

Le monde fut théâtre de géants...
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Le monde fut théâtre de géants...
Nous venons d’une marche improbable.
Nos ancêtres furent des rêveurs de rivages.
Et nous ? Franchirons-nous la frontière des eaux ?
Oserons-nous le vertige de la pesanteur —
l’appel du ciel, l’enracinement ?
Lorsque nous marchons, nous foulons leur terre :
et notre pas prolonge celui des premiers audacieux,
ceux qui, jadis, quittèrent la mer pour écrire un autre chapitre du Vivant.
Le monde fut théâtre de géants.
Nos racines plongent dans la mémoire de ces corps immenses,
de ces formes colossales, de ces formes démesurées —
qui tentèrent, déjà, de dire : Je suis.
La taille n’est pas mesure de la grandeur.
Le poids n’est pas condition de la durée.
Souvent, ce qui pèse le plus lourd finit par s’effondrer —
et ce qui paraît minuscule recèle, parfois, la clé de la durée.
Notre monde avance, non par la force brute,
mais par l’ingéniosité du fragile.
Cette virtuosité, la vie la connaît :
quand l’écrasement advient,
il faut se faire silence pour renaître autrement.
Et le Poète, les mains pleines de poussière d’étoiles et de cendres,
murmure :
Tout peut s’effacer d’un seul battement d’ailes cosmique :
la beauté, la force, la grandeur — l’homme même.
Mais le Vivant est ce feu discret qui insiste,
ce souffle têtu qui persévère :
cet entêtement à être.
Et lorsque le monde s’effondre, lorsque tout semble sombrer —
le vivant se terre.
Il veille.
Il attend.
Il se fera herbe après la cendre,
oiseau après la nuit,
chant après le silence.

