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La Forteresse cachée de Akira Kurosawa

La Forteresse cachée de Akira Kurosawa

Publié le 1 oct. 2020 Mis à jour le 1 oct. 2020 Culture
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La Forteresse cachée de Akira Kurosawa

 

La Forteresse cachée Akira KurosawaLa Forteresse caché Akira Kurosawa

« Encore cette tête » dit la princesse à son protecteur, « elle suinte la loyauté ».

La Forteresse cachée (1958) est un long métrage de Akira Kurosawa (1910-1998). Le film retrace à travers des personnages emblématiques, une fuite due au conflit guerrier entre deux fiefs, celui de Yamana et celui de Akizuki dans un Japon médiéval ravagé par les guerres civiles.

Le grand cinéaste retrace l'épopée d'un clan battu composé d'une princesse Yuki, interprétée par Misa Uehara et de son protecteur, le charismatique général Rokurota, interprété par Toshiro Mifune, emportant le trésor des Akisuki et accompagnés de deux paysans, ils quittent la Forteresse où ils avaient trouvé refuge, laissant derrière eux la nourrice de la princesse, l'ancien samouraï et deux gardes qui ne vont pas manquer d'être attaqués. 

La traversée va se révéler difficile, les personnages vont vivre une succession d'obstacles.

C"est un parcours initiatique qui ne l'est pas moins pour le spéctateur, plongé dans une narration où les paersonnages évoluent sous mes yeux de celui-ci.

La Forteresse cachée s'ouvre sur la critique du code samouraï.

La stratégie du samouraï a fonctionné et l’ennemi s’est trompé et tué la sœur du général Rokurota à la place de la princesse Yuki. Cette dernière, animée par une très vivre douleur ne contient pas sa colère et s’en prend au général, pour accuser jusqu’à l’esprit du samouraï qu'il incarne et condamne cette loyauté au suzerain qui sacrife une vie pour une autre. 

L"honneur du samouraï est d'emblée attaqué par cette jeune princesse, sa colère exprime une remise en cause du code du samouraï et de cet honneur, valeur suprême qu’elle ne reconnaît pas et refuse étant donné qu’elle s’accomplit dans la mort injustement. 

« Sa vie ne vaut pas moins que la mienne » s'exalme la princesse.

Le général est attaqué dans ce qui le fonde, en quoi il croit et ce pourquoi il vit. C'est un ébranlement intérieur et pour trouver les réponses, il va sonder le coeur de la princesse tout au long de l'aventure pour y puiser les informations que la pincesse, par ailleurs, n'a pas encore. On verra à quel point le regard joue un rôle primordial chez Kurosawa et comment il vient interroger celui du spéctateur. 

Dans ce japon médiéval, aux guerres incessantes, Kurosawa interroge la cause de la guerre

Les guerres d’hier et d’aujourd’hui au japon et ailleurs. Kurosawa a lui-même signifié que ses films sont universels parce qu’ils sont profondément japonais. Kurosawa crée à partir de ce qu’il connaît, descendant lui-même d'une lignée  de samouraï, le talentueux réalisateur parle à tout le monde, tous mes messages sont dans mes films, dit-il.

Qu'est-ce que la guerre si ce n’est ce rapport de force qui trouve sa pleine expression dans le monde de la dualité. Lumière et obscurité, clarté et brouillard, amitié et inimitié, retrouvailles et séparations, le jeu des oppositions est présenté autant dans le paysage que le comportement des acteurs, jusqu'au spéctaculaire duel des sabres entre Rokurot et son ami, Tadokoro Hyoe, samouraï appartenant au clan adverse. Avec cette note optimiste qui dit l'Homme en devenir, car le général, vainqueur refuse de trancher la tête de son ami vaincu comme le signifie le code du combat samourï, contrariant ainsi son ami qui le supplie d"exécuter cette tâche.

L'action de la transformation intérieure est manifestée par cette infraction à la règle du bushido

La Forteresse cachée : un film d’exil et de déchirement

Le ton est donné, une princesse en quête d’égalité,  est en route pour conquérir sa légitimité à travers cette aventure qui se veut un chemin initiatique avant tout. L'héroïne affrontera avec courage et dignement la destinée incertaine et dangereuse qui s'offre devant elle. C'est une plongée dans le vide où elle affrontera jusqu'à la mort.

Quitter le lieu qui empêche l’accès à la connaissance, une princesse surgit comme cet élément à qui les codes et les lois ne conviennent pas, elle est porteuse de l’espoir d’un gouvernement juste qui trouve ses fondations dans l’égalité. La princesse sait ce qui ne va pas, ce qui n’est pas légitime et c’est ce Japon des Samouraï qui annonce son effondrement et le patriarcat. 

La Forteresse cachée de Akira Kurosawa

La Fortersse cachée : le regard interrogateur et révélateur.

Les personnages clignent de l'oeil, on l'apperçoit chez la nourrice qui justifie le comportement de la princesse pour en donner une description erronée de l’enfant qu’elle a élevée l'accusant d’être sans cœur sûrement par l’effet de l’éducation du père qui en a fait un garçon manqué. Encore une fois, un préjugé qui a agi sur la perception de la réalité pour la fausser. Ici, le clignement de l'oeil révèle l'ignorance renforcée par une tradition patriarcale d'un Japon féodal produisant ce genre de stéréotypes. 

