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Les nerfs de la guerre

Les nerfs de la guerre

Publié le 1 avr. 2021 Mis à jour le 18 avr. 2021 Culture
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Les nerfs de la guerre

"Nous sommes en guerre".  A la télé, vers 20h, une phrase résonna, laissant pontois un certains nombre de journalistes, pourtant habitués aux formules. Cette formule sonna  le début des années barrières, dont les gestes devaient être les prémices de la fin de la promiscuité.

"Darling, I'm going out " "Of course !" 

Etrange paradoxe, car c'est bien le contraire qui arriva. La promiscuité s'installa durablement dans les foyers, privant de liberté les couples repliés sur eux même. C'est ainsi que naissa l'un des premiers:  "Chéri, je te quitte!".  "Mais bien sur!" de 2020.  Le plus lessivé ouvrait la barrière  et partait definitivement, sans un regard, pas même un geste.

 L'Angleterre avait ouvert le bal quelques temps plus tôt, laissant notre vieille Europe bien plus pontoise que les journalistes précédemments cités :  "Darling, I'm going out " "Of course !" 

  L'époque est donc à la prise de décision radicale dans un monde qui découvre l'introspection et la fin des bisous sociaux. Cloisonnés, les uns sur les autres ou les uns sans les autres, on cultive l'entre-sort ou  l'entre soit. Nous what's zappons tout autant,  calqués sur le tempo des interventions présidentielle et les théories qui en découlent dans les groupes familles que nous quittons selon l'état de nos nerfs.

Le nationalisme, quand à lui, est bien parti pour s'installer:    Les peuples y prennent goûts, à cette vie qui semble survivre sans touristes.

Hier : monde sans frontière, puis lundi : "Geste barrière!" 

L'indigeste barrière

 Après ce nombre incalculable de divorces , matérialisé par un nombre tout aussi incalculable d'inscription Tinder, le monde se cristalise autour des années 40. Car si le nombre d'inscription Tinder est en croissance, les expressions "Plans culs s'abstenir", "Je veux du sérieux", "je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus" interrogent sur notre perception de la morale. Un peuple apeuré se réfugiant dans des valeurs ancestrales, où l'on retrouve l'idée du couple idyllique et sa rigueur morale du "pour la vie". Comme ce qui avait été constaté dans les communautés abandonné dans les cités dortoires, la religion reprend des forces, soudant les individus pour affronter un contexte jugé difficile. La crise économique qui devrait suivre cloture la liste des ingredients d'un gateau amer. 
En ces temps  de rigueur, malheur à celui qui sort du rang.  Prenez garde au voisin (sur)veillant, et sa bonne vieille délation. Surtout si l'un de vos match franchit votre paillasson... Car si après votre folle épopée virtuelle consistant à passer de Tinder à Whatsapp, de Whatsapp au visio, du visio au jogging , vous pensiez ramener l'objet du désir à destination finale, il faudra vous lever de bonne heure ! 

Coq à l'âne.

Enfin bon,  qui arrive vraiment à se lever de bonne heure pour rejoindre son ordinateur plutot qu'un collègue?
Qui peut se vanter de se lever de bonheur dans un monde où les nouveaux adultes pointent du doigt les quarante dernieres années qu'ils jugent responsables de tous leurs maux ?  Les nouveaux adultes répondront  : les femmes, les noirs et les homos. Pas faux, ils  gagnent enfin le respect qui leur a toujours été du.  Le parcours est sans fautes et sans reproches.

C'est vrai que  revoir "Les grosses têtes"  à travers le prisme du 21 eme siecle peut faire tomber de haut: de l'accent africain pris par  le chanteur Carlos racontant une blague, à la blague elle même; de l'humoriste Sim se faisant talquer les fesses en direct sur TF1 tel un sketch grivois de TPMP , ou encore une jeune femme noire surnommée Pépita se faisant insulter en prime sur le service public dans l'émission hebdomadaire Pyramide ("Va dans le noir, ca te changera" par Patrice Lafont !)...  Cela ne pouvait que présager du grand retour du politiquement correct. Moi l'ironique, le fan inconditionnel de Gainsbourg, Desproges, Higelin, Guitry  et tous les fantaisistes provocateurs qui ont oeuvrés à faire  bouger les mentalités, me voici choqué de ne pas l'avoir été à mon époque. Et paradoxalement en colère qu'on transforme mes souvenirs de cette époque en la généralisant comme pervertie, raciste et honteuse.

"On savait rire!"

Cette expression qui vous déguaine aujourd'hui un :  "Ok boomer!" de la part de n'importe quel jeune né après internet, persuadé d'avoir raison sur tout,  et qui fait de nous des "beauf racistes"...  Ces générations  ne comprendront sans doute jamais aucune subtilité de ce que nous avions traversés. J'en garde des souvenirs de libertés, de soirées aux relans de whisky coca, d'odeur de clopes et de rire de toutes les races, de tous les genres et toutes les orientations sexuelles. 

Si aujourd'hui l'information est au bout des doigts de celui qui la cherche, l'Histoire n' a de cesse d'être oubliée et être rejouée. Lorsque les hommes n'osent plus se moquer d'eux même, les rires se réfrènent, les chemises perdent leurs fleurs , la silicon Valley ses tee shirt, les couples leurs illusions,  la nature ses anticorps, le monde sa culture, les hommes leur sommeil, les dessinateurs leurs crayons et les professeurs leurs têtes.

"Nous sommes en guerre."

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