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MARIE Jo'

MARIE Jo'

Publié le 14 juin 2022 Mis à jour le 14 juin 2022 Culture
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MARIE Jo'

 

 

 

« ..Il est 6h30. Le rappel du journal avec Maryse Pagès ! Bonjour Maryse !

« Bonjour Francis, …C’est le choc ! L’équipe de France de football ne participera pas au prochain mondial. Le 11 tricolore s’est fait éliminer hier soir à Madrid aux derniers éliminatoires à l’issu d’un match pénible et décevant. Les réactions à chaud de notre envoyé spécial Bernard Riou ! « Eeeeh bien oui Maryse, c’est effectivement le choc ici en Espagne après le match d’hier soir où les Français n’ont pas su … CHTOCCC !!

 

Marie Jo écrase d’un geste brutal le gros bouton du radio réveil. D’un œil mi-clos, elle lorgne sur l’afficheur qui lui confirme dans un brouillard verdâtre que sa nuit est belle et bien terminée. Machinalement, comme chaque matin, elle tente de se libérer de ses rêves, parfois tenaces, afin de se livrer à un bref état de ce que sera sa journée.

Marie Jo ne trouve rien d’exaltant à ce qui pourrait l’inciter à se jeter d’un seul coup dans ses chaussons. Elle énumère mécaniquement; Réveiller Anthony, préparer le petit déjeuner, donner à manger au cochon d’inde, s’habiller, réussir à démarrer la voiture, prendre la route, aller travailler, revenir fatiguée, faire quelques courses et rentrer faire la cuisine avant de sermonner Anthony pour qu’il n’aille traîner avec ses copains. Encore une journée semblable aux autres.

Elle reste quelques instants, immobile, dans la chaleur douillette de son lit, le regard fixé au plafond qu’elle devine. Elle est bien. Tout va se compliquer en sortant du lit.

  • Eh ! Maman, où t’as foutu la confiot ?

Anthony, affublé de son vieux jogging blanc lui faisant office de pyjama, tourne dans la cuisine exiguë comme un tigre en cage.

  • Je ne sais pas ! Regarde dans le frigo lui répond sa mère tout en essayant de remonter la fermeture éclair de son vieil anorak

Tous les matins, c’est le même cirque. Anthony n’en fini pas de se lever en se traînant de sa chambre aux toilettes qu’il occupe vingt bonnes minutes avant d’investir la cuisine.

C’est un solide gaillard pour 15 ans ; 1M80, pas loin de 75kg, il en impose à Marie Jo qu’il dépasse de deux bonnes têtes.

  • Dépêche-toi donc ! Tu vas encore être en retard au collège et je n’ai pas envie de retourner voir le directeur tous les quinze jours ! lui lance sa mère avec une voix qui manque cruellement d’autorité.
  • Ouais, ouais, c’est bon !

Les deux coudes posés sur la petite table de formica, Anthony trempe ses lèvres dans le café au lait brûlant qu’il aspire par bruyantes saccades. La porte claque. Marie jo dévale en râlant les trois étages par l’obscur escalier. L’ascenseur est encore en panne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les champs de la Beauce défilent devant les yeux engourdis de Marie Jo, bercée par la complainte du moteur de la vieille106 Peugeot. Elle pourrait faire la route les yeux fermés. Dix ans de trajet quotidien. Malgré les 38 kilomètres de départementales difficiles, car peu sures et mal entretenues, Marie Jo aime ce moment de solitude. C’est un peu son moment à elle. Son instant de méditation de pleine conscience, un sas bienvenu entre la médiocrité de sa banlieue et le monde extérieur, entre ce cocon bruyant mais rassurant et la vie active où tout un chacun joue son rôle au quotidien et ne pense qu’à une seule chose, rentrer chez soi.

 Elle écoute avec un certain plaisir un CD de variété française ; Une compilation de la strar’ Académie dernier cru qu’elle a d’ailleurs suivi sans faillir tout au long de la saison. Les artistes étrangers ne lui plaisent guère. A part peut être Tina Arena qu’elle trouve jolie mais qui chante surtout en Français.

Elle approche des faubourgs de la banlieue Orléanaise où se trouve son lieu de travail. Files de voitures, bouchons, ralentissements, feux multiples et coups de klaxons, c’est tous les jours la même chose, véritable malaise des grandes villes, la très pénible circulation urbaine la conforte dans le fait d’habiter dans un petit village à la campagne. Elle rêverait d’une petite maison avec jardin car elle adore les plantes, mais ses maigres moyens financiers ne lui permettent pas. Elle occupe à défaut, un inconfortable deux pièces dans un bâtiment HLM des années 70.

