez tout savoir, je connais cet humain du temps où nous étions enfants. Je lui ai donné ce collier, et il vient de me le rendre ! S’il dit s’appeler Morgan, c’est parce qu’il a pris mon nom, il m’est redevable… Je l’ai sauvé, alors il a voulu, en signe de gratitude…

- Épargne-moi les détails. Si tu dis être mon fils pour libérer cet homme, soit il t’est important, soit tu ne supportes pas l’injustice. Il serait bête de sauver quelqu’un, si cela équivaut à se faire jeter en prison. Je suppose donc que tu ne veux pas que quelqu’un soit enfermé pour les crimes que tu as commis à ta place.

"Le seul qui a commis un crime ici, c’est vous. Vous voulez enfermer votre fils innocent en prison à vie." pensa Aaron, se retenant de le dire à voix haute.

Mentir pour sauver quelqu’un cher à son cœur ? C’était une chose totalement inconnue pour le roi triton. Alors il décida de croire Aaron. Ce dernier aurait dû pour son propre intérêt avouer qu’il n’était pas son fils, afin d’être libre.

- Bon, j’ai dû me tromper sur l’identité de ce garçon… Tout ce que je sais, c’est que j’ai des cauchemars en vous voyant tous les deux ! Alors peu m’importe qui torturer, tant que ça m’apaise l’esprit.

"Enfin ce monstre montre ses vraies couleurs… Bref, ça m’arrange, si ça peut sauver Morgan." fit Aaron, tremblant de colère.

Le prince eut à peine le temps de serrer la main de Morgan dans la sienne, s’attendant au pire, que le roi l’entraîna brusquement vers lui en tirant sur ses chaînes, brisant celles-ci.

Aaron gémit de douleur, et Morgan se réveilla en sursaut, sentant le contact du sol gelé au lieu des bras de son ami. Une vision d’horreur le saisit alors qu’il avait du mal à y voir clairement, comme encore embrumé par le sommeil. Quelqu’un levait la main en direction de celui qu’il aimait. Non. Ce ne pouvait pas être la réalité. Il dut écarquiller les yeux pour être sûr que c’était bien Aaron qui se faisait frapper contre le mur de la prison par le roi des mers. Horrifié, il s’écria :

- Qu'est-ce que vous lui faites ?! Lâchez-le ! Vous... Vous lui faites mal...! Vous le tenez comme un chien par ses chaînes !!

- Pousse-toi de là, jeune homme. C’est entre moi et mon fils !

Aaron lui fit signe de se taire en lui lançant un regard désespéré. "Pars !" semblait-il crier silencieusement. Mais Morgan continua ce qu’il faisait sans prêter attention à son ami :

- Je suis votre fils, pas lui !

- Je le croyais moi aussi, mais je ne pense pas m’être trompé il y a des années quand je l’ai capturé. C’est bien l’homme que j’ai enfermé ici qui est mon fils, pas toi. Tu peux rejoindre ma fille, si ça te chante. Je n’en ai rien à faire.

- Laissez Aaron tranquille ! répéta Morgan en s’accrocha au bras du roi dans l’intention de le faire lâcher les chaînes du prince.

- "Aaron" ? s’étonna le roi triton, s’écartant du garçon qu’il avait plaqué contre le mur.

Le prince espéra de tout son cœur que le roi ne connaissait pas le nom du prince terrestre, et qu'il allait continuer à croire tous ses mensonges.

- Ne l’écoutez pas, je m’appelle bien Morgan ! Comme je vous l’ai dit, il m’est redevable, alors il essaye de prendre le blâme sur lui, se faire passer pour moi !

- Mais qu’est-ce que tu racontes, Aaron ?! Je suis Morgan ! C’est moi ! Lâchez-le, bon sang ! s’écria Morgan à nouveau en voyant le roi agripper le prince par le bras.

- Sors de cette prison immédiatement, jeune homme, ce n’est pas ton problème ! Sinon j’appelle les gardes pour qu’ils t’enferment dans la prison d’à côté !

- Avec plaisir ! lui répondit du tac au tac Morgan.

"Il faudra me sortir d’ici par la force. Si au moins je peux rester dans la cellule voisine, toucher sa main à travers les barreaux, c’est mieux que rien…" se disait Morgan, ses larmes se mélangeant à l’eau de mer.

Mais le roi n’eut pas le temps de protester, car Aaron s’écarta de lui et s’approcha de Morgan.

Il fixa son ami dans les yeux, le regard vide, et soudain, le frappa.

- Ah ! Qu’est-ce que tu fais, Aaron…!

- Pars d’ici avant que je ne m’énerve !

