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De la paume à la pelote

De la paume à la pelote

Publié le 20 janv. 2022 Mis à jour le 20 janv. 2022 Sport
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De la paume à la pelote

Manier une balle est sûrement le jeu le plus ancien de l'humanité. Les Grecs lui donnèrent le nom de "sphéristique", les Romains de celui de "pila", les Français celui de pelote, et les Basques celui de son dérivé : "pilota".

Le jeu de paume consistait sommairement à envoyer une balle qui allait ainsi entre deux adversaires, ou entre deux équipes se faisant face, ou encore, qui frappait contre un mur. Il y eut, à travers les âges, deux façons de pratiquer le jeu de paume : tout d'abord en extérieur, dans les parcs des châteaux ou sur les places publiques, ce que l'on a appelé la "longue paume" ; puis, afin pour que ce fût possible par tous les temps, on édifia des "tripots" semblables aux actuels trinquets.

Ce mot vient de l'ancien français "triper" qui signifie bondir. C’était alors la courte paume. L'engouement fut si grand que les tripots se multiplièrent.

Le jeu de paume devint, en quelque sorte, une affaire d'État. Beaucoup de rois le pratiquent. Louis X le Hutin mourut en 1316, victime d'un refroidissement contracté après une partie. François 1er y fut très adroit mais le meilleur de tous fut  son fils, Henri II. C'est incontestablement sous le règne d'Henri IV que le jeu de paume atteignit son apogée. Le Vert Galant y fut d'ailleurs de première force.

Dans son livre Henri IV, le roi libre, François Bayrou précise :

Henri partageait avec le jeune Charles IX le goût du jeu de paume, qui connaissait alors une vogue extraordinaire. On comptait 296 jeux de paume à Paris et toute résidence aristocratique se devait posséder un terrain couvert pour jouer par tous les temps.

Henri faisait montre à ce jeu d'une adresse redoutable. Il est vrai que les jeux de pelote étaient, et restent, particulièrement populaires dans le royaume pyrénéen. En l'occurrence, ils constituaient un terrain supplémentaire d'émulation pour nos jeunes seigneurs.

Au lendemain de son mariage avec Marguerite de Valois, l'attentat contre l'Amiral de Coligny, le 22 août 1572, prélude à la Saint Barthélemy, lui fut annoncé alors qu'il jouait à la paume dans un tripot avec le roi Charles IX et le prince de Condé. Le roi de Navarre était âgé de 19 ans.

Après son abjuration solennelle en la Basilique de Saint Denis, le 25 juillet 1593, et alors qu'il était prêt à entrer dans Paris, le roi de France jouait encore à la paume lorsque le bon peuple vint l'admirer. Henri IV avait alors 40 ans, ce qui, pour l'époque, était un âge respectable. Preuve que la pratique de la paume avait préservé sa jeunesse.

Sous Louis XIII le jeu continua d'être à la mode, mais voici que Louis XIV préféra le billard. La paume perdit de nombreux adeptes. On estimait que sa pratique était un exercice trop épuisant. Les hommes la délaissèrent pour le volant, un sport plus élégant. Louis XV ne s'y intéressa pas, et Louis XVI l'ignora. Voltaire dénonça l'abandon d'efforts physiques. Le 19 mars 1778 il écrivait : N'y a t-il pas eu de très grandes difficultés dans les Jeux Olympiques, dans le disque jusqu'à la course de chars ? Nos tournois, nos carrousels étaient-ils si faciles ? Que dis-je ? Aujourd'hui, dans la molle oisiveté où tous les grands perdent leurs journées, depuis Saint-Pétersbourg jusqu'à Madrid, le trait qui les pique dans les misérables jeux de cartes, n'est pas la difficulté de la combinaison, sans quoi leur âme languirait accroupie ?  

Lorsque la Révolution éclata, même si elle eut son origine à Versailles, lors du fameux serment du jeu de paume du Tiers-Etat, la paume avait pratiquement disparu, sauf au Pays Basque. C'est là que ce jeu demeurait profondément populaire des deux côtés de la frontière. Sans doute parce qu'elle convenait à la fougue, à la vivacité, à la détente légendaire des Basques.

