Douceur de l’enfer
Douceur de l’enfer
Douceur de l’enfer
Sous le ciel rougi
de la rue des usines,
où le fourneau vomit
sa gluance sanguine.
Cheminées pétunant
des vapeurs aciérées,
sous un ciel épuisant,
à longueur de journée.
Et le son des lingots
venant au laminoir
comme s’en vont les veaux
vers un sombre abattoir.
Et l’homme se souvient
de son reflet mouvant,
sur le lent va-et-vient
des tôles s’étirant.
Mais le temps a terni,
ce qui brillait hier ;
un soleil refroidi
éclaire les poussières.
Tour de trempe oubliée,
sur l’océan de rouille,
grise voile affalée,
affligeante dépouille.
Les fours ne crachent plus,
somptueux endormis,
goliaths abattus
par la fronde du profit.
Et l’homme, dos voûté,
longe péniblement
les murs désaffectés
de l’aciérie d’antan.
Ce monstre terrifiant
qu’il a souvent maudit
mais qu’il pleure maintenant
comme on pleure un ami.
Contribuer
Tu peux soutenir les auteurs qui te tiennent à coeur

