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Ciel
Hôtesse téléphone maison

Hôtesse téléphone maison

Publié le 25 mars 2020 Mis à jour le 25 mars 2020 Voyage
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Ciel

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Hôtesse téléphone maison

Je voudrais vous parler du moment M..

C’est-à-dire ?

Celui qu’on attends, qui compte sans compter, anodin et primordial à la fois dans la journée d'une hôtesse de l'air.

Vous pensez surement que c’est en plein vol, sur notre jumpseat, voire en pleines turbulences sévères où l’on va voir notre vie défiler. Ou alors pendant une garde particulièrement intense, où l’on va nouer des liens ou faire des confidences.

Non, là c’est déjà trop tard.

Le bus qui mène à l’avion c’est le dernier moment qui nous raccroche à la réalité.

Une dernière parcelle de liberté avant d’être happé par le tube, le boulot et la volonté des passagers qui deviennent soudainement des enfants passés la porte d’embarquement.

On pense à ceux que l’on quitte pour quelques jours, ce que l’on va rater, ce que l’on aurait dû faire et que l’on n’a pas fait.

Superzut j’ai dit que je rentrais mardi alors que le deux c’est mercredi. J’ai encore oublié d’arroser la plante tropicale. Et de débrancher la machine à café. Sept heures de décalage à ma dernière escale, plus quatre dans l’autre sens, ça fait beaucoup onze heures, sauf si je..

Toutes ces considérations de dernière minute et calculs foireux qui se bousculent vont s’évanouir par magie avec l’altitude, sauf si le vol est vraiment calme et que l'on a donc tout le loisir de gamberger. 

J'ai pas pensé à téléphoner à ma maman elle va m'appeler quand je serai là-haut, sûr et certain.

Ce bus roule vers une multitude de possibilités; on peut encore rêver à ne pas y aller, se déclarer malade, fatiguée, pas apte, vraiment pas possible s’il vous plait débarquez-moi..

What the f* am I doing here.

Mais en attendant on regarde le paysage : le terminal deux au départ de Roissy, zigs et zags à travers un tarmac venteux et des virages en épingle. Un no man’s land grisâtre où toute forme de nature s’est arrêtée à l’état embryonnaire, seuls les avions s’entrecroisent avec les quelques véhicules à roulettes.

C’est là où les parents déclenchés de réserve préviennent leurs progénitures où est-ce qu ils partent et pour combien de temps, maman revient dans trois dodos !

C’est aussi l’occasion pour faire connaissances avec ses collègues, mais cela se perd..

Chacun dans sa rangée de deux avec un usage du téléphone frénétique, comme si on n’allait jamais revenir. Alors que si, à priori.

Le bus s’arrête, il est temps d’y aller, gilet jaune et une dernière bouffée d’air (glacée huit mois sur douze) avant de grimper ces escaliers de la mort qui mène à l’avion.

Pour la navette du retour, celle à l’escale, pas vraiment l'énergie pour cogiter: l’horaire de départ correspond au milieu de la nuit en France. C'est donc plutôt une lutte pour la survie, avec comme refrain une vdm répétée en boucle tout en s'auto-convainquant que l'on va pouvoir assurer le vol retour. Objectif Paris, ou ailleurs  : ceux qui habitent en province auront encore un vol ou un train à prendre après ça.

"Si l'on part à l'heure on atterrit en avance." précise souvent le commandant sur un ton triomphant qui dissimule à peine un léger coup de pression. Sous-entendu : on a intérêt à embarquer tout ce monde sans traîner sinon c'est cuit on rate notre créneau de décollage, s'ensuit une attente, un retard, etc..

Vingt minutes d'avance sur un long courrier, ô joie. Mais cela peut faire toute la différence pour les provinciaux, afin qu'ils puissent rentrer chez eux sans attendre une demi-journée le vol d'après. 

Paris - Los Angeles, 24 décembre.

La navette s'immobilise, personne ne bouge. Rien d'étonnant vu la température dehors et les onze heures de vol en perspective. Mon équipage commence à descendre doucement, quelques mamans restent accrochées au téléphone. Je pianote un dernier message afin de partir sereine.

Envoyé, joyeux noël !

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