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Au rebord

Au rebord

Published Jun 13, 2025 Updated Jun 14, 2025 Biography
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Au rebord


Un pas dehors et l’angoisse a commencé un début de garrot sur ma gorge.


La cause : un mot de la voisine du dessus qui déménage à la fin du mois et s’excuse par avance des va-et-vient.


À peine un an qu’elle était là.

Elle rejoint sans doute son nouveau compagnon. Celui qui montait en cachette à 2 h du mat - pour éviter d’être vu ensemble, je suppose … Elle a deux enfants plutôt petits -, lui faire des « va et viens » , juste au-dessus de ma tête …


L’autre dame avant elle est restée un an aussi.

Au 1er, ça a changé en septembre et la nouvelle voisine est venue s’installer par à-coups.


Que des femmes séparées.


À la signature, mon proprio s’amusait de cette coïncidence. J’avais envie de lui expliquer qu’il n’y en avait pas : juste qu’il faisait son beurre - très cher - sur le dos des femmes monoparentales en précarité. Mais il venait de me sauver de la situation désastreuse qui me pendait au nez : moi, logée dans l’antre nocive parentale, mes enfants, chez leur père.


Donc d'ici, tout le monde se casse. Sauf la vieille dame du bas.

Et moi.


J’ai accéléré le pas en songeant : « Faut que je me tire de là ! »


Je ne suis pas à plaindre. Le monde en désolation me crie que je ne suis pas à plaindre. Et souvent ma raison l'entend.

Mais l'angoisse, ça ne veut rien entendre.


Faut que je me trouve au moins un bout de jardin pour converser avec les fleurs quand les enfants ne sont pas là et faire la chasse attendrie à une portée de chatons qui voudra coûte que coûte faire leurs besoins dans mes floraisons intérieures.


J’ai marché en écrivant dans ma tête pour distancer la pression qui montait.

Je t’ai écrit. Et au bout d'un temps, j’ai réalisé que ça y était.

Ce que je n’avais jamais voulu. Ce que j’avais désperément essayé de repousser : je te transformais en personnage fictif …


Comme je l’avais déjà fait auparavant avec B., pendant des années.


Dire que nous avons échangé tant de fois, comme si je te prenais la main comme pour que tu te mettes une gentille baffe à toi-même. Et d’autres fois, pour se raccommoder des bouts de coeur, des bouts de peau.


Mais ces mois-ci, tu as calqué exactement ton attitude sur celle de B. La fuite, la négation, la dissonance cognitive.

Je connais ce genre de relation. Je sais comment elles se poursuivent, comment elles finissent.

Je trouve cela tellement triste pour nous.


Toi, tu en seras heureux, soulagé. Tu as frôlé un incident - lequel. J’en sais vraiment trop rien. Mais je sais que tu seras soulagé.

Comme lui l’est, depuis longtemps. Il gardait mes mots, mais me tenait éloignée de sa vie.


Il m’avait pourtant promis d’être toujours là. Même si toi, t’étais dans les parages. Il était sûr de lui.


Mais il semblerait que dernièrement j’ai été trop longue à remettre mon cerveau en route après cet enfer de début d’année, à apaiser ma vigilance après tes exploits d’incohérence. Et à pleurer Gommette. L’affaire est pliée.


Voilà comment ça se finit ce genre de relation subliminale. Ce genre de relation toxique.

Oui, comme toi avec Elle, nous avons basculé dans une relation toxique.


J’ai réussi à me convaincre qu’elle était à l’origine de 80 % de tes lignes. Mais quel besoin de mes 20 % à la con ! ?


En même temps, j’aurais quand même fini par te demander des comptes sur ce que je comprenais.


Rassure-toi, j’ai plus envie de creuser le pourquoi du comment. Je sais bien que c’est ce que tu attends pour redémarrer. Que je suis gênante. Elle n’est jamais loin.


Moi, je ne trouve plus ce genre de liens "heureusement" poétisables. Je trouve ça désolant. Quand on est deux à être encore en vie, bordel, quoi ! EN VIE !


Parce que ça veut dire maintenant que vraiment, on ne prendra jamais un café ensemble. On ne raturera jamais nos écrits sur la même table.


Je ne découvrirais jamais ton sourire. Tu ne me verras jamais vieillir.


