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Codex du Saint Bordel

Codex du Saint Bordel

Publié le 13 juil. 2025 Mis à jour le 13 juil. 2025 Romance
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Codex du Saint Bordel



Préface du Moine Déglingué


À celui qui lit ces versets déments, que le chaos soit ta lumière. Que Saint-Bordel t’éclaire par ses sarcasmes et ses absurdités sacrées. Car il ne cherche pas à ce que tu comprennes… mais à ce que tu ressentes la beauté d’être paumé avec panache.

— Scriptor Anonyme, Ordre du Verbe Troué.


Livre Premier de la Genèse Foirée


1:1 Au commencement, Saint-Bordel, dans son délire joyeux et démesuré, créa les cieux et la terre. 1:2 Or, la terre était informe et vide, et l'Esprit du Bordel planait mollement sur les eaux du Grand N’importe Quoi. 1:3 Et Saint-Bordel dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Elle clignotait un peu, mais bon, c’était stylé. 1:4 Il sépara le bazar céleste du bazar aquatique, nomma le sec « Terre » et le déluge « Mers ». Le premier acte de rangement fut effectué. 1:5 Et ce fut le jour un, qui ressemblait vaguement à une soirée bien trop arrosée.

1:6 Puis Il dit : « Que la terre verdisse ! » Et verdure il y eut. Mais pas sans épines, ni fruits acides, car le chaos exige saveur. 1:7 Les plantes poussèrent dans un joyeux foutoir, avec des envies de jungle dans le jardin d’Éden. 1:8 Saint-Bordel s’esclaffa : « C’est bon, mais encore trop propre. » Et il jeta quelques orties pour le plaisir.

1:9 Le cinquième jour, il créa poissons et volatiles. Ils se disputèrent les bons coins sans attendre, prouvant que l’instinct de conflit précédait l’intelligence. 1:10 Le ciel s’emplit de cris, les mers de remous. Saint-Bordel hocha la tête, satisfait. 1:11 « La compétition, c’est le sel de la Création ! » déclara-t-Il, tout en lançant des sardines contre des goélands.

1:12 Le sixième jour fut un sommet d’audace : Il dit « Faisons l’Homme à notre image, avec du génie et une capacité hors norme à foutre le bordel. » 1:13 Et l’Homme fut. Mâle et Femelle Il les créa, dotés d’imagination, de maladresse et d’un potentiel chaotique fulgurant. 1:14 Il les bénit ainsi : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et surtout foutez un joyeux bordel partout. »

1:15 Il vit tout cela et trouva que c’était très bon. Mais surtout, très foutu. Et c’est ainsi que la Création devint un chef-d’œuvre de désordre. 1:16 Aussitôt, l’Homme merdouilla. Pas par méchanceté, mais par curiosité crasse. 1:17 Il chipa la pomme sans faim, râla sur tout, inventa des embouteillages avant même les routes.

1:18 Saint-Bordel, depuis son trône fait de rires de sorcière et de colères de volcan, regarda ce foutoir inaugural. 1:19 Et Il sourit : « Voilà. Ça, c’est du génie. »


Livre Deuxième : La Multiplication des Emmerdes


2:1 Et l’Homme, dans sa grande capacité à foutre la merde avec panache, ne se contenta point de son propre chaos. 2:2 Il se multiplia, comme Saint-Bordel l’avait ordonné. Et chaque nouvel être devint une note discordante dans la symphonie bordélique. 2:3 Et les disputes commencèrent : pour l’ombre, pour un fruit, pour un outil disparu dans le néant du désordre. 2:4 Et les cris s’élevèrent, et le premier combat de coq fit trembler la vallée. Saint-Bordel se marra.