Le roi des mers ne savait pas s’il devait intervenir, et les observait, médusé, lâchant les chaînes brisées du prisonnier.

- Je ne veux pas ! Je… Je t’aime, Aaron.

Le corps du prince frémit en entendant ces mots qu’il avait tant espéré entendre des lèvres de Morgan. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit maintenant ? De tous les moments possibles, il avait choisi de le dire maintenant ! Pile quand Aaron devait le repousser pour le protéger et qu’il ne pouvait pas le serrer dans ses bras.

Frustré, le prince attrapa soudain Morgan et le poussa vers la sortie de la cellule. Mais il le fit si tendrement, caressant presque ses bras des siens et le fixant d'un regard si amoureux et triste, que Morgan sut immédiatement qu'Aaron faisait semblant d'être en colère contre lui. Aaron voulait effrayer son ami pour l'éloigner de cette zone de danger, mais son cœur murmurait à sa place "Je sais. Moi aussi...", et Morgan l'entendit. Mais avant que le garçon ne puisse réagir, il était déjà hors de la cellule et le prince avait refermé la porte.

- Gardes ! Emmenez-le hors du château, c’est un ordre du roi ! hurla Aaron.

- Non… Non ! Je ne veux pas ! criait Morgan en retour, les mains accrochées aux barreaux de la cellule de son ami.

De l’autre côté, Aaron retenait la porte et le regardait avec une expression suppliante, le priant de s’en aller. Quand Morgan vit les gardes s’approcher de lui, il prit le visage de son amant entre ses mains, et l’embrassa à travers les barreaux, jusqu’à ce que l’un des soldats l’arrache à son baiser et l’emmène hors de la prison.

En liberté.

"Je vais revenir, tu peux me croire ! Je ne vais jamais te laisser seul ici à ma place !" avait crié Morgan dans le couloir. Il commença même à dire toutes sortes de bêtises, comme quoi le roi avait deux fils, qu'il devait rester ici, que tout était faux... Tout se mélangeait, et son espoir disparaissait à chaque mensonge qu'il inventait pour tenter de revenir en prison, car cela n'eut pour résultat que d'être pris pour un fou par les habitants du château des sirènes.

Sa voix s'était perdue en chemin, et Aaron n’en entendit qu'une petite partie. Il était si frustré de ne rien pouvoir faire face au désespoir de Morgan... Il aurait voulu le rejoindre, lui dire de se calmer, mais c'était impossible. Au moins, son ami était en sécurité maintenant, loin de cette prison de malheur. L'idée que Morgan allait finir par l'oublier un jour lui était si affreuse qu'il serra sans s'en rendre compte les barreaux à en faire rougir ses mains de douleur. Il savait que c'était pour le bien de Morgan, mais il aurait tant voulu être plus égoïste, avoir choisi de le garder avec lui dans cette prison...

Les lèvres tremblantes, il finit par porter sa main droite à sa bouche.

"Pourquoi m’a-t-il rappelé le goût de ses lèvres avant de partir ? Comment suis-je censé être privé de lui pour le reste de mes jours, maintenant ?" pensa-t-il effrayé.

Il se retourna vers le roi, qui le regardait toujours, mais cette fois-ci avec une expression d’incompréhension. Le tyran des mers n’avait rien compris de ce qu’il c’était passé, et heureusement pour Morgan, il ne savait pas ce que l’amour pouvait faire faire aux gens.

- Il doit te devoir beaucoup, s’il a voulu prendre tes années de prison sur lui afin de payer sa dette envers toi.

- Ah ? Hum, oui. Beaucoup, répondit Aaron en jetant un regard vers le couloir où flottait encore le parfum de son bien-aimé.

En cet instant, il sentait que son corps était fait entièrement d'amour et de sang, car cet amour le tuait à petit feu, au point de lui faire perdre la raison. Finalement, ce n'est pas la prison qui le faisait délirer, mais la perte de Morgan. C'était la deuxième fois qu'il le perdait, et sûrement la dernière : "Je n'ai plus aucune raison de faire des efforts de rester en vie. Je peux abandonner l'idée d'être libéré un jour. Je dois mourir pour apaiser le roi, et qu'il ne parte jamais à la recherche de Morgan. Jamais...".

Quelque chose protégeait cependant le jeune Aaron. Quelque chose qui empêchait le roi triton d'utiliser sa magie sur lui, qui l'empêchait à la fois de lire ses pensées et de lire en lui. Et ce quelque chose était l'amour profond et le courage dont le prince avait fait preuve depuis des années pour protéger ceux qu'il aimait. La prophétie elle-même le protégeait, elle faisait tout pour le conserver, pour qu'il puisse un jour monter sur le trône comme c'était prévu dès le début. Elle protégeait même Morgan, écoutant les désirs du prince comme si c'étaient des ordres. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour réunir ses propres conditions, et sauver le royaume séparé. Aaron était le pilier de sa réalisation.

