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Le vrai scandale, c’est de devoir encore l’expliquer

Le vrai scandale, c’est de devoir encore l’expliquer

Publié le 31 mai 2025 Mis à jour le 31 mai 2025 Biographie
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Le vrai scandale, c’est de devoir encore l’expliquer

Faut qu’on parle, parce que j’en ai gros sur le cœur.

Ça tourne et retourne dans ma tête, comme un sale refrain, un relent de gueule de bois qui tambourine en dedans, jusqu’à la nausée.


Je vous raconte les faits.


Mercredi matin. Encore ensablée par une nuit trop courte, je parcours mes réseaux sociaux.

Et je tombe sur un aphorisme qui assène, l’air de rien : "Le violeur, à sa manière, un amoureux des femmes."

Le choc. L’insulte. L’indécence.


Élever l’agresseur au rang d’amoureux ?

Piétiner les victimes sous un jeu de mots misérable ?

Banaliser la violence pour quelques vues ?

Et bien sûr, la vieille rengaine de ceux qui croient que l’on peut rire de tout, sans jamais regarder les visages de ceux que l’on piétine.


Alors j’ai réagi. J’ai tenté d'expliquer. Il n’a pas daigné répondre. Silence. Mépris.


Puis d’autres posts putaclics, comme si de rien n'était.


Et là, finalement, l’auteur retire son texte, non sans ajouter que celui-ci "a fait 2720 vues" mais qu'il n'y a eu que 3 commentaires de lecteurs "choqués"—comme si la quantité des vues était en soi une preuve de pertinence, comme si l’attention suscitée pouvait excuser l’irresponsabilité.


Mais il faut le dire haut et fort : un message qui choque, qui révolte, qui indigne, n’est pas un message puissant.


C’est juste du bruit.


Du vacarme vide, incapable de produire autre chose qu’un malaise collectif et un écœurement général.

Et à ce moment-là, comme une mécanique bien huilée, surgissent les défenseurs de l’indéfendable.


Ceux qui, plutôt que de reconnaître l’insulte faite aux victimes, viennent pleurnicher sur la liberté d’expression prétendument bafouée, traiter les critiques d’"esprits étroits", et s’alarmer de cette prétendue censure, alors même que personne ne l’avait forcé à retirer son texte—juste à assumer l’impact de ses mots.


Ou pire encore : donner du crédit à son trait d’humour, comme si l’enrobage pseudo-littéraire pouvait masquer la complaisance crasse.


Comme si le rire pouvait tout excuser, même ce qui blesse, même ce qui légitime l’indicible.


Leur grand argument ? "On ne peut plus rien dire." Mais qu’est-ce qui dérange, au fond ?

Que l’on exige une réflexion avant de lâcher des mots irresponsables ?

Que l’on refuse d’accepter qu’une souffrance soit moquée sous couvert de provocation ?


La liberté d’expression n’est pas une carte blanche pour glorifier les violences. Les mots ont un poids.


Ce poids peut détruire, renforcer des discours toxiques, entretenir l’impunité.


Il est facile de défendre l’irresponsabilité sous prétexte que l' "on peut tout dire".


Mais la vraie liberté, c’est celle de parler sans blesser, sans légitimer l’inacceptable.

Alors oui, ce texte a été supprimé. Mais pas par la censure. Par la décence.


Et si dénoncer une banalisation du viol est faire preuve d’étroitesse d’esprit, alors peut-être faudrait-il s’interroger sur ce qui est réellement étriqué : la conscience ou la complaisance.


Je leur souhaite à tous de ne jamais ressentir, ni dans leurs corps, ni dans leurs esprits, ni dans l’inconscient transgénérationnel, l’onde de choc qu’une agression sexuelle peut provoquer. Parce qu’aucun mot, aucune justification, aucune figure de style ne pourra jamais atténuer cette réalité.


Xoxo.

Juliette

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Commentaire (1)

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Eirene verif

Eirene Paz Wilson il y a 1 jour

J'imagine que l'auteur de ce texte là était un homme. J'ai vu récemment le film "Le dernier duel" qui transmet, de ma perspective d'une manière très réaliste, comment les hommes et les femmes ne vivent pas les choses de la même manière. Et à quel point cela est catastrophique pour nous: les femmes. D'autant plus que l'épigénétique a été démontrée scientifiquement, que le viol a été très (trop!) commun depuis la nuit des temps, et que nous portons tous et toutes ces blessures en nous. Alors je suis complètement d'accord avec vous: ce n'est pas une censure, mais le rappel à la raison et à la guérison...

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