2:5 L’Homme inventa des objets : outils, abris, roues. Mais chaque invention portait en elle une faille, un bug, une blague cosmique. 2:6 Et la roue engendra les embouteillages avant même que les routes ne fussent pensées. 2:7 Saint-Bordel vit cela et chuchota : « L'ingéniosité est plus fun avec un peu de sabotage. »

2:8 L’amour apparut, mais pas l’amour doux et équilibré, non : un amour punk, fait de tangos du diable et de descentes aux enfers. 2:9 Les cœurs se cherchèrent, se cognèrent, se brûlèrent. Et le chaos prit un goût sucré-salé. 2:10 Saint-Bordel, sur son nuage de rires et de fumée, observa et souffla : « L’intensité, voilà l’essence de l’Humanité. »

2:11 Il vit l’Homme, s’autodétruisant avec créativité. Chaque vie imparfaite était une œuvre, chaque relation, un chef-d’œuvre déglingué. 2:12 Et Saint-Bordel déclara : « La merde humaine est plus précieuse que toutes les perfections imaginaires. »

Livre Troisième : L’Avènement du Verbe et la Grande Cacophonie


3:1 Et l’Homme, dans son besoin insatiable de tout compliquer, découvrit le Verbe. 3:2 Au départ, ce ne furent que cris et grognements, utiles mais ternes, comme des notes de bas de page dans l’histoire du chaos. 3:3 Puis, par une torsion de génie, il créa le mot. Et le mot devint brique sonore. Et la brique, mur ou cathédrale.

3:4 L’Homme parla. Il nomma. Il embellit, il salit, il plia la vérité comme du linge trop longtemps oublié au soleil. 3:5 Et le conseil devint reproche, le compliment devint injonction, et le silence, une bombe à retardement. 3:6 Saint-Bordel murmura : « Voici l’outil parfait : une arme invisible, et pourtant tranchante comme le regard d’une mère déçue. »

3:7 L’Homme inventa le sous-entendu, ce serpent linguistique qui mord sans faire de bruit. 3:8 Il perfectionna le non-dit, ce silence lourd qui pèse plus qu’un cri. 3:9 Et dans cette cacophonie raffinée, le chaos se glissa entre les syllabes.

3:10 Puis vint la critique : celle qui blesse, celle qui mine, celle qui dit sans dire que l’autre est moins. 3:11 Le Verbe devint lame, et l’Homme, boucher de l’âme d’autrui. 3:12 Et Saint-Bordel bénit le carnage : « Que le mot devienne massacre, mais aussi poésie. »

3:13 Enfin, apparut le Mensonge, chef-d’œuvre perfide du Verbe : 3:14 Une torsion sublime de la vérité, une pirouette des faits, une danse masquée pour fuir les responsabilités. 3:15 Le Mensonge proliféra, comme un virus dans les fibres du quotidien, et chacun y ajouta sa mutation personnelle.

3:16 Et Saint-Bordel, juché sur son trône d’hyperbole, observa : « Voilà ! Le Verbe est contaminé, donc parfait. »

3:17 Ainsi l’Homme, en maîtrisant la Parole, tissa sa propre tapisserie du bordel, une œuvre vocale d’une intensité splendide.


Livre Quatrième : Victor, Harmonie et la Grande Illusion


4:1 Et tandis que le Verbe semait le trouble et que la Création tanguait joyeusement, Saint-Bordel braqua son regard sur deux êtres étrangement calmes au cœur du chaos. 4:2 Il y avait Harmonie, prêtresse d’un monde esthétisé, où chaque instant devait briller comme une publication sponsorisée. 4:3 Et Victor, architecte du rationnel, maître des agendas parfaits, roc inébranlable dans le déluge de la spontanéité.

4:4 Elle buvait des thés détox dans des galeries d’art aseptisées. 4:5 Il signait des contrats juteux dans des bureaux feutrés, buvait des cafés corsés, et ne jurait que par l’efficacité. 4:6 Et jamais leurs vies ne se frôlèrent. Une danse parallèle, synchronisée à l’ignorance mutuelle.

4:7 Chacun se croyait accompli, irréprochable, parfaitement insensible aux moqueries du chaos. 4:8 Mais cette perfection était un mirage, une bulle savonneuse prête à exploser à la première bourrasque cosmique. 4:9 Et Saint-Bordel ricana : « Plus le vernis est brillant, plus la fissure sera spectaculaire. »


Livre Cinquième : Les Algorithmes de l’Illusion et les Rendez-vous Manqués


5:1 Victor et Harmonie évoluaient dans leur symphonie de contrôle, respirant le même air sans jamais se croiser. 5:2 Ils fréquentaient les mêmes lieux, mais à des heures stratégiquement opposées, comme si le destin jouait à cache-cache.