 

Elle passe le portail du site ORIANE et se gare à l’emplacement prévu pour les entrées extérieures. Il est 7h40 et donc en retard puisque son chef d’équipe distribue les tâches à 7h30 précises tous les matins. Son badge récupéré au poste de garde, elle reprend la direction du petit local technique situé au rez de chaussée du bâtiment administratif.

 Marie Jo est « Technicienne de surface », c’est écrit noir sur blanc sur sa feuille de paie. L’entreprise de nettoyage qui l’emploie lui octroie un SMIC relevé de temps à autre d’une modeste prime de fin d’année. Pas de quoi faire des folies ou bien se payer des vacances au soleil. Marie Jo vie modestement et compte euro après euro.

 

  • T’as vu l’heure ?! Hurle Denis, le chef d’équipe, en tapotant frénétiquement le cadran de sa montre.
  • Ouais, ouais, je fais ce que je peux ! Crie pas comme ça ! J’y peux rien si ça bouchonne tous les matins ! grogne-t-elle tout en enfilant rapidement sa blouse de travail.

Le Denis n’est pas un tendre. Il a la lourde tâche de gérer quatre femmes de ménage pour l’ensemble des bâtiments du site. Lui, le manche à balai, ce n’est plus trop son truc. Après dix années passées à exécuter les ordres de ses supérieurs, il a bénéficié de la promotion de sa vie, Chef d’équipe. A présent, il préfère hurler sur ses filles, il trouve ça moins fatiguant et plus valorisant.

Marie Jo a pris possession de son chariot. Bac à eau, raclette, balais, serpillière et tout l’attirail de produits d’entretien nécessaire composent son compagnon de travail.

 

Aujourd’hui, Denis lui a programmé les toilettes et les bureaux du bâtiment F ; Celui qu’elle déteste le plus. Le F, c’est la logistique et les quais de chargement. Peu de femmes y travaillent et l’ambiance y est typiquement masculine. Après une dernière remontrance de son chef pour port d’une blouse avec une poche déchirée, elle sort difficilement du local technique le dos courbé, les bras tendus sur la barre de son chariot.

Une demi-heure de labeur plus tard, elle vient de s’acquitter des toilettes du rez de chaussée. Elle est fatiguée mais soulagée. Elle a soif. Elle se penche pour boire quelques gorgées d’eau fraîche au goût insipide au robinet d’un des lavabos. En se redressant, elle reste un instant saisi par l’image que lui renvoie le miroir. Elle se regarde, face à face avec sa réalité. Marie Jo n’est pas ce que l’on peut appeler une belle femme. Elle le sait, mais elle n’a jamais vraiment cherché à ressembler à toutes ces femmes maquillées et parfumées qu’elle croise dans les couloirs. Elle se sent bien loin de ces « canons » de beauté et de la mode. A vrai dire, elle n’a que peu de temps pour s’occuper d’elle. Anthony est sa priorité. Il lui donne assez de fil à retordre pour s’inquiéter du regard des autres et de sa propre image. Quant à sa vie affective, elle a tiré un trait dessus depuis que le père d’Anthony se soit évanoui dans la nature au bout de 8 ans de vie commune. Marie-Jo en a énormément souffert et à eut bien du mal à se remettre de cette situation. Les hommes ne l’attirent plus. Elle n’y songe même pas. Ses 44 ans lui ont marqué le visage sans lui faire de cadeaux. Des rides d’expression assez profondes lui barrent les joues, ses yeux d’un brun profond sont soulignés par des « poches « disgracieuses apparus bien trop tôt. Elle soupire et essuie du revers de la main des perles de sueurs venues se perdre sur ses tempes.

  • Bonjour !!

La porte s’est ouverte en silence et Marie Jo n’a pas vu entrer Marlène, une employée qu’elle apprécie pour sa gentillesse.

  • Alors ? Comment ça va ce matin Marie ? Demande-t-elle sur un ton enjoué.
  • Ohh bah ! Comme d’habitude ! Rien de bien nouveau. Et vous Marlène, ça a l’air d’aller ?
  • Oh oui, ça va bien ce matin. Il fait beau et ce soir je suis en congés !
  • Vous en avez de la chance Marlène. Vous partez ?
  • Oui ! En Croatie ! Huit jours !

Marie Jo écoute avec envie le descriptif de la semaine de voyage organisé exposé avec moult gestes par Marlène.