Cette réalité est d’un triste …




Presqu’arrivée chez moi, nouveau choc, nouveau garrot ! Une fête des voisins !

J’ai rasé les tables qui obstruaient l’impasse. Les bras sur ma poitrine, parce que j’avais fait abstraction de soutien-gorge par cette chaleur. Et parce que, meeeerde ! Les blés et les insectes s’en foutent de ma poitrine !!! Sauf que face à la promiscuité de familles, la nana au t-shirt moulant, ça va pas bien dans le paysage.


Mais surtout, je me suis sentie sans amarrage.


Ils étaient là - familles donc, et autres - toustes bien installé.e.s dans leur vie. Même le célibataire portugais dont la petite toux nerveuse résonne sur la place à longueur de journée parce qu’il a des reflux gastriques.

Installé.e.s dans leur vie, leur ville, leur quartier.


Mais moi, je suis comme sur un rebord de fenêtre. À regarder ce qui se passe.

Je n'ai plus de foyer. Plus de voisins.


Avant, au moins, y avait Gommette. J’étais là pour parer son corps tout frêle qui menaçait de dégringoler ! Mais en fait, c’était une déesse funambule, capable de se rattraper par ses griffes comme démultipliées et de se tracter par la force de ses pattes avant !


Elle me manque. Pas tout le temps. Mais parfois un sanglot éructe, sans prévenir, ni demander pardon.


Le plus dur, c'est de se souvenir de ce moment où son regard a « senti » le mien de loin, alors que je venais presque de crier « c’est ce que j’ai besoin d’entendre ! ». Je n’avais pas encore dit « oui ». « Oui, on le fait aujourd’hui … » Mais ma décision étranglée de chagrin et de culpabilité était prise. Du moins, je sentais que si je reculais, j'allais me briser.


Elle me regardait comme si toutes ses antennes se tendaient vers moi. J’ai pleuré en lui demandant « pardon » pour le cri de soulagement.

La véto surprise de me voir lui dire cela m'a répliquée : « Les animaux ne réagissent pas comme nous. »


Toi, tu peux te raconter ça, madame la véto. Mais moi, je sais bien qu’elle me comprenait. « Qu’elle me voyait ».


Alors, tous les jours, au moins une fois, il me pousse un sanglot et un pardon. `



Y a plus Gommette. Je suis toute seule sur mon rebord de fenêtre. Sans rien attendre de particulier.

Je n’ai plus d’appartenance.


Je suis bien encore l’appartenance de mes enfants mais plus pour longtemps.

Mais eux, ne le sont pas pour moi. Je le sais depuis qu’une saisonnière avec laquelle je travaillais un été m’a fait lire Khalil Gibran :


“Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. »


Et dès qu’ils sont nés, je l’ai senti tout de suite pour de vrai.


Et je ne peux pas vivre En Amitié à longueur de temps ! Ni de sauts de puces, de sommier en sommier. Même si j'aime bien la bohème.



Y a pas ! Il faut que je me tire de là !

Mais pour déménager faut … Que j’ai ma certification - putain, pourquoi t’as pas bossé aujourd’hui !

Que je trouve un boulot ! Que je sache où les enfants vont atterrir …

Ah non, l’inverse ! Que je sache où les enfants vont atterrir … Puis que je trouve un boulot !



Et toi, Toi ! Tu ne seras plus jamais là pour me rassurer à n’importe quelle heure.

Parce que tu es devenu ce personnage à qui je pourrais faire dire et faire faire n’importe quoi, même les choses que j’attendais un temps de toi.


Mais qui plus jamais ne me surprendra.


Faut aller se coucher. Une journée à glandouiller, alors, bien sûr, j’ai pas sommeil.


Au moins, j’ai rouvert les vannes, ça laissera peut-être la place demain aux courses, au ménage, aux révisions …












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Ferjeux verif

Ferjeux Mougin 1 day ago

Je rejoins et j'aime particulièrement cette citation de Kahlil Gibran, elle résume en peu de mots que les enfants font leur vie selon leur propres choix et ne sont pas la projection de leurs parents. Qu'on se le redise. Merci pour ce rappel, entre autres choses importantes évoquées dans cet écrit.

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Aline Gendre verif

Aline Gendre 3 hours ago

C'est une citation éculée, mais je l'ai découverte jeune et elle m'a marquée et hantée. Merci.

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