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James - Pop sensuelle, chaotique, mélodique et colorée.

James - Pop sensuelle, chaotique, mélodique et colorée.

Publié le 5 juin 2021 Mis à jour le 5 juin 2021 Musique
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James - Pop sensuelle, chaotique, mélodique et colorée.

Tim Booth d'après une photo de Renaud Montfourny. Crayon à papier et gomme (1993)

 

Les James, c'est toute une histoire pour moi, qui dure jusqu'à maintenant, peut-être le groupe qui continue le plus à m'émouvoir, tout le long et le fil de leur discographie, ce à chaque délivrance d'album, jusqu’à celui d’aujourd’hui donc.

J'avoue un moment m'être arrêté de les suivre, après Whiplash (1997)...

Whiplash (1997)

Laissant un hiatus dans le temps jusqu'à Hey Ma (2008)...

 

Moment pour moi de leur grand retour et d'une redécouverte. James existait encore. C'était enfin le retour de Tim Booth avec ses compagnons, qu'il avait délaissés, parti pour réaliser d'autres aventures, abandonnant au bout de celles-ci, deux albums solos dont je retiens surtout le deuxième Love Life (2011).

James, c'est évidemment Tim Booth avec sa voix reconnaissable entre mille. Mais c'est aussi ses deux compagnons de route Jim Glennie (bassiste) et Larry Gott (guitariste) parti lui aussi depuis La Petite Mort (2014), dont les sons de guitare et de basse étaient reconnaissables eux aussi entre mille, créant toujours cette rythmique unique, et de ce fait le son du groupe.

Si original encore aujourd'hui. Même sans Larry, car le groupe conserve cette folie qui leur est propre, moins effilée peut-être moins tranchante mais tout aussi jouissive, inventive et créative... Avec toujours ces mélodies qui leur sont uniques et ces refrains imparables qui dans leurs chansons et dans chaque album surgissent sans crier gare.

La découverte pour moi du groupe se fit au moment de Strip Mine (1988), puis en retournant en arrière de Stutter (1986) en passant par leur Ep Village Fire - Five Offerings From James (1985) chez Factory, label légendaire s'il en fut... qui ne sut pas garder ces mancuniens énervés, si chaotiques dans la gestion de leur choix.

Strip Mine (1988

Stutter (1986)

Plusieurs rendez-vous ratés alors à cette période de leur histoire -du fait d'une maison de disques qui ne sut pas exploiter tout leur potentiel, puis des sommets qui culminèrent jusqu'à Mother Gold (1990).

Mother Gold (1990)

 

Juste avant, James perdit  ce batteur fou, trop imprévisible, Gavan Whelan, qui créait dans leur musique cet aspect unique si chaotique, fulgurant et démembré, ce par ces percussions explosives qui entrainaient leur musique dans une danse de Saint Guy autour de guirlandes tissées par Larry et Jim, avec, au centre, le derviche tourneur Tim qui, tel un hibou fou et déviant, hululait ses complaintes et ses ritournelles... Faisant alors dériver leur musique tel un navigateur fou vers une folk démembrée, continuellement agitée et secouée par des tremblements nerveux, proches de la crise épileptique. Tout cela se traduisant dans la voix unique de Tim qui s'agitait, élançant tous ces sons, ces cris, ces murmures, feutrés, sensuels et colériques. Elle s'insinuait alors, au détour de chaque album, en nous scandant ses vocables et ses mots comme s'il s'agissait d'un mantra, creusant en profondeur l'ossature d'un refrain, la structure même des morceaux afin de créer des complaintes uniques. Et le navire tanguait, avec à son bord, une rythmique de folie.

A cette période unique de leur histoire, leur navire gonflait ses voiles, les tendant à l'extrême, avec des morceaux, tels Johnny Yen, Why So Close, Really Hard, What For, Charlie Dance, qui selon les thuriféraires du groupes font partie du meilleur de leur discographie et qui se développèrent sur ces deux albums que sont Stutter et Strip Mine, culminant, en ce premier chef d'œuvre qu'est pour moi Strip Mine, mine à ciel ouvert qui laissait de ses entrailles surgir les pépites, toutes aussi incroyables les unes que les autres. Chansons que l'on retrouvera dans ce témoignage live magnifique One Man Clapping (1989).

