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A la poursuite des éléphants

A la poursuite des éléphants

Published May 28, 2020 Updated May 28, 2020 Travel
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A la poursuite des éléphants

La volta Noire (Mouhoun)

Pour voir de gros mammifères, en Afrique, il n’y a pas de mystère, il faut qu’il y ait de l’eau. Et c’est cela le  problème. De plus en plus les mares permanentes s’assèchent et fatalement, les gros animaux disparaissent. Pour combattre ce fléau, les parcs d’Afrique de l’Est et du Sud, créent des mares artificielles et des aménagements à grands renforts financiers. Comme ces infrastructures coûtent très chères, les propriétaires financent soit avec des safaris chasse, soit avec des safaris photos. D’où un afflux de touristos ou de chasseurs massacreurs qui sont pressés de voir rapidement l’éléphant, le lion ou le rhino qu’on leur a promis sur le dépliant touristique 'tendance' leur vantant un voyage inoubliable dont ils pourront voir les photos sur Instragram et qu’ils ont acheté la peau du...du quoi exactement?
Moyennant quelques dollars, ils pourront avoir une photo inoubliable avec Madame sur le dos du gentil Babar, l’éléphant ménopausé et légèrement sénile tenu en laisse par Djambo le véritable guide Masaï, intermittent du spectable mensualisé. S’ils ont la chance, ils verront, non sans une certaine admiration mêlée de respect, Mr Eléphant, en train de faire un câlin torride à Mme Eléphante, qui au bout de 30 secondes d’étreinte mettra un coup de trompe rageur derrière les oreilles du goujat égoïste et trop pressé.
De retour au Nord, au pays de la grisaille, notre safariste (pas salafiste) mettra sur un forum de photo élitiste, destiné aux aventuriers, la photo parfaite du placide pachyderme lobotomisé bien cadré avec la règle des 2/3, avec aucune herbe ou branche parasite venant masquer même ne serait ce que la bout de la queue, avec l’éclairage de fin de journée et la balance des blancs qui va bien, ect...ect. Bref la photo techniquement parfaite qui est censé faire rêver. Celle digne de David Hamilton en train de filmer Billitis. J’ai bien dit filmer...parce que le père David, il faisait le ‘garçon’ avec ses modèles...Paraîtrait il!

Pour ceux qui ne connaitraient pas Bilitis: Bon, faut pas rêver non plus, en voyant l'affiche du film, on devait bien se douter que ça n'allait pas être un grand film d'aventure avec des paysages grandioses et de la bagarre. De même la zikmu, ce n'est pas Led Zep.

Remarquez, si on regarde le bon côté des choses, on ne risque pas la plainte pour harcèlement sexuel avec les éléphants, même avec la femelle dominante.
D’un autre côté, David ne risquait pas de se faire piétiner par son modèle en furie... La vie est un éternel dilemme.

Ben, non M’sieur-Dames, la photo animalière c’est pas de la photo de studio ou de zoo, encore moins la photo des plats de viande que l’on vous a servi dans un pays exotique. (Surprenant? Non pas vraiment. Lorsque certains touristes exotico-gastronomes en ont marre de faire des selfies, ils photographient ce qu’ils sont en train de bouffer. C’est à la mode. Il y a d’ailleurs une émission de télé-réalité où le journaliste ne voyage seulement que pour se régaler de cafards, larves, insectes douteux et autres cochonneries sous l’œil amusé des autochtones qui n’ont jamais vu un crétin pareil à qui on peut tout faire avaler. Faire 10.000 km en avion pour bouffer des araignées, des méduses ou des scorpions, n’est ni sympa pour la couche d’ozone ni pour l’empreinte carbone de la petite Grétouille et je me prends à douter de la santé psychique de notre grand voyageur. A sa décharge, ça change des émissions 'Koh Lanta' et  'Les Marseillais' qui sont du domaine animalier, qui devraient passer sur National Geographic Wild et qui nous rappellent cruellement que nous aussi, humains, sommes des animaux.)
La différence entre ma vision des choses et le ‘package safari’, est que tu pars à pied avec ton ami qui connaît le territoire et les éléphants comme sa poche. Tu ne sais même pas si tu vas voir ne serait ce qu’un margouillat, et parfois tu rentres ‘brocouille’. En ce qui concerne cet article, les photos n'ont pas toutes étaient faites en une fois mais ont nécessité une dizaine de sorties.

Au départ, tu cherches la piste la plus fraîche en suivant les traces de pas et les bouses qui semblent être celle du dernier repas, tu te fis aussi à l’odeur, parce qu’un éléphant, non seulement ça trompe mais ça chlingue aussi énormément.

Celles-ci sont bien fraiches : Le troupeau n'est pas loin
 
L’odeur ressemble plus à ‘brise d’étable’ qu’à ‘Senteur des petites fleurs des Champs Elysées’ de Michou Tapettovitchtein. (Champs Elysées ça veut rien dire mais c’est plus vendeur pour les Chinois)
Ici, pas non plus de walkie talkie avec des rangers partout pour te dire qu’à 10°30’10’’ Nord et 4°24’10’’ Est,  il y a un troupeau en train de faire collation. Faut chercher, c'est tout.

Là, ils se sont couchés.