Mais cette fois-ci, la prophétie ne pouvait plus rien faire. Aaron n'avait jamais abandonné dans l'espoir de protéger son ami et sa famille en occupant le roi, or en voyant Morgan le quitter, tout espoir l'avait définitivement abandonné. Il venait de signer sa mort. Il était sûr au fond de lui de ne jamais pouvoir être sauvé. Et pire encore, il ne voulait PAS être sauvé. Car pour lui, être sauvé signifiait que tout ce qu'il avait fait pour protéger Morgan était vain et le roi allait revenir capturer son ami. Et ça, c'était la pire fin possible.

- Je t'avais accordé le bénéfice du doute. Maintenant, je peux enfin te tuer de mes mains.

- C'est ce que vous vouliez depuis le début, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Je le savais. Finissez-en. Je n'ai rien à perdre.

"En me tuant, Morgan va gagner. Il n'aura plus jamais à avoir peur. Mon sacrifice ne sera pas vain. Au contraire. C'est ce que j'ai toujours voulu. Mais si je devais choisir... J'aurais choisi de pouvoir l'embrasser encore une fois, j'aurais tué son père, et j'aurais vécu ma plus belle vie avec lui. Dommage que ce n'est qu'un rêve impossible." se dit-il en souriant.

Il caressa le pendentif de Morgan d'un air rêveur, s'imaginant son ami heureux en liberté.

- Mais tu sais, quand je te tuerai, j'irais aussi le tuer lui au cas où.

Aaron se pétrifia sur place, incapable de prononcer le moindre mot.

Cette phrase venait de l'achever. "Morgan... Il va le..."

- Non... finit-il par murmurer d'une voix brisée, s'effondrant au sol.

- Tu pensais vraiment que j'allais abandonner la possibilité qu'il soit mon fils ? Peut-être l'êtes-vous tous les deux ! Il ne pourra rien faire face à moi, je n'aurais aucun mal à le rattraper. Juste une petite précaution de ma part.

Le roi s'approcha et le toisa du regard. Aaron avait l'air d'avoir perdu toutes ses forces en une fraction de seconde.

- Ne t'inquiète pas, j'ai compris que tu me disais la vérité. Je te crois, mon fils.

- Mais alors... Pourquoi...? Pourquoi ?!

- Pourquoi ? J'attendais juste d'être sûr que tu me dises la vérité, je devais entendre ce qu'il avait à dire. Et je te crois. Mais je ne suis pas tranquille avec cet homme qui sait tant de choses sur ton existence. L'éliminer lui aussi me calmera. On n'est jamais trop sûr de soi. Vous pouvez avoir tous les deux en partie raison, je ne pourrais jamais être complètement serein tant que vous êtes tous les deux en vie.

- Mais... Pourquoi me faire croire qu'il est libre, me... Vous m'avez...

Aaron se tut et se prit la tête entre les mains, refusant de croire ce qu'il entendait.

Il était heureux de mourir pour le sauver. Mais si son sacrifice n'allait servir à rien, à quoi bon avait-il fait tout cela, si Morgan lui aussi était voué à mourir ? Pourquoi avoir donné à Morgan la liberté si sa vie allait lui être enlevée tout de suite après ? Pourquoi avoir fait tout cela s'ils étaient tous les deux destinés à mourir dans la solitude ? Mais si tout cela lui avait permis d'au moins une fois donner son amour à Morgan, alors peut-être que cela n'avait pas été vain, finalement. Il était prêt à mourir des dizaines de fois si cela lui permettait de l'embrasser à nouveau. Et s'ils mourraient tous les deux, peut-être se retrouveraient-ils dans l'après-vie ? Mais être réunis dans la mort était-ce vraiment la seule option pour lui de le revoir ?

Ce qui l'inquiétait le plus était que Morgan n'allait jamais pouvoir vivre une vie normale à cause de lui. Et il allait s'en vouloir pour toujours d'avoir gâché leur vie à tous les deux. Lui, il pouvait tout supporter, mais Morgan... Le roi allait lui briser son âme. Et même la mort ne parviendrait pas à l'apaiser. Il avait si peur de le perdre que son corps tout entier se remit à trembler de plus belle.

- Ne le détruisez pas comme vous m'avez détruit, je vous en supplie...

Hélas, le roi ne lui répondit rien, et le prince ne put que pleurer face à son impuissance.

Des larmes qui, comme celles de Morgan, se mélangèrent à l'eau de mer.

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