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Challenge écriture - La peur du clown

Challenge écriture - La peur du clown

Publié le 1 mai 2025 Mis à jour le 1 mai 2025 Humour
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Challenge écriture - La peur du clown



Dans un accoutrement grotesque avec des couleurs vives, j'ai l'impression de ressembler à un polichinelle.

— Avance allez, me crie Suzie avec son téléphone dans les mains.

A sa gauche, d'autres de mes amis sont là à pouffer dans leurs barbes.

— Et remets tout de suite ton nez rouge, sinon je te colle un pain dans la figure, ajoute Max.

— Ca va, inutile d'utiliser la violence, je ronchonne en positionnant le petit accessoire sur mon nez.

— Attention, je filme... c'est parti ! s'enchante Suzie avec un air très concentré.

Je soupire et entre dans le supermarché, en me demandant si je suis aussi ridicule que j'en ai l'impression.

— Le rayon enfant est sur la droite, précise Max qui vérifie chacun de mes faits et gestes.

— C'est bon, j'y vais. Je ne vais pas courir dans le magasin non plus.

En avançant, je me maudis d'avoir perdu la dernière partie de tarot. Surtout que je suis doué. Un as. D'ailleurs, si je n'avais pas été certain de gagner, jamais je n'aurais proposé que le perdant ai un gage. Mais mon adversaire a triché. J'en mets ma main à couper...

Arrivé au début du rayon des jouets, je pivote légèrement et Suzie continue de filmer d'une main et lève un pouce de l'autre.

— Tu peux le faire, m'encourage Max en souriant jusqu'aux oreilles.

Un pas. Un deuxième. Deux petites filles sont devant les poupées à délibérer sur laquelle est la plus jolie.

J'ai déjà une goutte de sueur qui commence à me dégouliner dans le dos. Elle descend entre mes omoplates à mesure que je m'approche.

— Bon. Bon. Bonjour, je bégaie en les regardant.

Les fillettes se tournent vers moi et me regardent étrangement.

— Je suis un clown, dis-je avec une soudaine assurance.

— Un clown moche, précise la petite blonde à lunettes.

Presque vexé, je me racle la gorge. Dans mon dos, j'entends le groupe d'imbéciles qui me suis éclater de rire.

— Faut pas dire qu'il est moche. Il faut dire qu'il est pas beau.

Les deux copines me pointent du doigt, chacune insistant sur ce qui me rendait le plus moche.

— Le nez. Il est pas rouge, il est orange. C'est moche le orange.

— Faut pas dire que c'est moche le orange, faut dire que ce n'est pas joli, insiste la brune en robe. Ce n'est pas son nez qui est le moins joli, c'est son chapeau. Et la fleur dessus, elle n'est pas jolie non plus.

— Vous avez pas bientôt fini ! je leur crie en serrant les poings.

Les deux gamines me scrutent, puis la blonde tire l'autre part la manche pour sortir du rayon.

— J'ai horreur des enfants, je marmonne en croisant les bras.

Une dame arrive dans mon dos avec son petit garçon et un landau où dort un bébé.

— Vas-yyyy, insiste Suzie sans rien manquer à la scène.

Je souffle longuement et fais mine de m'intéresser à ce que regarde le gamin.

— Qu'est-ce tu regardes ?

Son vocabulaire me ferait presque sourire, si je n'étais pas terrifié par ce qu'il est.

— Et toi ? Qu'est-ce tu regardes ?

— Excusez-moi, intervient la mère en mettant un bras sur son fils. Vous cherchez quelque chose ?

« Oui ma petite dame, je cherche à gagner ce foutu pari, pour qu'on en parle plus. Pour ça je dois rester cinq minutes entières dans le rayon des jouets et parler à chaque enfant que je croise. Tout ça pour m'obliger à affronter ma pédophobie... »

— Je vous parle, insiste la mère. Laissez mon fils tranquille. Viens mon chéri.

Je soupire encore et me tourne vers mes amis.

— Encore deux minutes et vingt-sept secondes, s'amuse Max qui s'occupe du chronomètre.

— Mais il n'y a personne dans le rayon, j'y peux rien.

— Plus que deux minutes.

— Heeey le clown moche !

Je tourne la tête et vois la petite blonde à lunettes, avec un balai plus grand qu'elle à l'envers dans les mains.

— Je vais te taper, dit-elle en s'approchant dangereusement de moi.

— Hein ? Mais t'es pas bien toi !

La seconde d'après, elle commence à bouger le manche pour me toucher avec.

— Mais arrête ! Ca se fait pas de taper les gens comme ça.

— Maman elle dit toujours, dans la vie faut pas se laisser faire. Faut se défendre. Même que moi je fais de la boxe. Tu veux voir ?

— Non, je te crois, dis-je en reculant.

— Je peux faire une démonstration.

Elle lâche le balai et tend un bras en avant en serrant bien son poing.

— Et comme ça, et pam et boum et pan.