Elle qui n’est jamais allé à l’étranger hormis à la frontière espagnole, à Hendaye, lorsqu’elle avait 12 ans, rêve de destinations lointaines. Ses modestes moyens lui interdisent de rêver trop. Ses voyages à elle se résument aux seules vacances s’il en est, passées chez sa mère dans le Perche ; Une dizaine de jours par ans. Rien de bien exotique.

Elle laisse son engin de malheur sous l’escalier qui mène au premier.

Denis, dans ses consignes matinales, lui a ordonné de faire toutes les poubelles ; rez de chaussez et étage avant midi. Armée d’un sac de 50 litres, elle commence son travail par le bureau du chef de quai. Quatre hommes sont occupés à discuter bruyamment du match de foot de la veille. Le débat est si tendu qu’ils ne prêtent guère attention à son arrivée.

  • Tu te rends compte ! Hurle Fanfan, le chef du service, « Ce salaud d’arbitre n"a même pas sifflé de péno alors qu’Henry s’est fait étaler dans la surface ! C’est scandaleux ! »

La discussion va bon train à grand renfort de coups de poings sur le bureau. La défaite des Français a vraisemblablement blessé le chauvinisme caractérisé de Fanfan, grand amateur de football.

Elle passe ensuite au bureau qu’occupe seul M. Lambert, un cadre, toujours correct et poli mais qui jouit d’une réputation sulfureuse.

  • Bonjour Marie Jo, vous allez bien ce matin ?
  • Oui, merci, ça va comme ça peut. A part que les Français ont perdu !
  • Ah ? Vous vous intéressez au foot ? Vous avez suivi le match ?
  • Non ! Pour sur que non ! J’ai bien d’autres choses à faire, mais vos collègues d’à côté, ils n’ont pas l’air bien content.
  • Ah ça oui ! Fanfan, est furieux, mais ça lui passera ne vous inquiétez pas !

M Lambert souriait à Marie Jo qui lui sourit à son tour. Elle sortit du bureau non sans suspecter une trace de rouge à lèvre sur le col de chemise du cadre. Pour un bel homme, c’est un bel homme. Marie Jo se fichait bien de sa réputation. M Lambert était un homme sympathique et courtois et rien que pour cela, elle n’en aurait dit du mal.

 

Les bureaux suivants sont presque déserts. Nous sommes vendredi et l’effet RTT des fins de mois se fait sentir dans l’occupation des postes de travail.

Elle pousse une des portes à hublot qui donne sur l’entrepôt où se trouvent les quais de chargements.

Un grand bureau vitré occupe le coin gauche de la salle. Elle entre en tirant son sac qui commence à être lourd et volumineux sans que personne ne vienne l’aider pour tenir la porte.

  • Ahhhh ! Voilà notre Claudia Chiffon, beugle un dénommé Pépère, une grande gueule à deux mois de la retraite. « Tu viens nous polir le derrière à l’Ajax beauté ? »

Eclats de rire général dans le bureau.

  • C’est ça, c’est ça, rigolez un bon coup, en tout cas, c’est pas le travail qui vous étouffe ici !répond t-elle du tac au tac.

Etonné par cette réponse inattendue, les trois collègues présents dans le bureau n’en rajoutent pas. Marie Jo connaît trop bien ces lascars toujours à l’affût d’une bonne grivoiserie et prêts à rire pour un rien. Parmi les trois hommes présents, elle remarque un jeune homme qu’elle ne connaît pas. Jean usé et délavé, cheveux hirsutes, Vans aux pieds et air désabusé, il ressemble à n’importe quel ado et lui fait penser immédiatement à son fils.

  • Tu bois un canon avec nous ? Claironne de nouveau Pépère levant une bouteille de blanc à l’intention de Marie Jo. Il est aux alentours de 10h et c’est l’heure du casse croûte. Pâté, saucisson et fromages sont en libre-service sur un bureau.
  • Non ! Sans façon, j’ai du boulot moi et je ne bois pas avec des types de votre genre lâche-t-elle en vidant une des poubelles.

Pépère hausse les épaules en se reversant un bon verre de vin. La discussion repart sur le match de foot de la veille. Christian, dit Cricri, le troisième larron demande au petit jeune son sentiment sur la deuxième mi-temps. Celui-ci mâchouille son sandwich avec une certaine lenteur et répond qu’il n’a pas regardé la télé hier soir. Pépère en avale de travers.

