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Lettre à l’agnostique que je suis

Lettre à l’agnostique que je suis

Published Jul 6, 2025 Updated Jul 6, 2025 Poetry and Songs
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Lettre à l’agnostique que je suis

Ô toi, ego quoque, mon semblable intérieur,

toi qui marches à pas feutrés au bord du visible,

toi qui doutes sans renier, qui espères sans serment...


Je t’écris depuis ce lieu sans carte ni boussole,

où l’ombre et la lumière pactisent en silence.

De la mère à la mort, il est une heure pour chacun, toujours,

où l’on suspend ses armes et ses dogmes,

où l’on consent, dans le secret du cœur, à une renaissance lente,

un retournement discret — metanoïa qui palpite sous l’os.

Un instant où l’on interroge non pour posséder, mais pour habiter,

où l’on renaît, goutte à goutte,

soif sans rive, parole suspendue entre deux infinis.


J’écris pour toi, veilleur fatigué d’attendre,

pour te rappeler que l’absence est prière,

que le doute, s’il est humble, devient offrande.

Je t’écris non pour t’enseigner, mais pour t’accompagner,

car il n’est de chemin vers l’Invisible

que celui que trace chaque nuit

l’âme qui marche sans certitude,

mais avec le feu discret de l’espérance.

Voici ma main tendue dans l’obscur,

non pour saisir, mais pour étreindre l’inconnaissable.

Et si tu vacilles, sache : c’est dans la brèche du doute

que filtrent parfois les premières clartés du jour.


À toi qui marches sans oracle,

ô toi, mon frère intérieur,

veilleur aux aguets dans les chambres du cœur…


Je t’écris depuis cet entre-deux où le doute et l’assurance pactisent à voix basse.

Toi qui n’attends ni prodige ni sentence,

toi qui marches sans oracle la nuit,

je te salue pour ta fidélité.

Il faut du courage, plus encore que la foi,

pour veiller sans lumière garantie,

pour tendre la main sans être sûr de la rencontre d’un souffle certain.


Et toi qui veilles, même à l’heure des écrans qui capturent les visages,

même à l’heure des réseaux sans racines,

souviens-toi : ton silence vaut mieux qu’un million de signes dispersés.

Quand tant clament leur moi pour qu’un algorithme les bénisse,

choisis la lenteur, l’écoute, la brèche du dedans.

Même seul, tu n’es pas seul : là où l’on respire vrai,

un peuple se dresse — sans drapeau, sans badge, sans mot de passe.


Je t’écris comme on offre une lampe sans promesse d’aurore,

car même allumer une flamme dans l’obscur a valeur de foi,

même si l’ombre dévore encore la majeure part du monde.

Ne rougis pas de ton doute, ô veilleur.

Il ne te diminue pas : il t’élève.

Mieux vaut douter que croire par règle morte.

Mieux vaut la blessure lumineuse du questionnement

que l’anesthésie des certitudes sans âme.

Ton doute est un chant discret, mais obstiné,

la vibration même de la conscience.

Une brèche où l’air circule encore,

une faille où germe l’immense et le libre.


Je t’écris pour te dire : garde ton doute vivant,

fais-en une veilleuse, non une tombe.

Il est une foi sans drapeau ni uniforme,

une foi sans serment, fidèle au battement du vivant.

Foi dépouillée, sans dogmes ni trônes,

mais un peu d’espace dans l’âme pour respirer.

C’est cette Foi que tu portes en toi sans le savoir :

fidélité sans preuve à ce qui dépasse,

soif sans étiquette du mystère.

Croire sans voir, espérer sans calcul —

voilà le chemin que tu poursuis.


Et souviens-toi, veilleur : au-dehors, la terre brûle.

Le mystère n’est pas là-haut seulement — il halète dans la forêt qui s’éteint,

chancelle dans la glace qui fond sous nos pas trop lourds.

Croire, c’est protéger ce qui nous survit.

Ta foi nue veille sur l’arbre, sur la source, sur l’enfant.

Que ton doute, s’il est pur, se fasse gardien —

et que ta soif devienne promesse pour ce monde trop las de conquêtes.


Je t’écris pour t’enraciner dans cette foi nue,

plus forte que bien des credo criés aux foules.

Au plus secret de toi, un appel sans mots,

une soif qu’aucun nom ne comblera, pas même Dieu.

Cette soif n’est pas vide : elle signe le vivant en toi.

Seul ce qui est appelé éprouve le manque,

seul ce qui est aimé souffre l’absence.

Point besoin de concepts pour boire à la source.

Reconnais cette soif comme un pays natal,

une braise qui n’éteint pas l’espérance.


Et toi, dans tes jours hagards,

prends le risque de l’arrêt : redeviens seuil.

Ose l’instant nu, sans annonce ni audience :

l’inaccompli te parle mieux qu’un flot de réponses.


Je t’écris pour que tu honores ce souffle,

sans l’enfermer sous des syllabes mortes.

Ne cherche pas à tout résoudre, veilleur.

Il est un sanctuaire dans l’inaccompli,

un temple plus vaste que toutes les cathédrales de pierre.

Celui qui marche sans voir accomplit plus

que celui qui croit comprendre.

Habite l’attente comme un jardin en hiver :

sans fruits encore, mais riche de promesses.

Ne méprise jamais ta propre veille — elle est déjà prière.


Enfin, ô frère intérieur,

marche sans étoile au front.

Pose tes pas non sur des certitudes,

mais sur le tremblement de ton cœur.

Il est plus juste d’aimer l’Invisible dans son retrait

que de s’emparer de lumières fausses.

Tu n’auras peut-être ni réponse ni vision,

mais la force souple de ceux qui, sans preuve,

demeurent fidèles à l’infini.


Je t’écris, en ce soir de veille et de vent,

pour te dire ceci, simple et grave :

même si nul ne répond, nul ne te voit,

ta marche est bénédiction.

Et ton doute, s’il porte espérance, est déjà renaissance !

Et l’ombre d’une lumière plus vaste que tout savoir.


Lorsque ton souffle sera pierre,

que ta marche nue laisse un sillon plus tendre que la peur.

Ta foi sans forme n’éclaire pas le monde d’un phare,

mais d’un éclat d’aube au creux du dedans.

Il ne faut pas tout comprendre :

habite ce peu de braise,

ce battement faible, mais têtu —

cœur sous la cendre.

Le reste — c’est le vent.


Ton frère intérieur,

celui qui doute en veille,

et veille en renaissant.


#BoDLettre

& #Écriture #Prose poétique #BodRenaissance #ConcoursBoD

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