Au bout de plusieurs heures, alors que tu tournes en rond à te faire griffer par des ronces qui ressemblent à des hameçons, à t’emmêler les pinceaux dans les lianes à tel point que tu ne sais même plus où tu es, ton guide et ami s’arrête.
«Là»: Chuchote-t-il!
Effectivement, dans la direction qu’il est en train d’indiquer, tu arrives à voir une masse grise en mouvement à travers les arbres de la forêt. On en est qu’au début. A ce propos, j'invite les jeunes coquettes à éviter les basquettes fluos et le short sexy pour se balader dans la brousse. Il y a toujours une bestiole ou une ronce pour vous piquer ou vous griffer. Ca vous met des furoncles qui vont émmerveiller votre médecin de famille. Pour ceux qui dormait en cours de Français, je vous conseille de lire ou de relire les 'Neiges du Kilimandjaro' d'Hemingway. C'est le sujet de la première histoire.

Maintenant, il va falloir s’approcher doucement, sans les faire partir et surtout sans que la femelle dominante, toujours aux aguets ne nous repère. Dans le cas contraire, soit les éléphants dégagent et il va encore falloir les suivre alors qu’ils sont devenus méfiants, soit, plus embêtant ils chargent, ce ne sont généralement que de l’intimidation...mais, sait on jamais. ‘Nul ne connaît la grossesse qui fera l’albinos’.
Un éléphant peut se réveiller de mauvaise humeur ou l’odeur de l’homme, pour une raison ou pour une autre lui semble insupportable. On ne le sait pas à l’avance. Comme d’autres animaux sauvages (Félins, grands singes, hippos...), il peut avoir envie de passer ses nerfs sur le premier bipède venu qui est en train de le regarder. A ce moment, on a le choix entre le piétinement (le plus souvent fatal pour le piétiné) ou le lancer d’humain avec la trompe qui peut engager fortement le pronostique vital du projectile. De toutes façons, dites vous bien que dans la nature, vous n'êtes pas les bienvenus. Ce qui, je pense, n'étonnera personne vu ce qu'on lui fait subir.
Après une charge, tu sens bien que tu n’es pas forcément apprécié au banquet des éléphants et que ce n’est pas le moment d’en remettre une couche, t’es somme toute un peu penaud et tu n’as plus qu’à rentrer à la maison ou plutôt à la case.
Un éléphant voit mal mais il sent et entend bien. En plus, je l’ai appris dernièrement, il ressent les vibrations du sol. Pour le bruit et l’odeur, il suffit de se mettre en vent contraire mais pour les vibrations, il faut être très très délicat. Ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine...bref, respecter la nature...et elle te le rendra au centuple.

Là, Môman elle est pas contente du tout, il est l'heure de partir.

 

Surpris dans son bain par des voyeurs, il est carrément fâché.

 

Traversée de la Volta en famille.

 

Quand je suis à l’affût depuis plusieurs minutes pour photographier l’Oiseau, le Rare, celui que je n’ai encore jamais vu et qu’une famille de blaireaux arrivent avec leur bagnole, descendent en claquant les portières et que le gamin en transe crie : «Heul Môman, eugarde le zoli zoiseau qui s’envole», j’ai envie de mettre des baffes. Heureusement, si cette aventure m’est arrivée une fois au Sénégal, c’est très rare que je rencontre de tels individus vu les milieux dans lesquels j’opère.
Du coup, tu vas pouvoir t’approcher à une trentaine de mètres, en évitant tout mouvement brusque et en t’aplatissant ou en te cachant derrière les broussailles et observer les pachydermes dans leur vie de tous les jours. C’est vraiment passionnant de voir le petit qui joue avec sa grande sœur couchée, les autres qui prennent leur petit déjeuner et la femelle dominante qui secoue ses grandes oreilles, balance sa trompe et la pose par terre car quelque chose lui dit que le troupeau est observé.

 

Ah! les enfants, tous les mêmes.

En famille avec le petit dernier. Là, il ne faut pas approcher.

L'oiseau et l'éléphant.

Et la trompe, ah! La trompe de l’éléphant. Organe magique qui sert à tout. Elle permet à son propriétaire de respirer, de barrir, de boire, de sentir les odeurs et les vibrations, de se gratter ou de mettre des coups, qui sont moins violents que le piétinement de la victime et même de projeter un individu à plusieurs mètres. C’est aussi un organe préhensile pour arracher les herbes ou les arbrisseaux dont ils se nourrissent, qu’ils soient à terre ou en hauteur. Elle a aussi un rôle social entre individus.

Houps, c'est pas facile

 

"Salut mon pote."

 

"Dis bonjour au Monsieur". Boromo 2018
 
Je peux regarder ces animaux des heures, je ne m’en lasse pas.
Avec un peu de chance, durant ta recherche, tu pourras voir un chacal ou un guib harnaché. Malheureusement, ils sont très furtifs et difficiles à prendre en photo.

Guib Harnaché (Koubri - 2018)

Un conseil : Si vous souhaitez voir des éléphants dans la région de Boromo, évitez les jeunes désœuvrés buveurs de tchapalo et de bière qui s'improvisent guides. N’ayant aucune connaissance de ces animaux, non seulement, ils les dérangeront mais ils vous feront prendre des risque inutiles. On est pas en Thaïlande ou à Disneyland. La nature ça se respecte!

On peut aussi voir dans ce secteur de nombreux oiseaux comme ce faucon par exemple

 

Il y a même un petit coin "sacrifice" en cas de besoin. Le Kaïcédra est sacré et les coutumes tenaces.

 

Si vous voulez danser toute la nuit, vous vous êtes fourvoyé.

 

 

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Crédits photographiques Jean-Marc Sire

Jean-Marc Sire
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