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Mon paradis perdu

Mon paradis perdu

Publié le 3 juin 2021 Mis à jour le 3 juin 2021 Culture
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Mon paradis perdu

 

Ils étaient là, éparpillés, abîmés par le temps qui a passé.
Une forte odeur de moisi et d'humidité surgissait à mes narines me faisant penser à un état de  décomposition et de fermentation avancées. 

Je me disais " mais comment avait-elle pu laisser cet endroit dans un tel état d'abandon ". Ce lieu qui était mon havre de paix n'était autre qu'un petit jardin tropical communément appelé jardin d'hiver, niché au coeur d'une petite maison en plein milieu des bois et de la forêt. 

C'est ici que vit ma tante. Après la mort de ses parents, elle décide de s'intaller dans ce petit bout de forêt qui porte le joli nom de bois de Saint-Aubin. Très souvent, je prends un malin plaisir à lui cligner de l'oeil et lui dire " hé tantine ! Le petit bois de Saint-Aubin, le bois où on y est bien ".

Elle y est heureuse ma tante, dans cette maison, accompagnée de ses chiens Sashka et Zena. J'aime lui rendre visite dès que je le peux. Et même s'il me faut travailler tardivement mes cours dans la semaine, zou le week-end je saute dans mes baskets, je prépare mon sac à tue-tête et me dirige tranquillement vers le moyen de transport qui m'y conduira : le train express régional. Prononcé en entier, il me donne un peu plus l'envie de m'y aventurer. 

Je suis tout excitée à l'idée de ressentir la douce sensation de balancement accompagnée de l'envie irrésistible de somnoler, mais je me force à rester éveillée pour apercevoir quelques minutes et quelques kilomètres plus loin .... la gare. La gare, elle est toute mignonne et ... mais non, c'est ma tante dont je veux vous parler. Elle est plantée là, avec ses sabots de jardinier et son bonnet en laine tout de guingois. Hou la la, elle a quand même un look particulier. 

Dès que je l'aperçois je saute dans ses bras et je n'ai qu'une hâte, me retrouver avec elle dans son havre de paix. La porte franchie, vite, vite, je vais chercher dans le petit atelier mes sabots qui puent la transpiration et s'ils pouvaient me parler me diraient : " hé, ça fait un bail qu'on t'attend jolie brunette ". 

Ce jardin est mon endroit préféré. Allez-savoir pourquoi ? Heu !!! ça y est, j'ai trouvé !!! En fait, c'est "taille de cool" chez ma tante parce qu'il y règne un air de vacances tout au long de l'année. Ma tante m'a tout appris, les différentes espèces tropicales à faire pousser, leur entretien et surtout deux points essentiels très techniques : la capacité des installations à maintenir une forte hygrométrie de l'air accompagné d'un système de brumisation ultra performant et une bonne régulation du binôme température/hygrométrie. 

J'ai mis du temps à comprendre les mesures physiques et je n'y vois encore à ce jour pas grande utilité. Avrai dire, je ne suis pas vraiment une fusée dans les matières qui alignent, combinent et additionnent les chiffres. Ma moyenne en maths plafonne au chiffre qui symbolise l'infini. 

Une technique maîtrisée, ses petits secrets et les plantes le lui rendent bien en production de fruits, de fleurs, de feuilles luisantes et verdoyantes, de branches souples et fortes à la fois. Elle fait ça bien, ma tante, elle est trop forte. Pour m'y retrouver elle a la bonne idée de planter des étiquettes dans chaque pot, ce qui me permet de retenir des noms aussi complexes et entortillés que " aloe lineata ", " digitalis canariensis ", " heliconia schiedeana "parmi des citronniers, frangipaniers et autres subtilités. 

Ma tante, une femme au visage angulaire, au regard doux, profond et bienveillant, de longs cheveux gris relevés avec délicatesse et maintenus avec une pince en bambou. Qu'est-ce qu'elle est belle ma tante. Elle aime les matières nobles et naturelles. Elle a la singularité d'acheter le même modèle de vêtement ou d'accessoire, décliné en deux ou trois couleurs, de grosses chaussettes qui dépassent de ses bottines à lacets. Les fleurs, elles les portent aussi sur elle, des tuniques à grosses fleurs. Des couleurs toniques et acidulées qui m'enthousiasment, mais que je n'aurai sûrement pas portées et pourtant j'aurais tant aimé lui ressembler. 

Aujourd'hui, tous ces souvenirs ont remonté brutalement en moi, provoquant à la fois une douce sensation de bien-être, de gratitude et de force, mais aussi de tristesse, un vide immense et quelques larmes. 

La maladie dégénérative l'a emporté, mais il me restait ces souvenirs à jamais gravés et de nouveaux fruits que j'aimerais à nouveau toucher, de nouvelles fleurs à qui j'aimerais parler, de nouvelles feuilles qui perleront et de nouvelles branches qui s'entortilleront. 

A propos, ma tante s'appelait Marie-Rose et mes parents m'ont appelé Eglantine. 

 

Texte écrit par Laurence Alcan 

Image : https://unsplash.com/@moisamihai092

 

 

 

 

 

 

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