Des légendes 

L'histoire de la pelote, comme toute histoire, possède des légendes. La première se nomme "Perkain". Cela se passait aux Aldudes, en Basse-Navarre en 1793. Preuve qu'il y a plus de deux siècles, la pelote était déjà le jeu national de tous les Basques.

Perkain fut très certainement un grand champion, mais un champion très recherché par les gendarmes. De quelles fautes l'accusait-on ? Ce personnage, dont on ignore pratiquement tout, venait assister aux messes clandestines du dimanche, alors que la Révolution Française avait interdit la pratique religieuse. Puisqu’il avait  décidé de braver les foudres policières pour participer à une grande partie aux Aldudes, c'est sur le fronton que les gendarmes vinrent donc  le chercher. Notre héros, qui terminait, probablement une partie de rebot, avait encore son gant de cuir et une pelote à la main. Quelle belle arme assurément ! Alors Perkain la prit et avec son gant la lança. Elle atteignit un gendarme en plein front et le tua. Pour permettre à Perkain de disparaître définitivement dans les montagnes, la foule fit barrage à la maréchaussée.

Que ce fût à la main ou avec un gant, la pelote fit des adeptes toujours de plus en plus nombreux au fil des décennies. Ses champions, immensement populaires, contribuent à son développement. Parmi eux, Gaskoina fut une légende vivante après la chute de l'Empire.

Gaskoina s'appelait en réalité Jean Erratchun, et c'est pourquoi ses héritiers porteront le nom de Darritchon. Il était né le 9 avril 1817 à Hasparren. Il ne reste de lui qu'un gant en cuir au Musée Basque à Bayonne, mais il demeure présent dans la grande histoire de la pelote. Gaskoina avait la souplesse et le coup d'oeil d'un félin. Sa réputation était telle,  des deux côtés de la Bidassoa, que son défi contre la vedette espagnole Tripero vit les paris atteindre des montants vertigineux. C’était à Irun le 12 août 1846.  Gaskoina a 31 ans, et il était en pleine force de l'âge.

On jouait alors en espadrilles qui, doit-on le dire, ne résistaient pas beaucoup à la fougue des pilotaris. Gaskoina les enleva au cours de la partie. Voyant cela, les partisans de Tripero lancèrent des semences sur le sol. Mais Gaskoina, qui avait l'habitude de marcher pieds nus, ne fut nullement gêné et remporta la victoire. Il fut le premier Français à gagner en Espagne. Il aura comme trophée une paire de bœufs, une fortune pour un paysan de l'époque.

Jean-Baptiste Duhalde, surnommé "Xilar", était né le 6 juin 1854 à Souraide. Comme Perkain ou Gaskoina il est entré vivant dans l'histoire de la pelote.

Il avait tout juste vingt ans lorsqu'il débuta dans une partie de rebot à Saint-Palais, en Basse-Navarre. Le public découvrit alors un jeune homme rapide et malin ayant, en plus, le sens de l'anticipation. Personne ne pouvait imaginer que ce cultivateur, grand et très agile, allait traverser les océans pour tenter l'aventure en Uruguay et en Argentine et montrer qu'il était aussi habile à main nue qu'au joko garbi. Grand voyageur, il fit également une démonstration en Angleterre où la reine Victoria, venue admirer ses talents, lui lança une pièce d'or.

La mort l'emporta en 1928, juste avant l'inauguration de son médaillon au fronton d'Espelette. Il fut président d'honneur de la jeune Fédération Française de Pelote Basque. Passant sur la route de Cambo, on peut apercevoir l'hôtel-restaurant "Chilar" qu'il tenait à la fin de sa vie.

C'est en 1857, dit-on, que Gantxiki jeune garçon de Saint-Pée-sur-Nivelle, non loin de Saint-Jean-de-Luz, s'amusait avec un panier d'osier destiné, entre autres, à la cueillette des cerises. Le "chistera", qui signifie en basque panier, est né.

Cet instrument allait être modifié dans sa longueur et sa profondeur afin que la pelote allât plus vite et plus loin.

 

 

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