En public, on sait se tenir. C'est la base.

La base d'une bonne éducation.

On ne pointe pas les gens du doigt, on dit "Bonjour", on sourit même si on n'est pas content, on est poli toussa toussa.

Enfin, lorsque personne ne nous regarde, nous redevenons nous-même. Le véritable nous. Celui qui se gratte les burnes devant son poste de télé tout le week-end, qui passe tout son temps à la salle, celle qui travaille toutes ses vacances car elle veut absolument le poste de l'autre collègue à qui elle affiche des sourires de façade bien travaillés.

N'ayons pas honte. Tout le monde fait ça.

Il y a le "Nous" social, et le "Nous" personnel. Les deux n'ont rien à voir. Et c'est normal: Nous vivons en société, et pour qu'une société n'explose pas au premier propos déconcertant, nous avons appris à laisser couler certaines choses en public. Même si péter quelque genoux ne ferait parfois pas de mal, mais nous sommes bien élevés donc nous nous y refusons.

Je suis tombé (pas par hasard) sur un article très intéressant du media en ligne "Les Jours" qui annonce avoir enquêté sur les ressortissants du Rassemblement National. Et si devant les micros et les caméras, comme nous tous, ils sortent leurs plus beaux sourires et leur plus belle rhétorique, le véritable "eux" s'affiche davantage... sur les réseaux sociaux. Ce qui n'est peut-être pas très pertinent en terme de discrétion et de confidentialité.

Qu'est-ce que le RN?

Le Rassemblement National est l'héritier de feu le "Front National" mené par Jean-Marie Le Pen. Personnage haut en couleur ayant à son actif un nombre incalculable de dérapages, il était d'ailleurs connu davantage pour ses phrases choc que pour son programme politique.

Pour les plus jeunes de nos lecteurs qui n'ont pas eu le *plaisir* de connaître le personnage, voici quelques-unes de ses interventions restées célèbres. Si vous en désirez plus, je vous recommande chaudement les archives de l'INA.

-"Je crois à l'inégalité des races. Oui, bien sûr. C'est évident! Toute l'histoire le démontre, elles n'ont pas la même capacité ni le même niveau d'évolution historique".

-"Le bobo se porte plutôt à gauche et il est poilu d'la gueule. C'est la mode musulmane ça."

-"J'vais t'faire courir moi l'rouquin va! Pédé! Ah ça m'r"appelle ma jeunesse! (tout sourire, nda)"

-"Je mets au défi quiconque de citer une phrase antisémite de ma vie!"

-"Il était juif? ça n'se voyait ni sur sa veste ni sur son nez."

-"Les lobbies juifs sont puissants dans les banques oui, comme les bretons sont puissant à la pêche et les corses aux taxes douanières!"

Fondé par d'anciens SS, le Front National trouvera une figure capable de le faire entrer en politique en Jean-marie Le Pen, ancien militaire de la guerre d'Algérie.

Mais alors qu'est-ce que le Rassemblement National?

Le Rassemblement National est l'héritier du Front National de Jean-Marie Le Pen. Mais avec une toute nouvelle génération et une stratégie très différente de cette époque. En son temps, monsieur Le Pen n'ambitionnait pas sérieusement le fait de devenir président de la République. Il l'a même avoué après son score célèbre en 2002 où il a affronté Jacques Chirac au second tour de l'élection présidentielle.

La stratégie d'alors était l'attaque. La provocation. Les sorties de routes. C'était médiatisé, ça faisait parler, et surtout ça rendait visible une vision du monde alors jugée comme honteuse: une vision raciste. JMLP a donné l'occasion à ses électrices et électeurs de voter comme ils le sentaient en leur for intérieur, mais personne n'annonçait alors fièrement "Oui, je vote Front National".

Le RN, lui, avance plus prudemment.

Marine Le Pen, fille et héritière de feu Jean-Marie Le Pen prend les rênes du parti en 2011. A partir de là, elle va amorcer une stratégie de "dédiabolisation", rompant alors complètement avec les manières de son père.

Le RN prendra soin de se construire une image de respectabilité, de s'ériger en col blancs et en défenseurs des français. Et ça marche! Les scores du parti augmentent, le nombre de députés à l'assemblée nationale explose, il faut croire que ce nouveau parti plaît davantage que le vieux FN criard et irrespectueux.

LE RN est-il si différent du FN?

