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Les villes de papier (2020) Dominique Fortier

Les villes de papier (2020) Dominique Fortier

Publié le 17 oct. 2020 Mis à jour le 17 oct. 2020 Culture
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Les villes de papier (2020) Dominique Fortier

Une fleur parmi les fleurs 

Sous-titré Une vie d’Emily Dickinson, Les villes de papier est un essai écrit par la romancière canadienne Dominique Fortier. L’autrice, née à Québec au début des années 1970, a contribué à faire paraître des textes inédits de la romancière Gabrielle Roy, distinguée par le Prix Femina en 1947. Elle écrit plusieurs romans et s’attelle à la traduction de nombreuses œuvres avant de s’intéresser au parcours de la poétesse américaine. Il faut dire qu’Emily Dickinson est un personnage singulier, qui a de quoi fasciner. Née en 1830, elle va connaître la Guerre de Sécession et vivra la plus grande partie de son existence dans une petite ville du Massachusetts. Ce que de nombreux biographes pointent souvent du doigt, c’est son isolement et son allure. Elle va petit à petit diminuer ses interactions sociales, ne recevant plus ses invités à partir d’un moment que séparés d’elle par une cloison, et vivra recluse dans sa chambre à la fin de sa vie. Quant à ses vêtements blancs, ils contribueront à bâtir sa légende, qui se construit de son vivant puisque ses voisins la surnommaient déjà « La reine recluse » ou même « Le mythe ».

Lorsque naît Emily Dickinson, le village d’Amherst, dans le Massachusetts, compte 2 631 habitants. Proche de Chicago, qui sera bientôt construite, c’est le berceau de la famille depuis plusieurs générations. Très tôt, elle aime la compagnie des animaux et se promener dans la nature, mais aussi rester enfermée dans sa chambre, où elle développe un imaginaire chatoyant. Poussée par son père, elle commence un herbier, qui va devenir une de ses plus grandes passions. Elle passe son quotidien avec son frère Austin et sa sœur Lavinia, qu’elle aide dans les tâches quotidiennes, même si elle ne parvient pas vraiment à exceller dans le domaine des arts ménagers. Grandissant avec des parents sévères mais justes, elle se passionne très vite par la littérature, lisant régulièrement toute sorte d’ouvrage, de science ou de botanique, des romans ou des recueils de poésie, mais aussi la Bible, où elle découvre des cités réelles ou bien imaginaires qui la font voyager. 

Avec Les villes de papier, Dominique Fortier s’exerce à un exercice périlleux, celui de mêler certains de ses souvenirs avec des épisodes de la vie d’Emily Dickinson. Si ceux-ci sont le cœur même du roman, la juxtaposition de ces deux temporalités est assez intrigante. L’autrice se permet ainsi de révéler les coulisses de son art, expliquant combien il a été longtemps difficile pour elle d’aller visiter les lieux dans lesquelles la poétesse a vécu. On peut d’ailleurs largement le comprendre, car non seulement ceux-ci sont aujourd’hui muséifiés, mais surtout cela participe de la cristallisation d’un imaginaire, ce qui fait complètement écho à ce qu’elle nous raconte du processus d’écriture d’Emily Dickinson. Celle-ci préférait largement ses espaces mentaux, qui sans doute lui permettaient de magnifier son environnement, elle qui a vécu la plupart du temps dans des espaces clos. C’est ainsi avec beaucoup de délicatesse que la romancière aborde son sujet, préférant les métaphores aux faits stricto sensu.

Ainsi dans les dernières pages des Villes de papier, Dominique Fortier révèle que les anecdotes de la vie d’Emily Dickinson qu’elle relate sont parfois tirées de biographies de la poétesse et parfois inventées. Elle utilise le mythe qui s’est construit autour de ce personnage hors norme pour en livrer une sorte de portrait en creux. Cela ne l’empêche pas de construire son essai chronologiquement, nous brossant les étapes cruciales de son existence, entre sa famille, ses années de collégienne puis son existence peu à peu retirée du Monde, habitant avec sa sœur Lavinia, toutes deux ne s’étant jamais mariées. Mais elle raconte cette histoire au travers de brefs chapitres empreints de lyrisme, qui laissent transparaître bien plus que la vie quotidienne de son héroïne. Elle se permet de s’inspirer du style de celle qui lui inspire ces pages, et n’hésite pas à peupler son récit de tout ce qui entoure les protagonistes, que ce soient les fleurs ou les animaux, les éléments matériels et immatériels de leur environnement.

Car Les villes de papier ressemble avant tout aux poèmes d’Emily Dickinson. Ceux-ci sont principalement inspirés par la nature, par cette faune et cette flore qu’elle aimait si particulièrement. Dominique Fortier n’hésite d’ailleurs pas à nous en livrer quelques extraits pour étayer son propos, tentant même, exercice compliqué dont elle a pleinement conscience, à les traduire pour que le lecteur non anglophone parvienne peu ou prou à en percevoir leur essence. On sent ainsi émerger l’immense respect et la haute estime envers laquelle elle tient la poétesse, prenant un soin tout particulier à nous faire entrer dans son état d’esprit. Cet être qui préférait souvent les personnages de papier, qui existent dans les livres, d’où le titre de son essai, avait certes cet aspect éthéré que l’on peut imaginer, mais pouvait développer de grandes passions, souvent intérieures. Ce monde qu’elle se construisait dans son âme vibre au travers de l’écriture délicate de l’autrice canadienne, et on se plaît à y déambuler.

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