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Ce qui me tourmente

Ce qui me tourmente

Publié le 16 janv. 2022 Mis à jour le 16 janv. 2022 Culture
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Ce qui me tourmente

J’ai essayé, en vain, d’en parler, de dire ce que je ressens, d’étaler ce que j’ai dans les tripes, mais « sapristi » qu’il est difficile d’exprimer librement ces pensées intimes, que ce soit avec son propre frère, sa mère ou même ses proches avec qui on vit tous les jours.

Lors de ma dernière visite chez ma vieille mère de quatre-vingt-seize ans, je m’étais promis d’aborder discrètement le sujet, je voulais savoir comment elle envisageait cela, je pensais être capable de saisir l’occasion, au cours d’une discussion ou en écoutant les informations à la télé, qui sont pourtant bourrées de mauvaises nouvelles, mais je n’ai pas réussi… Pourquoi ?

Je craignais certainement qu’elle ne considère ma question comme déplacée, inappropriée, comme si je l'attendais, comme si je la souhaitais.

Mais comment aborder un sujet, aussi sensible, quand on ne sait pas dans quel état d’esprit est l’autre, la plupart du temps on craint le rejet, l’agressivité ou d’être considéré comme dépressif, triste ou pire…suicidaire ;

Essayez donc de poser cette simple question « Y penses-tu quelquefois ? » ou “En as-tu peur ? ou encore  “Que penses-tu qu'il y a après ?” voyez comment le regard des gens change, instantanément ils deviennent inquiets et vous demandent si tout va bien dans votre vie.

C’est peut-être pour cela que l’on préfère se taire et se dire que le bon moment viendra bien un jour ou que le jour où l’autre s’ouvrira sur le sujet, on en profitera pour s’engouffrer dans la brèche et s’épancher autant que faire se peut.

L’expression orale permet, en temps normal, à tout individu, de laisser sortir son trop-plein d’émotions, de sentiments ou d’idées, quand cela est possible, bien entendu, parce qu’on ne peut pas dire tout ce que l’on pense devant n’importe qui, n’importe où et n’importe quand.

Il faut donc, pour pouvoir soulager sa conscience, trouver « La » personne réceptive, le moment opportun et le bon endroit… Pas facile…

Ce qui me préoccupe, en réalité préoccupe la plupart des gens, mais tout le monde fait semblant de ne pas s’y intéresser, c’est tabou, il y a des choses que l’on ne doit pas évoquer, il y a des choses qui doivent rester dans l’ombre.

C’est un peu comme « V…. » celui dont on ne doit pas prononcer le nom.

L’homme a cette fâcheuse tendance à camoufler tout ce qui le dérange, sous des apparences parfois trompeuses, de faire comme si tout allait bien, comme si nous étions des êtres immortels.

On a tellement pris l’habitude de faire semblant que lorsque l’un des nôtres s’enlève la vie, tout le monde reste surpris, personne ne s’y attendait, parce qu’il n’y avait aucun signe précurseur… Et pourquoi ?

Parce que lui non plus n’a pas osé en parler et pourtant le mal de vivre peut parfois être guéri en parlant, tout simplement, à quelqu’un qui nous écoute.

On n’a pas appris à en parler et on n’a pas appris à écouter. Il faut que nous y soyons confrontés directement pour en prendre pleinement conscience.

Y a-t-il un âge pour s’en inquiéter ?

Bonne question, n’est-ce pas ?

J’avoue être admiratif devant ceux qui se promènent, insouciants, au bord d’un précipice, sur le parapet d’un pont ou au sommet d’une tour.

Comment font-ils pour ignorer que leur vie ne tient qu’à un fil ?

Comment font-ils pour ne pas craindre de tomber ?

Comment font-ils pour ignorer la peur ?

Parce qu’en fait, c’est bien de cela dont il est question.