Après c'est l'aventure « baggy », les maxi Come Home et Sit Down en 1989 qui firent monter une mayonnaise unique et subtile, tout cela jusqu'à Mother Gold (1990), fantastique album qui créa l'osmose parfaite, ce avec sept musiciens at the Top of The World.

De Come Home en passant par God Only Knows (dénonçant les preachers américains mais avec subtilité), atteignant leur Crescendo nous faisant voyager parmi Walking The Ghost et nous faisant suer avec plaisir avec le jouissif Gold Mother, tout concourt dans cet album à en faire un chef d'œuvre totalement maitrisé de bout en bout.

Malheureusement, le calcul mercantile que fit leur maison de disque en saccageant sa structure, y ajoutant entre autres Sit Down (excellent titre au demeurant, mais qui se suffisait, en lui-même, dans le maxi auparavant paru) osant rejeter d’autres titres qui le structuraient idéalement, laissa au public, qui ne le découvrirent pas à l'origine, un album bancal.

Puis vint Seven (1992) , qui fut décrié par les officines du bon goût et qui s'acheva, pour ces mêmes critiques, par un certain désamour, la cause du scandale étant, notamment, cette chanson, Sound, tant décriée et perçue comme trop héroïque; bilan bien injuste, quand on y pense, tant les chansons présentes en cet album, étaient bien au-dessus de la mêlée de leurs confrères mancuniens, et qu'elle célébraient tout l'hédonisme éperdu que le groupe savait mettre alors si bien en avant.

Seven (1992)

 

L'apothéose, pour beaucoup, ce fut le retour à la source originelle, qui explosa dans ces eaux agitées et, dans le même temps, si paisible et sereine, mais qui conservait, en ses abysses bleutées, toute la profondeur et la beauté de ces multiples chansons, sensuelles, lumineuses, pleines à ras-bord d'une lumière et d'une transparence, à peine voilée, ajourée par la voix subtile de Tim qui déployaient tous leurs charmes avec ses feux chaleureux, et s'en venaient surprendre nos oreilles ébahies, distillant alors, tout le long des sillons noirs de l'album, un parfum entêtant, subtil et mystérieux, dégagé par tous ces effluves, que chacune d'entre elles parsemaient. 

Et pareille à la marguerite dont ils firent leur emblème, s'entrouvraient tous les pistils, fragiles mais subtils, de chansons qui élançaient dans les airs, à tous les vents, leur pollen doré et luminescent... tout cela magnifiquement traduit par l'immense chanson-titre emblématique de James : Laid (1993), que des chœurs énamourés placèrent au panthéon de leur discographie.

Laid (1993)

Album qui émergea et fut procréé, grâce aux expérimentations sonores, si incroyables, dont Wah Wah (1994) ce double diabolique de Laid, témoigna, nous faisant découvrir ce qui s'agitait derrière le rideau rouge et qui contenait, en ce puzzle déroulé tout le long, toute l'agitation d'un groupe à son apothéose créative.

Là, dans cet album, James faisait exploser ses pinceaux dans tous les sens, créant des coulures chamarrées qui nous révélaient leur dessous -processus habituel de création propre à ces musiciens qui, en studio, ne cesse d'explorer tout ce magmas sonore qui fuse de leurs doigts tout en s'écoulant hors de la gorge de Tim en un sirop doux-amer.

Wah Wah (1994)

Si Laid atteint ce sommet c'est grâce à l'arrivée du sorcier, Brian Eno, qui fut alors leur producteur –je dirais même leur accoucheur- et qui sut prendre et saisir le groupe, à cette étape de la route accidentée que James avait empruntée jusque là, dans toute son extraordinaire palette, si complexe, et qui leur offrit le son, l'écrin et le berceau dans lequel leur bébé pouvait enfin être accueilli, possédant le don de faire taire tous les vagissements inharmonieux surgis après sa naissance et de permettre à ceux-ci de se développer amplement, en  dégageant tout aussi bien les scories que  tout le chaos qu'il continuait à enfermer en son sein.