Eh bien à première vue, c'est ce que l'on pourrait être tenté de croire! Ils ont pris leurs distances avec leur passé clairement raciste et suprémaciste. Participent à des manifestations antiracistes, voyagent en Israël, chose qui selon eux prouve qu'ils ne peuvent pas être antisémites. (C'est l'argument classique claqué au sol: "Je ne suis pas raciste, j'ai un ami noir!")

Mais est-ce bien vrai tout cela? Ou bien n'est-ce que de la poudre aux yeux électoraliste?

Comme nous l'avons dit en introduction, un parti, c'est comme les gens: il y a celui que l'on affiche en public, avec la ligne de conduite à tenir, et puis le vrai. Celui que l'on ne voit que lorsque lui croit qu'on ne le voit pas. Et pour trouver des membres du parti s'exprimer librement sans avoir de ligne de conduite à suivre, rien de mieux que les réseaux sociaux!

Ce qui suit est tiré de l'article paru dans Les Jours dont vous pourrez trouver l'intégralité ici.

Derrière l'image rangée du RN à l'assemblée Nationale et dans les médias, nous trouvons une toute autre facette de la personnalité de ses membres sur le groupe Facebook intitulé "La France avec Jordan Bardella".

Constitué de 11 500 membres (dont 9 députés), le groupe était jusqu'à peu sous l'autorité de la modération de notables du RN. Pour y accéder, il suffisait d'être un militant inscrit au parti. Le groupe a bien des règles claires, qu'il convient de vous montrer: « Il est formellement interdit de harceler les membres du groupe, de discriminer les opposants politiques et journalistes sur leur origine, couleur, religion, orientation sexuelle, apparence physique. Tout membre se donnant à de la discrimination sera sanctionné. »

Mesdames et messieurs, ne boudons pas notre plaisir, voilà sans plus attendre le genre de propos que l'on pouvait trouver dans ce groupe (aucun n'ayant été sanctionné, notez)

-"Virez tous ces sionistes qui vivent sur le cul des français!"

-"Attal, c'est comme anal: tout dans l'cul!"

-"Une salope le Attal"

-"Comment un homosexuel peut-il dire des propos indigne contre la plus sérieuse des femmes politiques françaises?"

-"Il nous manque un mec à petite moustache. Tout serait fini très vite. Désolé, j'ai oublié son prénom."

-"Déjà les sionistes, dehors! Vous n'avez pas à commander le peuple! Et toute la merde planétaire que vous avez fait rentrer pour hybrider la France, elle dégage avec vous!"

-"La France est dirigée par les juifs sionistes"

-"Tout le monde le sait que les SS du RN étaient des patriotes qui voulaient nous protéger contre les invasions US et russes"

L'entrisme du Rassemblement National

N'en déplaise à notre cher ministre de l'intérieur, il semblerait bien au vu de ces déclarations que s'il y a un véritable danger pour la République, ce ne sont pas les quelque pauvres mosquées vaguement intégristes, mais bien le premier parti politique de France qui avance face cachée jusqu'aux portes du pouvoir, et plus rien ne l'empêchera de tomber le masque lorsque celles-ci seront franchies.

J'en profite pour rendre hommage à toutes les victimes de la haine, car les discours insupportables de ces derniers temps se traduisent de plus en plus par des actes. Ils n'ont plus honte de s'attaquer à leurs voisins comme Hichem Miraoui.

`Ils n'ont plus honte de se faire passer pour des croyants et entrer dans une mosquée pour assassiner Aboubakar Cissé

Ils n'ont plus peur de rouler deux fois sur un père de famille sous les yeux de sa fille en'il l'insultant, comme pour Djamel Bendjaballah.

A qui le tour si nous ne faisons rien?

S'il y a des "barbares" dans ce pays, ce ne sont certainement pas ceux qui brûlent quelque voitures un soir de fête.

Ce sont définitivement ceux qui propagent leur volonté de faire de la haine un moteur pour passer à l'acte et assassiner des gens.

Briser des vitrines, c'est un délit.

Assassiner quelqu'un est un crime. Assassiner quelqu'un en raison de son origine est un crime odieux, atroce, dégueulasse. Ce n'est pas ça la France.

Alors quand on laisse au plus haut sommet de l'Etat se déverser des discours de haine, il ne faut pas s'étonner si certains se sentent pousser des ailes. Les responsables paieront. Ceux qui laissent les mêmes néonazis défiler masqués dans Paris paieront. La police qui n'intervient pas lorsqu'une milice privée grimée en videurs de boîte de nuit tabasse des passants paieront.

Vous paierez tous.

L'Histoire vous jugera.