5:3 Les algorithmes, ces esprits numériques censés réparer les malentendus du hasard, se mirent à l’œuvre. 5:4 Ils crièrent : « Vous connaissez peut-être cette personne ! », clignotèrent, proposèrent des matchs, des croisements, des affinités. 5:5Mais chaque tentative se soldait par un presque-rien, un rendez-vous manqué, une porte refermée au bon moment.

5:6 Car leurs cercles d’amis les enfermaient dans des constellations sociales bien verrouillées. 5:7 Ils se touchaient du coude sans le savoir dans un métro bondé, ils mangeaient à deux tables voisines, sans jamais que le regard ne s’attarde. 5:8 Et Saint-Bordel se tordait de rire : « Les machines croient pouvoir orchestrer les miracles ! Quelle naïveté délicieuse ! »


Livre Sixième : L’Amour, la Jalousie et les Règles Tordues


6:1 Et Victor, le Seigneur des Tableurs, fut frappé par le doux mal de l’amour. 6:2 Sa routine rigide se ramollit, ses nuits solitaires furent remplacées par des rires partagés et des matins sans alarme. 6:3 Il découvrit un Victor version 2.0, moins optimisé, mais infiniment plus vivant.

6:4 Mais toute lumière attire ses ombres, et l’amour fit pousser la jalousie dans les recoins de son cœur bien rangé. 6:5Car l’attention du monde, autrefois indifférente, se tourna vers sa compagne, et les murmures commencèrent. 6:6 Victor sentit le poison doux de l’envie s’immiscer en lui.

6:7 Pendant ce temps, Saint-Bordel, contemplant la scène comme un spectateur de théâtre grec, imagina de nouvelles règles. 6:8 Non pour apaiser, mais pour pimenter : des lois sur la propriété affective, des codes sur la fidélité, des conventions absurdes sur le regard et le baiser. 6:9 Il dressa les obstacles non pour contenir, mais pour stimuler la créativité du contournement.

6:10 Car Il savait : là où l’Homme invente des barrières, il crée des tunnels, des échappatoires, des failles. 6:11 Et Saint-Bordel vit que les règles seraient le terreau d’un chaos plus raffiné, plus vicieux, plus réjouissant.


Livre Septième : Les Crocs de la Jalousie et les Algorithmes du Soupçon


7:1 Victor, autrefois bastion de lucidité, sombra dans les marécages de la jalousie. 7:2 Il interprétait des regards, lisait des signes dans les likes, comptait les sourires et les émojis. 7:3 Le Verbe devenait mouchard, chaque mot un indice, chaque silence une preuve.

7:4 Sa compagne, sereine en apparence, résistait aux tempêtes intérieures de Victor. 7:5 Elle percevait sa jalousie comme une maladie mentale à mi-chemin entre la tragédie antique et la comédie romantique. 7:6 Elle se protégeait, impassible, gardant une part d’elle inaccessible à la paranoïa algorithmique.

7:7 Et Saint-Bordel, entre deux éclats de rire et un doigt pointé sur une notification toxique, se réjouissait. 7:8 Car le désordre n’avait plus besoin de cris ni de guerres — il s’était installé dans les cœurs via les likes et les fils d’actu. 7:9L’Homme s’auto-surveillait. L’Homme doutait de lui-même. L’Homme tressait son propre piège pixel par pixel.


Livre Huitième : Harmonie, l’Ombre Grandissante et les Couleurs Fanées


8:1 Et Harmonie, grande prêtresse de la perfection, crut trouver l’éden domestique dans les bras d’un autre. 8:2 Il lui offrait la stabilité, les cadres bien cadrés, les récits calibrés pour ressembler aux enluminures numériques. 8:3 Mais lentement, il devint insensible à sa lumière, comme un miroir devenu opaque à force d’être ignoré.