Toute une aventure donc, jusqu'à ce final et seizième album, All The Colours Of you (2021). Et cet album en regorge de couleurs. Des couleurs plates, douces, qui sinuent et s'emmêlent pour former des coloris nuancés.

All The Colours Of you (2021)

Toute une palette se fait jour.

D’autres teintes aveuglantes et fluorescentes qui pourraient vous tacher et s’épancher trop près de vos oreilles pour finalement gâter vos tympans, mais, même à la limite d’une pop brillant de tous ses feux, le juste équilibre est trouvé.

James demeure sur ce fil en parfait équilibriste. Tout le long de leurs albums, ils jouent avec nos nerfs, le fil est tendu avec assurance, parfois il se relâche, faseye, risquant de créer la chute, mais, ensuite, celui-ci, dans le même temps du morceau, se retend avec assurance, et Tim, l’acrobate funambule prolonge avec sa voix l’espace qui saura accueillir chaque sonorité et mélodies afin qu’elles s’engouffrent chaleureusement en nos oreilles.

Cet album forme la quintessence de toute leur discographie, Sur l'ensemble de la galette noire, leur musique étale de toutes parts ses teintes et ses coloris, chatoyants, lumineux et aveuglants, créant ici des transparences, et là de la profondeur, des perspectives et des horizons sur la toile bariolée.

Toutes les couleurs pour vous.

Le nuancier que cet album met à jour est digne, fort, toujours unique, profond. Il reste au bord d'une pop, toute British, dont James continue à être pour moi l'un de ceux capable encore de faire étinceler ses genres et dont il serait le porte étendard le plus digne.

Pop brillante, avec une production qui sait ici aussi mettre James en valeur dans sa complexité une fois encore mais aussi dans la beauté de ses mélodies, dans ces refrains qui demeurent leur marque : explosif, tonnant et étonnant, qui s'enserreront en notre cerveau, et que nous continuerons à siffler bien après avoir entendu le dernier morceau de l'album.

Les orientations musicales et expérimentales qui sont les leurs dans All The Colors of You créent une diversité et une fraicheur, entrainant James en ces chemins qui ne ressemblent pas à des ornières. Il y a là toute l'intelligence de musiciens aguerris mais toujours aussi passionnés qui forment un gang, un gant dirais-je, autour de la voix si magnifique de Tim Booth.

Cette voix qui murmure, qui susurre, répète, secoue, vous émeut, dans cet accent mancunien si particulier, et qui, dans la gorge de Tim, crée une substance originale et gouteuse, partant de l'aigu le plus élevé, atteignant, se prolongeant d'une vague l'autre, des sommets incroyables ou, en s'exténuant, s'éteignant peu à peu, s'en va rejoindre le calme, vous murmurant tous les mots doux et durs possibles.

James demeure poignant et émouvant, créant une tension réflexive dans l'écoute, ce par des textes, politiques et sensibles, mais dans le sens des « humanités », le discours ici entamé est à notre hauteur, il est là pour vous émouvoir, vous entrainer à la réflexion, ce dans la danse et le plaisir, que cette musique rythmée vous permet d'atteindre.

Car il y a plusieurs niveaux chez James.

Et leur musique, dans cette unicité qu'elle crée permet aux textes de Tim, que sa voix scande, d'être retenus, entendus et saisis, ce dans les ramifications les plus complexes de leur sonorité, où les sons vocaux protéiformes s'emmêlent pour débonder de toutes parts.

Voilà : deux écoutes de All The Colours of You me suffisent pour que je dise que cet album représente bel et bien la quintessence de leur musique. Originalité, complexité, beauté et plaisir, un bel ensemble emmêlé qui pour l'auditeur qui se laissera faire, comblera ses oreilles à satiété. 

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