

Michel Bertoux (deuxième partie; 2/3)
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Michel Bertoux (deuxième partie; 2/3)
Michel Bertoux se risque vers le bâtiment, regarde le panneau d'affichage, puis ouvre la porte et entre dans le hall qui mène aux salles et aux vestiaires. Une porte claque. Des joueurs, des joueuses vêtue de leur maillot de club, raquette en main se précipitent vers la salle de sport.
Michel Bertoux reste figé, regarde les visages lancés à travers le couloir comme des éclairs de lumière. Puis le tumulte s'éteint. Il reste coi quelques instants. L'a-t-il aperçue passer en coup de vent ?
Il lit les affiches, déchiffre les listes, prend une photo avec son mobile et entre s'asseoir avec les spectateurs.
À l'aube de son premier emploi, son premier amour. Elle s'appelait Isabelle Sanfourche. Ils s'étaient installés en location dans une petite maison des années trente. « Cette femme, c'est la chance de ta vie » avait osé lui lancer son père.
Qui aurait imaginé voir ce couple amoureux voler en sanglots ?
Michel Bertoux partit sur un coup de tête, un coup de foudre avec une femme assassine aux charmes évidents dont elle usait fort bien. Il laissa ses regrets aux larmes d'Isabelle. Lui, fou, sous le joug d'une flambée sensuelle, s'enfuit au cou de la belle Annabelle. Six mois auront suffi pour qu'il ne reste que quelques braises. Annabelle alluma ailleurs de nouvelles flammèches ne laissant au foyer que les cendres de son jeu consumé.
S'ensuivit une page blanche sur l'album, une période noire de honte et d'alcool. Michel Bertoux fréquenta un bistrot de quartier, un asile de paumés asphyxiés par leur vie misérable. Il commença à fumer, embarqua jusque dans sa piaule l'odeur âcre du tabac froid. Au bureau, il se métamorphosait en costume cravate dans son registre de comptable. Il arrivait avec un spray dans la bouche et un autre sur sa chemise amidonnée.
Le sentiment de mépris à l' égard de sa propre personne devint le gouverneur impétueux de son esprit asservi. Parfois une éruption de révolte survenait après quelques bières et il simulait un acharnement violent sur Annabelle, frappant les cloisons de ses poings, claquant les pieds de la chaise sur le sol ; puis se prenait le visage à deux mains, cherchait le miroir de la salle de bain pour lui montrer l'horreur de ce qui le rongeait ; s'insultait. Qui aurait-il voulu effacer de son passé?