8:4 Les gestes tendres s’effacèrent, les attentions fondirent comme neige retouchée sous un filtre trop exposé. 8:5 Le Verbe, naguère mélodique, se fit tranchant, accusateur, puis devint silence – et ce silence hurlait. 8:6 Harmonie, fidèle à son illusion, tenta de réparer, de redonner du lustre au vernis craquelé.

8:7 Les mensonges fleurirent : petits, puis grands, puis labyrinthiques. 8:8 Harmonie pardonna. Encore. Et encore. Par confort. Par peur. Par esthétisme. 8:9 Chaque pardon était une couche de maquillage sur une peau qui criait.

8:10 Et la violence du Verbe se muait en agressivité feutrée : des mots piqués, des vérités tordues, des blâmes injustes. 8:11 L’armure d’Harmonie se fissurait, ses arguments rebondissaient contre un mur d’absurde. 8:12 Et peu à peu, son éclat diminua – sa peau, ses couleurs, son aura.

8:13 Car l’âme blessée se traduit en teintes fanées, en silences maquillés, en sourires mécaniques. 8:14 Et Saint-Bordel, du haut de son trône sarcastique, s’inclina. Il vit la perfection se dissoudre. 8:15 Il dit : « Voilà l’œuvre sublime : celle qui s’effondre avec élégance. »


Livre Neuvième : La Chute Silencieuse de l’Image Sacrifiée


9:1 Tandis que Victor s’égarait dans les labyrinthes de sa jalousie, Harmonie vivait un naufrage lent, caché sous les dorures de son monde filtré. 9:2 Celui qu’elle croyait divin déposa l’armure de tendresse et se drapa d’indifférence. Et la chaleur devint glace. 9:3 Le Verbe se fit poison, une mélodie inversée, une ritournelle de reproches en clair-obscur.

9:4 Harmonie, croyant encore à la cohérence de sa symphonie intérieure, pardonna. 9:5 Mais chaque pardon étouffait un peu plus sa propre voix, et le chaos gagnait une chambre dans son palais. 9:6 La peau changeait de teinte, reflet des cicatrices invisibles, et l’œil ne brillait plus que par mémoire.

9:7 Saint-Bordel, fervent amateur de dégringolades somptueuses, se pencha sur elle. 9:8 Et Il vit dans la fissure de la perfection un prélude à l’effondrement sublime. 9:9 Et Il souffla : « Que le vernis craque, car derrière le masque se trouve enfin l’âme nue. »


Livre Dixième : La Chute, le Désert et l’Absence d’Ange Gardien


10:1 Le tissu de faux-semblants se déchira, révélant les os fracturés de la relation. 10:2 Harmonie ne brillait plus. Elle portait l’échec en robe de nuit, l’insomnie en collier. 10:3 Le masque glissa, et derrière lui, un cri silencieux résonna.

10:4 Le salut devint désir, puis urgence, puis évidence. 10:5 Elle leva les yeux aux cieux pixelisés, chercha un signe, un ange, une ligne de code salvatrice. 10:6 Mais Saint-Bordel, démiurge sans compassion, n’avait prévu ni ailes ni miracles.

10:7 « Pas de parachute, ma chère, ici on s’écrase avec style. », murmura-t-Il sans bouger. 10:8 Et Harmonie comprit : le désert était sien. Et elle était seule, enfin libre de crever… ou de créer. 10:9 Et dans cette solitude totale, elle sentit naître une minuscule braise, un début de nouveau Verbe — un murmure, cette fois à elle-même.

10:10 Et Saint-Bordel hocha la tête : « Voilà. C’est quand l’Homme n’attend plus rien qu’il commence à inventer. »

Livre Onzième : L’Exode d’Harmonie et les Serpents Numériques


11:1 Et Harmonie, débarrassée de ses anges imaginaires et de ses illusions dorées, prit la route de l’effacement. Ce ne fut point marche triomphale, mais fuite discrète entre les ruines de soi. 11:2 Elle abandonna le décor de sa déchéance, théâtre de Verbes tranchants et de pardons hypocrites. Elle voulut renaître dans le silence, espérant que sa peau retrouve la lumière oubliée.