  • Quoi ? Que ce que tu foutais de plus intéressant hier soir pour ne pas regarder le match ?
  • Rien de spécial, j’étais en train de réviser pour mes exams !
  • Pffff ! T’entend ça cricri ? Monnnsieur révisait ! A ces stagiaires ! c’est de mieux en mieux ! C’est avec ça qu’on va faire une belle France de technocrate !

Marie Jo rigole en coin. Elle lance un dernier coup d’œil au bureau pour apprécier l’état de propreté avant de sortir sans intervenir sur une discutions relancé par Pépère sur l’avenir de l’Europe et de tous ces « bons à rien qui ne savent plus ce qu’est le véritable sens du travail »

Elle est prête à repousser la grande porte à hublot lorsqu’elle entend soudainement un brouhaha venant du bureau. Elle tourne la tête et aperçoit Pépère et cricri occupés à faire de grands gestes autour du jeune stagiaire. Marie Jo sent qu’il se passe quelque chose d’anormal.

Sans plus réfléchir, elle abandonne son sac et se précipite vers le bureau.

 

 

 

Anthony, sac à dos à l’épaule et les deux mains dans les poches du jogging apostrophe bruyamment Farzad, un camarade de la cité avec lequel il rentre du collège.

  • Eh Farze ! Matte la caisse devant le bloc !

Farzad, bien plus à l’aise dans le gonflage des moteurs de scooter de la cité qu’en math ou français reste sans voix devant la magnifique berline de luxe grise métallisée de marque allemande garée sur le parking. La présence d’une voiture de cette catégorie n’étant pas très habituelle en ce lieu, un petit attroupement de jeunes s’est déjà formé.

  • ‘Tain ! T’as vu ces jantes reprit Anthony ! C’est au moins du 17 pouces !
  • T’es naze toi, c’est du 19 pouces ça quoi ! Répond avec indignation Farzad.

Des gamins, une main devant les yeux en guise de pare soleil tentaient de reluquer l’intérieur à travers les vitres teintées.

La question que tout ce petit monde se posait, c’était bien qui pouvait être venu ici avec cet engin.

Les deux ados se séparèrent devant le bâtiment d’Anthony après avoir égrené toute une liste de dealers connus comme hypothétique propriétaire avant de rester sec sur ces suppositions.

 

Trois étages plus hauts, Anthony sortit de l’ascenseur enfin réparé et se dirigea vers la porte de l’appartement non sans être alerté par une voix qu’il ne connaissait pas filtrant de la porte d’entrée.

Il mit son oreille contre la porte avec précaution mais n’arriva pas à saisir le fil de la conversation. La voix était grave, celle d’un homme sans aucun doute. La voix de sa mère, plus aiguë mais plus douce était à peine audible.

Le bruit sec de l’ascenseur s’arrêtant à l’étage fit sursauter Anthony qui se résolu à pénétrer dans l’appartement.

Il claqua la porte derrière lui. Silence. En traînant les pieds sur la moquette, comme à son habitude il surgit dans le salon et s’arrêta net. Devant lui, autour de la table, se tenait sa mère. Elle avait les joues rouges et les mains crispées sur un verre de jus d’orange. Sur le coté de la table, un homme d’une cinquantaine d’année, cheveux courts grisonnants, vêtu d’un complet-cravate gris impeccable se tenait assis. Près de lui, un jeune homme au tain pâle, les cheveux en bataille semblait prostré sur une chaise, ses deux mains jointes entre les genoux. Un énorme bouquet de fleurs multicolores était posé sur la table. Anthony n’y connaissait rien en fleur mais il aurait juré qu’il y avait des roses.

L’homme se leva et Marie Jo bondit de sa chaise en disant :

  • Je vous présente mon fils Anthony monsieur Debray.
  • ‘Msieur ! arriva à marmonner Anthony en serrant la main de l’homme au complet gris.
  • Enchanté jeune homme, très heureux de faire ta connaissance répondit- il en fixant Anthony dans les yeux. Celui-ci observait le jeune qui n’avait pas bougé de sa chaise.