J’ai appris, il y a peu de temps que la peur n’est pas ressentie de la même façon par chaque individu, il y a même qui ne la ressente pas du tout, il semble que ce soit physiologique, génétique, comme si ceux qui la défient n’ont pas conscience de leur propre fin.

Le plus grand paradoxe de l’humanité réside dans cet état de fait, qui veut que chaque seconde de notre vie nous rapproche de notre propre fin, il y en a même qui se demande pourquoi vivre puisque nous devons disparaître un jour… Quoi qu’il advienne.

Faut-il s’économiser pour durer le plus longtemps possible ou doit-on brûler la chandelle par les deux bouts pour en profiter pendant qu’il est encore temps ?

Quelle attitude adopter ?

C’est peut-être pour cela que certaines personnes semblent, à nos yeux, brûler leur vie, ils doivent sentir l’urgence et ne veulent pas en perdre une miette.

On a tous connu un voisin, un collègue de travail ou un membre de notre famille qui a économisé toute sa vie, s’est privé de tout, a travaillé dur toutes ces années dans l’espoir d’une retraite bien mérité et lorsqu’elle arrive, nous apprenons, quelques mois plus tard, sa disparition.

Voyez ! Je n’ai même pas employé le mot qu’il ne faut pas prononcer, j’ai préféré le mot « disparition » c’est plus convenable, plus supportable.

C’est curieux comment est fait l’esprit humain, on cache souvent la vérité sous un simple mot pour la rendre plus acceptable.

C’est d’ailleurs un des mots qui a le plus de synonymes, on lui en connaît plus de cent pour l’exprimer suivant l’humeur.

Dans certaines religions, ne parle-t-on pas de “repos éternel” de “dernier sommeil” ou de “grand voyage”, voilà encore une façon de camoufler la dure réalité.

Comment font ces vieux sages ? Capables d’accepter leur sort, c’est pourtant le même pour tous, j’aimerais tellement être comme eux.

Comment font-ils pour accepter que leur vie matérielle prenne fin ? On nous dit qu'ils sont convaincus que leur vie spirituelle commencera après, mais je ne suis pas sûr qu'arrivé au bout du rouleau ils en soient tout aussi enthousiastes, il est curieux de voir tous ceux qui prétendent ne pas craindre la mort, demander grâce au jour du jugement dernier.

Il faut admettre qu'accepter que la vie ait une fin, c’est comme accepter de perdre sans savoir où, quand et comment.

Vous imaginez un jeu ou vous savez que peu importent vos actions, de toute façon, vous allez perdre ? Allez-vous vous battre avec la même énergie que le gagnant ?

Non ! Bien entendu.

Pourtant, toute notre vie nous la passons à nous battre, comme si nous pouvions gagner, comme si cette fin n’existait pas ; Puis arrive le jour où l’insouciance n’est plus d'actualité, le doute s’insinue lentement mais sûrement et toutes nos actions futures seront irrémédiablement imprégnées de ce doute, qui devient malgré nous une certitude.

Certitude qui vous saute au visage lorsque vous perdez un, deux puis trois de vos proches.

La perte d'amis chers vous ramène brutalement à la dure réalité de votre qualité de mortel.

On aimerait en parler mais, on n’ose pas, de peur de paraître déprimé, de peur d’être montré du doigt comme étant l’empêcheur de tourner en rond, de peur d’être celui qui brise les illusions.

Et pourtant, j’ai le sentiment que si nous acceptions d’en parler, nous pourrions commencer à l’accepter, à alléger notre conscience et à vivre en paix avec notre dissolution inéluctable.

Alors j’ai décidé d’écrire, peut-être pour exorciser le mal et le rendre plus vivable.

Écrire est une façon de prolonger sa vie, au travers des autres, c'est une façon de se rapprocher de l'immortalité.

La Bible a bien rendu Jésus immortel, alors que celui ou celle qui n'a jamais rêvé de l'immortalité, me jette la première pierre...

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