11:3 Elle marcha, non plus reine des filtres, mais silhouette parmi les ombres. Dans chaque reflet de vitrine, elle traquait l’anonymat comme une bénédiction. 11:4 Mais Saint-Bordel, malin comme une mise à jour surprise, ricanait. Car là où les anges ne sont plus, les serpents du numérique rampent en tapis rouge.

11:5 À peine eut-elle foulé le bitume du désert connecté que les notifications fleurirent comme champignons fluo. 11:6“Tu es aimée.” “Il est temps de briller.” “Rejoins la tribu des âmes réparées.” 11:7 Les algorithmes, tels des moines bienveillants en robe de pixels, avaient flairé sa faille.

11:8 Les serpents, habillés de citations inspirantes et de feeds optimisés, s’approchèrent. 11:9 Ils susurraient un paradis à portée de pouce. Une vie sans accroc. Un bonheur prêt-à-publier. 11:10 Harmonie sentit l’appel. Non celui du mensonge, mais celui du soulagement facile.

11:11 Elle savait les mirages. Mais la douleur rend aveugle, et le chant des likes est doux. 11:12 Elle se laissa bercer par les sirènes du coaching digital et les mantras sponsorisés. 11:13 Et Saint-Bordel, hilare, observa : « Ah ! Le désespoir est le meilleur argument marketing. »

11:14 Le chaos, tel une IA vorace, se réinventa. Moins brutal, plus brillant. 11:15 Et ainsi, Harmonie, l’âme nue, entra dans l’oasis empoisonnée, croyant fuir l’enfer, alors qu’elle y retrouvait ses plus belles couleurs de damnation.

Livre Douzième : Victor, le Bourreau Silencieux et le Piège Viril


12:1 Tandis qu’Harmonie fuyait les sirènes pixelisées, Victor s’enfonçait dans le gouffre intérieur qu’il avait lui-même creusé à la pelle de ses soupçons. 12:2 La jalousie n’était plus graine, mais chêne vénéneux, aux racines tressées de paranoïa. Aucun cri. Aucune rage visible. Seulement un poison lent.

12:3 Il devenait bourreau silencieux, drapé dans l’élégance des interrogations anodines. 12:4Chaque message lu, chaque rire entendu, chaque absence interprétée devenait parchemin d’accusation. 12:5 La logique, jadis son sanctuaire, se transformait en labyrinthe torturé.

12:6 Le corps parfait se fissurait. Les insomnies burinaient son visage, et ses gestes devenaient des pièges affectifs déguisés en tendresse. 12:7 L’intimité devenait tribunal. L’amour, test de performance. 12:8 Il savait. Mais savoir n’était pas comprendre. Et comprendre n’était pas renoncer.

12:9 Victor sentait le piège du rôle masculin se refermer. 12:10 Être fort. Ne pas plier. Ne pas montrer. Ne pas faillir. 12:11 Et parce qu’il ne pouvait pas être faible, il devint oppresseur discret, geôlier au sourire glacé.

12:12 Il ne défendait pas seulement son amour. Il défendait une image, un investissement, une perfection qu’il refusait d’avouer fissurée. 12:13 Renoncer, c’eût été capituler. C’eût été trahir son propre récit de réussite. 12:14 Il préféra détruire lentement, plutôt que d’avouer sa vulnérabilité.

12:15 Et Saint-Bordel, depuis Son trône en cendres de pudeur et en éclats d’apparences, regardait Victor. 12:16 Il souriait : « Voilà un chaos raffiné. Celui qui ne fait pas de bruit. Celui qui se vit comme un costume bien repassé. »


Livre Treizième : La Chute de Victor et la Naissance d’un Nouvel Homme


13:1 Le dernier fil retenant leur idylle céda comme une corde usée sous le poids des attentes. 13:2 Ce fut un soir, dans l’appartement sanctifié par leurs souvenirs, que la compagne de Victor déposa sa vérité : 13:3 « Il y a quelqu’un d’autre. »Non pas une brèche passagère, mais un autre monde. Une autre voie.

