

C’est maintenant que tout commence
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C’est maintenant que tout commence
Je me baladais dans les vignes bien vertes du printemps. C’était le matin, aux alentours de huit heure mais je n’en suis plus très sûre. Ta présence sous-marine, je la sentais sous mes pas. Je ne voulais pas te blesser, pas t’écraser mais voilà, j’y peux rien. T’étais sous mes chaussures, collé à la terre, tu bronches pas en général, bien sage, bien tranquille.
Et puis la terre s’est mise à trembler. Sous mes pas, je te sens subitement te débattre, tu bouges, t’entortilles dans le sol, cherche une prise - n’importe quoi pour ne pas sortir.
De la terre s’échappe une eau salie, dégorge sur les vignes bien vertes du printemps.
C’est tes pleurs silencieux et j’essaie de te consoler, te dire qu’on va refermer le sol mais c’est déjà trop tard : un trou béant mange tout, glouton sans vergogne, il ne te regarde même pas. Éjecté de ta terre, sorti du sol, tu n’as plus aucun refuge. Je me baisse, accroupie je te toise; tu es toujours en deçà de moi. Ta houppette verte comme une antenne bercée par le vent; tu ne pleurs plus. Les yeux clôt, le soleil du matin t’enveloppe d’une douceur inconnue. Tes traits se détendent et je te vois grandir sans que tu n’en prennes conscience, soudain à ma hauteur, juste après au-delà de moi. Tu me regardes, en deçà de toi.
Tu ne peux pas t’accroupir, tu ne peux plus te réduire. Tu es grand, droit et fier, le regard pivotant à 360. Comme une promesse, ton regard porté vers le lointain, tu me dis d’une voix grave, « c’est maintenant que tout commence ».

