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Poésie
Le Souffle Du Seuil

Le Souffle Du Seuil

Published Dec 4, 2025 Updated Dec 4, 2025 Poetry and Songs
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Le Souffle Du Seuil

Une photo que j’ai prise d’un chien bien triste.


Le Souffle Du Seuil

qui donc,

me demande-t-on, peut franchir mon seuil,

sans l’encombrement d’un appel,

d’une sonnerie aigrelette,

sans la petite trahison du téléphone qui sonne

comme une alarme incendie

dans la cathédrale du soir ?


bien sûr, ma famille : ceux dont le chaos interne est

une mélodie que je suis seul à entendre.


et ceux dont l'amitié fut forgée,

non pas dans l'eau tiède,

mais dans l'encre noire des factures impayées,

dans le chaos des hivers froids.


où l’on a partagé la cendre et le rire,

le naufrage et la rive.

ils ont la clé,

et le droit de la laisser rouiller dans la serrure.


mais pour l’irruption de la nécessité brute,

la liste est un testament plus vaste,

une charte ouverte au fond de mon salon.


j'ouvre à la procession des silencieux,

le peuple de l’oubli,

celui qui ne demande rien.


aux chats errants,

leur élégance de tissu déchiré,

ceux dont la patte est une virgule dans la neige salée,

une excuse pour personne,

et dont les yeux sont des phares cassés dans la nuit.

ils regardent la cuisine comme un rêve

non négociable,

ces grands philosophes du trottoir brisé.


parfois les chiens,

les vieux cabots claudicants,

ceux dont le collier fut un mensonge.


aux oiseaux sans les ailes,

non pas coupées,

mais brisées par la gravité du monde.


aux corbeaux exilés,

ceux que la foule chasse,

trop intelligents pour être aimés,

porteurs de mauvaises nouvelles nécessaires.


aux petites souris,

expertes en l'art d'être une ombre,

qui cherchent juste à ne pas mourir d'une mort trop médiocre.


aux escargots,

maîtres du temps lent,

traçant leur humilité d’argent sur la pierre,

ils me rappellent que le progrès est une illusion.


aux mantes religieuses qui ont

survécu à l'amour fatal,


aux lézards sans queue,

guerriers revenus du front.


aux abeilles ouvrières,

le petit corps bourdonnant,

fatigué de la république,

elles méritent leur pétale final.


aux papillons,

dans les deux dernières minutes de leur grâce,

toute la splendeur du monde contractée en deux battements d’ailes,

la beauté qui vient dire adieu sans bruit,

la poussière d’or sur le verre de la fenêtre.


aux chauves-souris,

navigation d’encre.


aux poissons des rivières qui

ne se souviennent plus de l’eau claire,

nageant la boue.


et surtout,

ceux qui ont échappé de justesse à l'abattoir,

ceux-là,

ils ont payé leur droit d'entrée par la vision de l'acier.


ils portent la marque de la peur comme un sceau d'honneur non désiré.


la porte de ce lieu n'est pas pour les invitations,

elle est pour la nécessité.


ils viennent,

et ils n’ont rien à dire pour être.

ils sont dispensés d'être « quelque chose ».


pour la chaise bancale et

le reste d’un poème à moitié fini,

pour ne rien expliquer du tout.


ici, l’hospitalité est une forme d’écoute,

sans les mots.


le silence de leur présence est une prière acceptée.


— dato



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