Jour numéro 27 : Oignon
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Jour numéro 27 : Oignon
Le dépliant publicitaire et la réalité
Aux petits oignons,
voilà comment ils s'attendaient à être traités,
Le sourire du majordome,
son costume impeccable
et l'hospitalité de sa voix profonde,
Celui du bagagiste
et du garçon d'ascenseur,
Aucun poids à porter,
escortés jusque leur chambre
par des souhaits de bienvenue,
Leur chambre, luxueuse,
une vaste suite,
des fauteuils, une table,
un lit confortable,
des draps propres et frais,
une salle de bain avec douche et baignoire,
vaste comme une salle de réunion,
des tentures épaisses,
des lumières tamisées,
Le restaurant, intime et raffiné,
des bougies aux tables,
des nappes immaculées,
des serviettes épaisses,
de la vaisselle précieuse,
des couverts en argent
et des verres en cristal.
Aux murs, aux sols,
d'épais tapis qui absorbaient le bruit
et la rumeur des conversations,
Un personnel compétent,
empressé mais discret,
Un piano doux pour créer l'ambiance,
Mets raffinés, vins rares,
Clientèle élégante aux belles manières
Un moment unique de retrouvailles à deux.
Mais le dépliant est une chose,
la vie en est une autre...
Point d'hôtel de luxe
mais un vulgaire boui-boui,
Un réceptionniste grincheux,
mal vêtu et malpoli
à la voix grinçante comme une vieille porte,
Ni bagagiste ni garçon d'ascenseur,
des poids à colporter
jusques en haut des escaliers,
Une chambre ordinaire,
lits jumeaux accolés,
salle de bain ridicule,
à peine de quoi se retourner,
douche évier et toilette
l'un contre l'autre serrés,
heureux encore de ne pas y trouver
de punaises de lit.
Un restaurant, vaste et bruyant,
tables sans nappes,
vaisselle ordinaire,
lumières criardes,
personnel fatigué
et peu empressé,
mets ordinaires et juste passables,
musique à la mode dans les haut-parleurs.
Aux murs, aux sols,
des revêtements froids,
papier peint, stuc, fibre de verre,
carrelages et parquets,
tous résonnant du bruit des allées et venues
et de la rumeur des conversations
Une clientèle qui consomme,
s'interpelle bruyamment,
des enfants trop jeunes
qui crient, courent et se poursuivent,
Au total, l'impression
d'être perdus à deux,
totalement décalés
dans un environnement déplacé.
L'envie de se reprocher, de se disputer,
et puis de pleurer
comme s'ils venaient juste de peler
de très gros oignons...
Crédit image : © Tripadvisor - Restaurant Espadon, Ritz
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