« Chéri, dit Marie Jo, je te présente M Debray et son fil Marc. Euh…balbutia elle, M Debray est le directeur de l’entreprise ORIANE, là où je travaille, tu sais ? Et…enfin…ce matin…y a Marc qui…comment te dire… »

  • Je vais tout t’expliquer déclara calmement l’homme qui était resté debout. « Il n’y a rien de grave, rassure-toi, mais tu peux être fière de ta maman ! »

Anthony écouta avec attention le récit de l’incident. La pose casse croûte, le sandwich et ce morceau de pain qui se coincé au fond de la gorge de Marc. La panique de ses collègues qui essaient de lui taper dans le dos sans succès, Marc qui s’écroule. Il explique alors l’intervention de Marie Jo alertée par les cris des employés, son sang froid devant la situation, sa détermination, la façon dont elle a demandé de relever Marc et l’action salutaire qui a permit au morceau de pain qui obstruait son larynx d’être expulsé grâce à l’application très précise de ses mains sous le diaphragme (Marie Jo avait utilisé la méthode de EIMLICH )

  • Ta mère a sauvé la vie de Marc ! articula l’homme avec une certaine émotion non dissimulée.

Anthony reste sans voix. Il observe sa mère comme jamais il ne l’avait observé auparavant. Leurs regards ne se quittent pas et Marie Jo devine un léger sourire au coin des lèvres de son fils.

  • Ben ça alors ! Se contente t il de dire en s’appuyant sur le chambranle de porte. Il comprend alors tout ; La présence des fleurs, la limousine au bas de l’immeuble, et cet adolescent qui, toujours prostré sur sa chaise et qui n’a pas lâché un mot.

M Debray se dirige vers son fils, Il pose une main sur son épaule et lui dit :

          « Allez, on y va mon garçon, nous allons laisser Madame Chabert se remettre de cette journée »

  • Je ne sais toujours pas comment nous pourrions vous remercier chère madame. Je vous contacterai prochainement pour que vous veniez à la maison et je vous présenterai à mon épouse. Marc aura sans doute repris ses esprits d’ici là ajouta-t-il en observant son fils qui était toujours aussi blanc qu’un linge.
  • Madame Chabert ? reprit d’un ton interrogateur le directeur d’entreprise en fixant Marie Jo qui s’était levée, « comment avez-vous apprise cette technique de secouriste, celle que vous avez appliqué à mon fils ? »
  • Ah, bah, c’est Anthony qui me l’a apprise en fait. Répondit-elle presque gênée en dévisageant son ado qui écarquilla de grands yeux, surprit de cette réponse. Elle continua « Il a appris ça au collège dans un cours de secourisme. C’est une méthode que j’avais répété avec lui par ce qu’il avait une évaluation sur les gestes de premiers secours. Sans ça, j’aurai été bien incapable de savoir ce qu’il fallait faire. Ce sont les gars du bureau qu’y m’ont dit tout de suite « il s’étrangle ! il a avalé de travers ! » Alors, à ce moment-là, je me suis souvenu de cette technique.

« J’ai fait ce que j’ai cru bon de faire « finit –elle par dire.

  • C’est remarquable ! C’est un véritable concours de circonstance. Et se tournant vers Anthony M Debray déclara « Mon garçon, toi et ta maman, vous formez une sacrée équipe ! c’est très touchant »

 Marie Jo était très impressionnée par cet homme élégant et puissant (M Devray avait été directeur de plusieurs grands groupes Pharmaceutiques de France.) Il s’était présenté en fin d’après-midi chez elle. Il était revenu très rapidement de Paris où il participait à un meeting important pour retrouver son fils qui avait malgré tout été admis aux urgences pour observation. Il avait tenu immédiatement à rencontrer la personne qui avait sauvé la vie de son fils.

 

 

Accoudés à la fenêtre, Anthony et sa mère regardent les deux hommes monter dans leur véhicule après un dernier petit signe de la main.

La voiture recule précautionneusement pour ne pas écraser les quelques mômes qui se sont rassemblés autour. Roulant au pas, elle disparaît au détour d’un bloc à l’entrée de la citée.

Marie Jo ferme la fenêtre sans un mot. Un trop plein d’émotion l’envahie. Quelques larmes se forment aux coins des yeux. La pression de la journée retombant, elle s’écroule dans son vieux fauteuil.

Anthony tire une chaise de la cuisine et s’assoie près d’elle. Il lui prend la main, chose qu’il ne fait jamais et la pose sur la sienne.

  • Cool maman ! T’es un vrai héros maintenant ! Tu vas voir que tout le monde va parler de toi au boulot maintenant.
  • Ohh, bah j’espère bien que non, j’ai pas besoin de ça !
  • Moi, en tout cas, je vais raconter çà à mes potes ! y vont pas le croire ! Carrément !

Eh !? pour fêter ça, on irait pas se manger un truc chez Mac Do ?

  • Ah non ! s’écria Marie-jo en se redressant « les sandwichs ça suffit pour aujourd’hui » !

 

 

                                                                                           FIN

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