Le même clignement de l'oeil est adopté par le paysan, Tahei, intérprété par Minoru Chiaki. Face au soleil, la lumière est insupportable. Ce geste révèle l'handicap du paysan qui n'a pas accès à la réalité. 

On voit dans le film, comment le regard du général sonde le cœur de la jeune princesse déchirée par la douleur de se séparer de ses proches laissés dans La Forteresse Cachée, cet abri qui ne l’est plus, porsuivi par le cla ennemi qui à présent sait qu'il s'est leurré en tuant la soeur du général.

Plus tard, lorsqu'elle sauve une jeune femme des mains des hommes qu'ils utisent comme propriété pour assouvir bestialement leurs instincts, la princesse qui doit se faire passer pour muette, donne l'ordre au général, d'obéir à son injonction, se révélant à elle_même elle lui déclara autoritairement :

"Dois-je aussi faire taire mon coeur ?"

Kurosawa nous propose deux personnages esclaves à cause de leur ignorance

Tantôt audacieux, tantôt lâches, vaniteux et humiliés, crédules et méfiants, désobéissants et serviles, une inconscience exprimée par les corps : gestes désarticulés, confusion entre mensonge et vérité, ainsi quand le général se présente en donnant son nom, ils l’accusent de menteur, Kurosawa nous présente deux personnages ridicules mais attachants car la moquerie est exclue si l’on reste attentif. En effet les deux paysans sont illettrés et n’ont pas reçu d’instruction et si ces deux personnages s’accusent mutuellement et accusent des éléments extérieurs, c’est l’effet de l’ignorance avant tout, conséquence d’une société inégalitaire, laissant pour compte les paysans désarmés en tout et avant tout par ce manque d’instruction. Leur être leur est étranger tout autant que ce conflit qui les dépasse complètement.

Ce sont avant tout deux êtres démunis. La réalité est inaccessible à un être ignorant.

Restant dans cette ligne de séparations, par l’effet de contraste, nous est présenté un personnage charismatique en la personne de Mifune qui interprète le redoutable général Rokurota Makabe, gestes sûrs et qui visent justes, paroles pesées, courageux et guerrier redoutable et loyal. Un samouraï éduqué et protecteur de la princesse, avec quelques proches, notamment sa nourrice, un ancien samouraï et deux gardes en plus du général, qu’il emmène

La stratégie du samouraï a fonctionné et l’ennemi s’est trompé et tué la sœur de à la place de la princesse

La Forteresse cachée : clarté et brouillard

Le décor chez Kursawa n'est jamais anodin, c'est un oeil de peintre qui nous présente les éléments naturels comme une continuité de la vie des personnages, soit la nature déclenche un comportent, une action, comme dans le cas où la pluie contrarie Tahehi tout comme le soleil l'aveugle ou le brouillard comme projection de notre ignorance de nos actes déterminés par des forces obscures qui agissent à notre place.

Les paysans parlent de surprise, lorsqu’ils décident de se mettre d’accord, après disputes pour partager équitablement les pièces d’or qu’ils découvrent par hasard, interrompus dans leur quête par l’intervention charismatique du général, la cupidité et la peur, notamment la peur de la mort va en faire deux personnages serviles que le général va manipuler our exploiter leurs forces physiques et transporter le trésor. L'esclavage extérieur met en évidence l'esclavage intérieur et l'ignorance de ces forces. 

Dans une histoire de guerres et d'amitiés, notre regard est invité à scruter les âmes de ces acteurs, à nous questionner sur ce qui les fait agir, pour cela Kurosawa, en plus du dépouillement et de l’économie des mots et de la gestuelle qui veulent aller à l’essentiel, il fait mouvoir l’acteur dans un paysage qui n’est pas neutre mais qui fait échos à ce qui se joue chez les acteurs. Si l’émotion qui fait passer à l’action est explicitement montrée, les tableaux en arrière fond de l’action montrent l’expérience, l’évolution des personnages, leurs relations aux phénomènes naturelles, les deux personnages épiques, s'en prennent à la pluie, au soleil, d’autant plus qu’ils sont étrangers à eux-mêmes, ignorants tout des mécanismes qui se jouent entre eux et les font agir.

La honte empêche le retour, la peur rassemble et la cupidité fait obéir.

Le film  commence par l'apparition à l'écran de Matashishi et Tahei, deux paysans en terre ennemie dont le retour au pays est empêché plus par une frontière intérieure qu’une frontière extérieure. En effet, ayant vendu leurs maisons pour acheter des armures, convoitant un prestige social comme soldats, les malheureux arrivent trop tard sur le lieu du conflit et les voilà déjà vaincus. Une absence de stratège et une volonté défaillante qui va les caractériser tout au long du film jusqu’à la scène finale qui amorce un champ des possibles car ce film est un ensemble de chemins d’expériences auquel est invité également le spectateur à réaliser par l'observation. 