13:4 Le château de cartes de Victor implosa. 13:5 La jalousie, longtemps contenue, devint torrent et cratère, crachant insultes, mots tranchants, et fureur sourde. 13:6 Les coups pleuvèrent, non sur elle, mais sur les murs, les meubles, l’air saturé de perte. 13:7 Et elle, statue de dignité, ne broncha pas, absorbant sans trembler la chute d’un homme qui s’était cru invincible.

13:8 Dans ce silence après la tempête, Victor se retrouva nu, désarmé, et terriblement seul. 13:9 Il chercha refuge dans le travail, enfilant son vieux costume de logique et performance. 13:10 Mais le chaos l’avait suivi, fidèle et patient.

13:11 Les chiffres devenaient flous, les contrats s’échappaient, et sa rigueur se liquéfiait dans l’insomnie et le stress. 13:12 Son empire professionnel, autrefois inébranlable, vacillait. 13:13 Et avec lui, le récit tout entier de sa perfection construite.

13:14 Alors, pris dans le vertige de l’effondrement, Victor se tourna vers les réseaux. 13:15 Non par désir pur, mais par besoin de se sentir encore visible, désiré, vivant. 13:16 Il glissa dans des échanges creux, des sourires commerciaux, des plaisirs découpés en pixels.

13:17 Et là, au fond de cette errance numérique, il comprit : le Victor d’avant était mort. 13:18 Un nouveau Victor émergeait, plus cynique, plus las, plus vrai. 13:19 Connaissant désormais le goût de la perte, la morsure des illusions, et la solitude sous les projecteurs.

13:20 Saint-Bordel, du haut de Son trône en débris d’ego, s’inclina : 13:21 « Voilà. Une chute parfaite. Une reconstruction chaotique. L’Homme commence vraiment quand il cesse de prétendre. »


Livre Quatorzième : Les Chapelles du Désespoir et la Litanie des Substituts


14:1 Et Victor, né des cendres et recouvert de leur poussière, s’avança vers les sanctuaires nocturnes où l’on prie pour oublier. 14:2 Non plus en quête de lumière, mais en pèlerin de l’obscurité domestiquée, il chercha refuge dans les temples de comptoir.

14:3 Chaque bar fut église, chaque verre un calice amer. 14:4 Le pain quotidien devint alcool tiède, et le vin fut sans grâce ni miracle. 14:5 Ainsi commença sa litanie : une communion déglinguée, répétée sans croyance, mais avec fidélité.

14:6 Là, parmi les âmes flottantes, il croisa des visages sans lendemain. 14:7 Les corps s’effleuraient, les regards glissaient, les mots se dissolvaient avant d’exister. 14:8 Rien n’était destiné à durer, tout était programmé pour fuir.

14:9 Victor, ex-maître du Verbe cadré, devint conteur de néons. 14:10 Aux barmen silencieux, confesseurs des temps modernes, il livra ses fragments. 14:11 Non pour être absous, mais pour exister un instant dans une oreille non exigeante.

14:12 Le verre devint prière, la fumée offrande. 14:13 Chaque bouffée suspendait le doute. Chaque gorgée déposait la peur. 14:14 Le temps, ce tyran, se dissolvait dans l’éthanol.

14:15 Et le corps, jadis sculpté, se relâchait. 14:16 Les muscles cédèrent, les sens se flétrirent. Mais avec cette perte vint une étrange humanité.

14:17 Victor devint chair et chaos. Une forme moins lisse, mais plus sincère. 14:18 Une stèle vivante du Verbe inversé, une offrande complète à Saint-Bordel.

14:19 Et Celui-ci, du haut de Son autel de cendres et de gobelets vides, s’émerveilla : 14:20 « Voilà un rite accompli. Voilà un homme rendu vrai par sa propre dissolution. » 14:21 Car dans les verres renversés et les silences enfumés, Victor atteignait enfin la lucidité du chaos sacré.

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