J'ai les yeux exorbités. En même temps, mon cœur bat vite et fort. Je respire bruyamment, la bouche ouverte. La voix de Max dit quelque chose, mais je n'entends pas quoi. Cette fillette qui doit bien avoir cinq ou six ans me fait trembler. Sous le costume ça ne se voit pas. Sous ma perruque en revanche, je sens nettement que je transpire. D'ailleurs des gouttes coulent dans ma nuque.

— Merci pour la démonstration. Je crois que je vais y aller maintenant.

— Attends, je t'ai pas montré mais je fais du judo aussi. Je vais te faire une prise. Un, deux, trois...

Paralysé sur place, je n'arrive pas à échapper aux mains et au croche pied que me fait la fillette. La chute se produit très vite. Pourtant mes amis derrière, croient la voir au ralenti. Je n'ai rien senti. Juste deux petites mains qui m'ont attrapé les cuisses et mon corps qui bascule. J'entends un boum qui résonne, puis c'est le trou noir.


Plus tard


— Regarde, il ouvre les yeux ! Hey mon pote, tu m'entends ?

La voix de Max me paraît loin, très loin.

— Hmm... je marmonne en refermant les paupières.

— Toto, tu es réveillé ça y est ! Tu te sens bien ? interroge Suzie.

— Je vais chercher l'infirmière, décide Max en sortant de la pièce.

— Oh mon Toto, tu n'as vraiment pas eu de chance. Cette gamine doit déjà être ceinture noire.

— Que...qui ? Ohhh, je gémis en ayant l'impression qu'une chappe de plomb m'est tombée sur la tête.

— Merveilleux, dit l'infirmière dès qu'elle arrive et me voit. Comment allez-vous Thomas ? Vous avez mal quelque part ?

— A la tête, dis-je en peinant à garder les yeux ouverts.

— Je vais vous chercher des antalgiques. Le médecin va venir vous voir.

— On a prévenue tes parents, ils ne devraient plus tarder, m'apprend Max.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? j'articule lentement.

— Tu ne te souviens pas ? Purée c'était pourtant impressionnant, enchaine son ami.

— Tu sais la gamine, elle t'a fait une prise digne d'un grand maitre. Et puis toi, tu ne t'es même pas défendu, tu es resté là. Et puis elle t'a fait tomber. Et alors là... raconte Suzie.

— Ca a fait un boum, je suis sûr que tout le supermarché t'as entendu.

— Ta tête elle a failli exploser sur le carrelage, y avait du sang partout, poursuit Suzie dans son élan. Mais le pire c'est quand ta tête en tombant a touché la palette de jouets au début du rayon. A deux centimètres près tu te prenais toutes les peluches, mais t'as pas eu de chance. C'est toute la pile de camion de pompier que tu t'es pris...

— En plus ils étaient gros et solides, pas du made in china. C'était visiblement de la qualité.

— Hmm, je réplique étourdit par toutes ces paroles.

— Mais rassure-toi, aucun jouet n'a été abimé, le carrelage n'a pas été cassé et la fillette va très bien. Quoique, sa mère la sermonnée. Mais elle était visiblement fière de sa prise et de t'avoir mis à terre, sans avoir conscience de la gravité de son geste, conclu Max.

Toujours désorienté, je lève une main et tâte mon crâne.

— Ils t'ont mis une bande. Tu as trente-sept points de suture, m'informe Suzie. Et tu as aussi une commotion cérébrale. Ils ont dit que tu devrais rester ici quarante-huit heures. Tu as perdu conscience quand même. Ca aurait pu être super grave Toto !

— Arrête de dramatiser, tu vas lui faire peur, la reprend Max. T'inquiète mon gars, ils ont dit que t'aurais certainement aucune séquelle.

— J'y pense, je continuais de filmer quand la petite judoka s'est prise pour Bruce Lee. Tu veux voir ?

Suzie a déjà son portable dans les mains, pour me montrer la vidéo.

— Ca ira, je réponds en repoussant l'écran d'une main.

— En tout cas, tu m'as fait prendre conscience qu'il y avait de quoi craindre les enfants. Je t'assure, avant j'imaginais que c'étaient des petits êtres inoffensifs. Mais là. Waw ! Ca m'a ouvert les yeux.

— N'en rajoute pas, dit doucement Max à Suzie.

— Franchement, je ne vais plus être aussi sereine maintenant quand je serais avec ma petite sœur. Et crois-moi, je vais lui dire de ne jamais toucher au balai. Même si finalement, tout devient une arme entre les mains d'un enfant. Ca fait vraiment peur.

Max lève les yeux au ciel, en répétant à Suzie qu'elle n'est pas obligée d'insister autant. Mais je ne l'écoute déjà plus, je suis fatigué et ma tête cogne beaucoup trop pour que je continue d'être attentif à ce qu'elle dit. Puis de toute façon, j'ai toujours su que rien n'était plus dangereux qu'un enfant. Aujourd'hui j'avais juste démontré à tous mes amis que ma peur n'avait rien d'irrationnelle.


Couverture créée sur Canva


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