La Forteresse cahée de Akira Kurosawa

La nature comme promesse de l’harmonie

La princesse chemine avec la compréhension des obstacles, sa position assise relève de son action méditative, une pratique bouddhiste, significative pour faire comprendre au spéctateur ce qui se joue. Elle devient attentive au cham des oiseaux, à la beauté des paysages, le personnage équilibre ses tensions internes, d'harmonise avec la beauté de la nature, nous ne savons plus si ces fleurs lumineuses dans lesquelles, elle s'immerge émanent  de son être, la beauté de l'image révèle une unité qui touche l'âme. 

Le général, en stratège, avec la charge d’or caché dans les branches, sur son dos, met en place un plan pour quitter la frontière et trouve un moyen génial pour tromper l’ennemi, toujours sûr de la convoitise des hommes qui se trompent de jugement à cause de leur cupidité. On ne trompe les Hommes que par ce qui les trompent. 

Et les deux paysans, toujours perdus, dans cette aventure, ne comprenant ni les tenants ni les aboutissants de cette guerre, serviles par peur, vouent désormais leur survie à celui à leur maître.

La danse du feu : la conversion de la princesse

" La danse du feu m'a bouleversée" déclare la princesse Yuki.

La scène de la danse du feu mérite toute notre attention, c'est l'élément qui se met sur le chemin de la princesse tel un don divin répondant sa grâce sur cette jeune femme en quête de justice, donc de vérité, c'est le couronnement qui l'annoblit. Elle-même dira plus tard quand ils sont arrêtés et attachés : " la danse du feu m'a bouleversée"

Cette scène centrale va opérer sur cette princesse à la manière du prince Siddharta qui découvre la souffrance, la vieillesse et la misère qu'une fois sorti d'un milieu protecteur où la réalité est cachée et l'illusion entretenue.

Choisissant de prendre la fuite en emportant l'or caché dans les branches, les deux paysans, tentent de se cacher avec la foule du camp ennemi qui se rend à la fête traditionnelle des Yamana. Ils ne se doutent pas de ce qui va arriver car le bois va être mis en feu et les branches réduites en cendre. Les branches consumées, l'or se révèle et la stratégie de dissimulation se trouve compromise de même que l'idendité du groupe, qui jusque là a réussi d'échapper à l'adversaire. 

Mais l’élément centrale de cette très belle scène, c’est l’action du rituel qui va bouleveser le cœur de la princesse.

Cette dernière va s’unir avec les ennemis dans une danse qui la porte et un chamt dont les paroles vont agir sur elle comme une information qu'elle est désormais prête à recevoir et  qui va opérer directement sur son être. C'est une conversion que va vivre la princesse.

« Que la vie des hommes

s’embrase dans le feu,

que la vie des insectes

se consume dans les flammes.

Car en vérité,

tout n’est qu’illusion

Ici-bas comme au-delà.

Alors soyons fous ! »

Lors de leurs arrestations par le clan ennemi, ces paroles qui ont pénétré le cœur de la princesse et dans une scène théâtrale, elle va les répéter devant l’ami  Tadokoreo, qui fait parti du clan adverse vient les visiter, il reproche alors au général de ne pas lui avoir ôté la vie quand il a perdu le duel de sabres et affiche  son visage désormais marqué par l’humiliation qu’il porte à cause du déshonneur. La princesse ridiculise alors ce raisonnement, ce code d’honneur qui appelle à la mort et qui n’a son fondement que dans l orgueil. Aussitôt, elle se met à réciter le chant qui l' a bouleversée,  non sans avoir dit auparavant qu’elle a vécu quelque chose de merveilleux car il n y a rien de plus beau que la réalité.

Le chant opère sur la femme délivrée, en entend ses pleurs et il opère sur l’ami qui prend le parti de s opposer à son camp pour leur sauver la vie, en faisant cela, il sait qu il se sacrifie, qu’il va à la mort, cependant, la princesse lui enjoint de choisir la vie et de partir avec eux. 

C'est une conversion que va vivre le général ennemi, il choisit la vie. 

La Forteresse cachée Akira Kurosawa

Le royaume conquis

La Forteresse cachée, film résoluement optimiste sur la nature humaine, des voies différentes mais qui peuvent faire atteindre à l'Homme son humanité, cette promesse qu'il porte en lui, la connaissance de soi est la condition nécessaire et le courage, une vertu importante. Le costume du samourï est ridiculisé, symbole illusoire d'une force extérieure et qui puise son courage et sa connaissance sans la mort, ici, la princesse a atteint la connaissance et met en lumière la racine du mal qui est l'orgueil.

Le royaune est reconstitué sur des fondations humaniste, la princesse incarne avec légèreté ce qui pesait sur elle au départ.

Les deux pays semblent avoir la clé pour cheminer et s'allier dans l'amitié, une voie de connaissance. La princesse, leur offre une seule pièce d'or et leur dit de ne plus se chamailler : l'absence d'instruction les avaient maintenus dans l'ignorance onfantile, une autorité incarnée par un suzerain vertueux est seul légitime à fonder une cité selon les règles confucéennes et c'est que semble montrer ma dernière scène. 

La Forteresse cachée de Akira Kurosawa

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